Vendredi  6
décembre
Le point hebdo de l'investisseur
intro L'aversion au risque du début de semaine, liée à un regain de tensions commerciales, a rapidement été oubliée, permettant aux grands indices de nettement limiter leurs pertes dès mercredi. Des informations évoquent que les Etats-Unis et la Chine sont toujours très proches d'un accord et le rapport mensuel sur l'emploi américain meilleur que prévu a servi de prétexte à une nouvelle accélération haussière des indices ce vendredi.
Indices

Sur la semaine écoulée, les places financières ont globalement perdu du terrain mais les replis apparaissent très limités malgré la forte baisse enregistrée lundi et mardi.
L'Asie tire d'ailleurs son épingle du jeu. Le Nikkei parvient à réaliser une performance hebdomadaire de +0.26%, le Hang Seng gagne 0.56% et le Shanghai composite récupère 1.4%.

En Europe, le CAC40 perd 0.6% sur la semaine, le Dax 0.5% et le Footsie 1.5%. Concernant les pays périphériques de la zone euro, l'Espagne progresse de 0.4% et le Portugal s'adjuge 0.7%.

Aux Etats-Unis, à l'heure de la rédaction de ce point, le Dow Jones et le Nasdaq100 cèdent 0.2% sur la semaine alors que le S&P500 gagne symétriquement 0.2%.
Matières premières

Les marchés pétroliers restent hautement focalisés sur le sommet de l'OPEP+ qui doit permettre de peaufiner la politique de l'Organisation dans les prochaines années. Bien qu'aucun accord officiel ne soit signé à l'heure de rédaction de ces lignes, les membres du cartel élargi auraient ouvert la porte à une baisse supplémentaire de la production afin de compenser l'essor de la production américaine. Les cours du brut se redressent par conséquent sur les dernières séances, à l'image de l'avancée du WTI de près de 5% à 58.2 USD.
L'immobilisme caractérise aussi les trajectoires hebdomadaires de l'or et de l'argent, qui peinent à trouver de puissants relais acheteurs, malgré le regain de volatilité sur les marchés actions.

Le métal doré gagne un peu de terrain à 1475 USD tandis que l'argent fait du surplace à 16.9 USD.
Faute d'avancées majeures sur le front commercial, les métaux industriels inscrivent des scores hebdomadaires négatifs. Seul l'étain se démarque, en progressant à 16900 USD la tonne métrique.

Rebond dynamique du CAC40

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Après une brève incursion sous les 5700 points, l'indice parisien réalise pour le moment une reprise technique en V-Bottom, avec comme objectif théorique les plus hauts annuels.
Marchés actions

ALIBABA : prospérité et éternité

La société chinoise vient de s'introduire sur la bourse de Hong Kong avec succès (placement de 11.3 milliards de dollars plus une sur-allocation de 1.6 milliard). Cette introduction représente la plus importante opération de l'année devant Uber et ses 8 milliards de dollars.

20 ans après sa création par Jack Ma, le groupe se trouve coté simultanément sur deux places financières après une première IPO à Wall Street (2014) pour 25 milliards de dollars (record absolu pour une introduction).
Alibaba a voulu réussir son opération sur une place financière qui se trouve agitée par les violentes manifestations locales. L'opération fut un vrai succès, grâce peut-être à son code mnémonique porte bonheur (9988), le chiffre 9 signifiant l'éternité et le 8, la prospérité.

Le spécialiste de l'e-commerce se targue de servir 785 millions d'utilisateurs et ambitionne d'atteindre le milliard en 2024 et les deux milliards d'ici 2036. Pour satisfaire qualitativement ses clients, Alibaba emploie plus de 100 000 salariés, soit une croissance moyenne de 9 000 embauches par an sur la dernière décennie. Le groupe dirigé aujourd'hui par Daniel Zhang possède plus de 50% du marché national et déploie sa stratégie d'élargissement de ses champs d'actions avec AliPay, utilisé par une grande majorité de chinois pour payer chez eux mais aussi à l'étranger.

Alibaba va encore plus loin qu'Amazon dans la suppression des intermédiaires pour proposer des prix ultra compétitifs et des produits rares. De plus, comme son concurrent américain, la compagnie asiatique dispose de serveurs superpuissants pour servir ses clients en temps réel. Diversification oblige, le potentiel non utilisé de cette capacité technologique devient rentable, en le louant à ses clients (cloud).

Forte poussée du titre Alibaba depuis son IPO en 2014

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Marché obligataire

Les principaux marchés obligataires ont passé une grande partie de la séquence hebdomadaire à peser le pour et le contre des derniers développements dans les différents conflits commerciaux internationaux dans lesquels les Etats-Unis sont impliqués. La tendance sur ces récentes journées va en direction de la hausse des rendements.

En Europe, le Bund remonte à 0.29% et surtout l'OAT française, de manière symbolique repasse le cap du zéro, à +0.02% (voir graphique). Du côté de l'Italie, la prime de risque politique reflétée dans le dix ans italien (1.37%) a sensiblement augmenté ces derniers jours. Le spread avec le Bund se négocie actuellement à environ 166 points de base, soit environ 15 points de base de plus qu'il y a une semaine et 40 points de base de plus que le plus bas de l'année à la fin octobre.

L'OAT française repasse le seuil symbolique du 0

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Marché des changes

Au Royaume Uni, les derniers sondages montrent le parti conservateur en avance de plus de 10 points sur le parti travailliste, boostant ainsi la livre sterling. Une victoire nette du parti de B. Johnson lui assurerait une majorité au parlement et réduirait les perspectives de quitter l'UE sans accord. La devise britannique se traite sur ses plus hauts à 143 JPY ou encore 1.32 USD.

Le dollar a cédé un peu de terrain face à l'euro et a creusé ses pertes face au yen et au franc suisse après des commentaires contradictoires sur le front des disputes commerciales. La parité EUR/USD oscille entre 1.10 et 1.11 USD. Face au yen, la baisse se propage également à 108.7 JPY (-100 points de base), le Japon venant d'annoncer un plan de relance imposant.

Parmi les monnaies de l'hémisphère sud, le dollar néo-zélandais ressort comme le grand gagnant de la semaine après les commentaires du gouverneur de la banque centrale, sur le fait que le programme de baisses de taux devrait ralentir. Le kiwi s'est apprécié à son plus haut niveau en quatre mois contre le billet vert à 0.65 USD.
Statistiques économiques

Aux Etats-Unis, l'indice ISM non-manufacturier s'est établi à 53.9 en novembre (contre 54.7 en octobre). Cet indice, publié par l'Institute for Supply Management, mesure l'activité non-manufacturière, soit 80% de l'économie américaine. Les services progressent globalement en Europe (51.7 en Allemagne, 52.2 en France et 50.4 en Italie), des statistiques dans la lignée de la bonne tenue de ce pan de l'économie.
Les opérateurs notent un léger mieux en Allemagne où l'indice PMI composite d'IHS Markit ressort en hausse à 49.4 pour novembre (après 48.9 en octobre), même si le niveau sous 50 confirme une nouvelle fois la contraction de l'activité.

En Chine, les indices des directeurs des achats pour le secteur de l'industrie et des services de l'Office national de la statistique étaient nettement supérieurs au consensus et aux chiffres du mois précédent. Le PMI Caixin pour le secteur manufacturier s'affiche à 51.8 points et donc supérieur aux estimations des analystes à 51.5 points.

Le rapport sur l'emploi américain était le rendez-vous le plus important sur la semaine. Les investisseurs n'ont pas été déçus à la lecture des créations d'emplois (266 000), le taux de chômage tombant ainsi à 3.5%, sans risque d'inflation puisque le coût horaire n'a progressé que de 0.2%.
Le rallye de Noel risque d'être semé d'embûches

Un tweet, une statistique sur l'emploi outre-Atlantique... et ça repart. Le parcours des indices sur la semaine ressemble plus à une attraction style « Grand Huit » qu'à un long fleuve tranquille. En effet, si la volatilité a subi une forte baisse sur le dernier mois écoulé, le niveau de stress a connu une brusque poussée lors des récentes interventions de Donald Trump sur les droits de douanes. La politique commerciale des Etats-Unis déstabilise profondément les échanges commerciaux déjà fragilisés par la faiblesse de la croissance mondiale. Le système qui s'appuie sur des normes décidées multilatéralement se trouve donc battu en brèche par le protectionnisme américain.

Les investisseurs ont fini par garder leur sang-froid et il en faudra car cette nouvelle guerre entre la deuxième nation économique mondiale qui veut prendre la place du premier et les Etats-Unis qui tiennent à garder leur position de leader pourrait durer dans le temps. A plus court terme, le rallye de Noel risque d'être semé d'embûches.