Vendredi  1
octobre
Le point hebdo de l'investisseur
intro Les places financières ont subi de lourds dégagements cette semaine, malmenées par la montée de l'inflation et la poussée des prix des matières premières et de l'énergie, laissant craindre un réajustement des politiques monétaires des banquiers centraux. Les valeurs financières et celles liées à l'énergie se sont globalement bien comportées, tandis que les technologiques ont logiquement payé un lourd tribut.
Indices

Sur la semaine écoulée, le rouge domine.

Seul le Hang Seng regagne 1,6% alors que pour le reste de l'Asie, le Nikkei décroche de 4,9%, après avoir engrangé 4,8% en septembre (plus de 9% au plus haut) et le Shanghai composite perd 1,2%.

En Europe, malgré la remontée de ce vendredi, le CAC40 enregistre une perte hebdomadaire de 1.8%, le Dax cède 2,42% et le Footsie 0,84%. Pour les pays périphériques de la zone euro, l'Italie perd 1,36%, l'Espagne 0.83% alors que le Portugal gagne 0,8%.

Aux Etats-Unis, à l'heure de la rédaction de ce point, le Dow Jones cède 2% sur les cinq dernières séances, le S&P500 recule d'un peu moins de 3% et le Nasdaq100 de 4.9%, pâtissant de la hausse du marché obligataire.

En septembre, seul le Nikkei tire son épingle du jeu

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Matières premières

Les cours pétroliers se sont stabilisés cette semaine, tiraillés entre la nouvelle augmentation des stocks américains et la flambée du gaz naturel en Europe, qui rend le pétrole plus attractif pour produire de l'électricité. Les investisseurs ont donc opté pour une sorte de statu quo en attendant la prochaine réunion de l'OPEP+, qui se tiendra à Vienne lundi prochain. Le cartel élargi devrait augmenter sa production de 400.000 barils par jour. Le baril de Brent s'échange autour de 77.8 USD en cette fin de semaine, contre 74.3 USD pour la référence américaine.

La montée de la volatilité sur les actifs risqués a profité à l'or cette semaine, qui a repris un peu de hauteur. Mais ne nous y méprenons pas, le métal doré est toujours piégé dans une spirale baissière sans fin, où un coup en avant est suivi de deux en arrière. Au niveau des prix, il vous faudra débourser un peu moins de 1760 USD pour acheter une once d'or.

Séquence de consolidation pour le compartiment des métaux industriels, entraîné à la baisse par le fléchissement des PMI manufacturiers en Chine. Le cuivre s'échange ainsi à 8645 USD, le nickel a perdu du terrain à 18180 USD, tout comme le plomb (2113 USD) et l'aluminium (2850 USD).

Du côté des matières premières agricoles, le cours du blé s'est redressé à 725 cents le boisseau, soutenu par la révision à la baisse des stocks par le Département américain de l'agriculture (USDA). L'inflation des prix des engrais a également alimenté la hausse du blé, les agriculteurs songeant à changer de cultures pour la prochaine campagne en se tournant vers des productions moins gourmandes en azote comme le soja.



Score à deux chiffres pour le segment de l'énergie en septembre

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Marchés actions

Rien ne semble rassasier le milliardaire et propriétaire de BFMTV et SFR, Patrick Drahi. Pas même une offre d'achat sur Eutelsat, le troisième opérateur satellite mondial, soumise par l'homme d'affaires sur la base d'un prix informel de 12,10 euros l'action. Jeudi à l'ouverture à Paris, Eutelsat a pris son envol passant de 10,30 euros la veille à plus de 12 euros au cours de la journée. Cependant, le projet n'aboutira pas pour le moment, car le conseil d'administration a indiqué que cette proposition de rachat ?non sollicitée, préliminaire et non contraignante de Patrick Drahi? avait été rejetée et que la société ne souhaite pas engager de négociation sur cette base - comprendre à ce prix. Mais le propriétaire d'Altice pourrait vite revenir à la charge pour assouvir sa soif d'acquérir l'opérateur de satellites français.

Dans cette affaire, le gouvernement aura aussi son mot à dire puisque à travers la Banque publique d'investissement (Bpifrance), l'Etat-actionnaire possède pas moins de 20% d'Eutelsat. En effet, la société avec plus de 30 satellites en orbite, reste une entité tactique à l'échelle nationale et européenne. En commercialisant la bande passante aux opérateurs télécoms, aux industriels, aux gouvernements et aux chaînes de télévision, la société occupe une place stratégique à côté de ses concurrents SES ou Intelsat. Eutelsat exploite par exemple ses satellites pour satisfaire les programmes de diffusions de plus de 8000 chaînes de télévision.

Après une chute du cours de plus de 75% entre 2015 et 2020, l'action pourra-t-elle séduire de nouveau les investisseurs afin d'accroître sa place dans ce marché en pleine mutation ? Pour Patrick Drahi, la société valorisée à plus de 2 milliards d'euros et employant 1200 personnes, représente une opportunité pour imposer un peu plus sa présence en tant qu'opérateur de télécommunication 4G/5G et fibre. Le milliardaire espère probablement faire une bonne affaire avec cette acquisition. Pour rappel, Eutelsat a dégagé lors de son dernier exercice un résultat opérationnel en baisse de 29% atteignant 347,2 millions d'euros pour un chiffre d'affaires à plus de 1,20 milliard d'euros. La société devra dans tous les cas composer avec des mastodontes du secteur comme l'opérateur satellitaire Starlink, la filiale du fantasque Elon Musk à travers Space X, qui possédait en fin d'année dernière pas moins de 25% des appareils gravitant en orbite. Une affaire politico-industrielle à suivre dans les prochaines semaines.


Parcours d'Eutelsat par rapport au SBF120

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Macroéconomie

Les marchés actions ont donc fait face à un choc de réalité à la charnière entre l'été et l'automne, non sans une bonne dose de paradoxe. Les indicateurs macroéconomiques occidentaux restent bons, même si l'exubérant pic post-covid est passé, mais les mini-chocs périphériques se multiplient. A la situation financière chancelante du géant chinois de l'immobilier Evergrande et aux pénuries qui contrarient toutes les strates de l'économie, est venue s'ajouter une flambée des prix énergétiques. Flambée qui frappe autant le portefeuille du quidam européen que celui de l'industriel chinois. Les causes sont multiples, mais les conséquences identiques. Autant dire que cette nouvelle variable ne fait pas les affaires des banquiers centraux et de leur scénario d'inflation transitoire.

Pourtant, Jerome Powell (Fed) et Christine Lagarde (BCE) ont répété à l'envi tout au long de la semaine leur conviction que les prix finiront par s'assagir. Les investisseurs sont de plus en plus sceptiques. Pas étonnant dans ce contexte que les rendements obligataires aient pris la pente ascendante, pour anticiper une hausse des taux directeurs plus musclée ? et/ou plus rapide ? que prévu. Sur 10 ans, le T-Bond est revenu à 1,50% et le Bund à -0,22%. Il faut toutefois noter que l'accélération s'est tassée en milieu de semaine. A ce stade, les banques centrales ont l'air de s'en tenir aux scénarios annoncés en septembre : les programmes de rachat d'actifs vont être réduits à l'automne mais les tours de vis monétaires attendront. Reste que le spectre de la "stagflation", un terme revenu au goût du jour dernièrement, rôde. Il est pour l'instant tenu à distance par la croissance globale, qui reste élevée à défaut de reposer sur des bases vraiment solides.
L'autre événement macroéconomique de la semaine, intimement lié à tout ce qui précède, est le renforcement du dollar. Il se négocie 1,1579 USD pour 1 EUR à l'heure où ces lignes sont écrites. Le Dollar Index, qui compare le billet vert à un panier de six grandes devises, a atteint son meilleur niveau en dix mois, à 91,11 environ. Cette vigueur est logique dans un monde où l'aversion au risque a fait son retour. Elle intervient en dépit d'une situation de politique intérieure plus que confuse aux Etats-Unis, où le président Biden peine à faire entériner son programme de dépenses, coincé entre une majorité courte et divisée et des républicains qui disposent de puissants moyens de pression budgétaires.

La semaine prochaine, la réunion de l'OPEP prévue lundi suscite quelques attentes à l'heure où les cours du pétrole et du gaz flambent. L'autre gros événement cerclé de rouge est pour vendredi avec la publication des chiffres de l'emploi américain de septembre, très attendus comme il se doit puisqu'ils constitueront un marqueur important pour la politique monétaire américaine.


Le dollar met l'euro sous pression

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Le marché comprend vite, mais il faut lui expliquer longtemps

Difficile pour les investisseurs de louvoyer éternellement à travers les obstacles. Pénuries, hausse des prix, rupture des chaînes d'approvisionnement et crise énergétique, tous ces éléments tombaient jusqu'à présent dans l'oreille d'un sourd. Le soudain rebond des taux a donc fait l'effet d'un électrochoc, ou d'une purge, donnant l'impression que les marchés ont pris tardivement conscience que les banquiers centraux devront revoir leur copie dans un avenir proche en raison de la trajectoire de l'inflation, pas si transitoire que prévu.