L'appétit pour le risque est de retour sur les différentes places financières mondiales. Malgré un démarrage poussif en début de semaine, les marchés actions ont ensuite retrouvé de la vigueur. Même si l'accueil réservé aux chiffres mensuels de l'emploi aux Etats-Unis, dévoilés en début d'après-midi, a été plutôt froid, ravivant les craintes d'une nouvelle augmentation forte des taux de la Fed en septembre. La visite américaine de Nancy Pelosi à Taiwan, qui a déclenché l'ire de la Chine, semble n'avoir eu aucun effet négatif sur la confiance des investisseurs. Quant aux résultats des entreprises, ils restent étonnamment vigoureux, signe que les consommateurs tiennent pour l'instant le choc de l'explosion des prix.
Variations hebdomadaires*
STOXX EUROPE 600
435.72  -0.59%
Graphique STOXX EUROPE 600
S&P 500
4145.19  +0.36%
Graphique S&P 500
NIKKEI 225
28175.87  +1.35%
Graphique NIKKEI 225
GOLD
1774.50$  +0.70%
Graphique GOLD
LONDON BRENT OIL
94.42  -8.66%
Graphique LONDON BRENT OIL
EURO / US DOLLAR
1.02$  -0.30%
Graphique EURO / US DOLLAR
Tops / Flops de la semaine
Tops
  • Avast (+48%) : L'autorité britannique de la concurrence a finalement autorisé le rachat de la société par NortonLifeLock pour un montant de 6 Mds£. Les deux groupes créent ainsi un poids lourd de la cybersécurité.
  • Coinbase (+46%) : La plateforme de négociation de cryptomonnaies va intégrer le réseau Aladdin de BlackRock. Une étape de plus vers la légitimation du secteur des cryptoactifs dans la finance.
  • Uber (+36%) : Le groupe est toujours déficitaire, mais l'activité reste bien orientée, ce qui suffit à faire le bonheur des investisseurs. Le management se réjouit de la poursuite de l'ubérisation de l'économie.
  • Moderna (+18%) : Le laboratoire a confirmé envisager environ 21 milliards de dollars de revenus en provenance de son vaccin covid cette année. En marge de ses résultats trimestriels, il a de surcroît annoncé un programme de rachat d'actions de 3 milliards de dollars. C'est le genre de communication qui ravit le marché.
  • Zalando (+13%) : Les résultats semestriels sont en vive baisse, mais le groupe allemand avait prévenu le marché que ce serait le cas. Toutefois, le retour de l'appétit des investisseurs pour le risque profite au titre, de même que les recommandations à l'achat d'influents analystes qui entendent profiter de sa baisse au cours des derniers mois.
  • Ubisoft (+12%) : C'est le retour de la rumeur Tencent, mais avec un peu plus de corps puisque Reuters a appris que la famille Guillemot aurait été approchée par l'ogre chinois qui souhaite renforcer sa position au capital. Le Chinois est entré dans le tour de table à hauteur de 5% en 2018.
  • JDE Peet's (+10%) : Le spécialiste du café, connu en Europe via ses marques L'Or, Jacobs ou Senseo, a publié des semestriels rassurants et même légèrement meilleurs que prévu. Une performance d'autant plus solide que le contexte de prix des matières premières n'était guère favorable.
Flops
  • Rolls-Royce (-7%) : Le motoriste aéronautique accuse une perte nette semestrielle de 1,6 Md£, aggravée par les effets de change, l'inflation et les défis d’approvisionnement. Le rebond des revenus liés à l’aviation se fait attendre.
  • Eli Lilly (-8%) : Le bénéfice trimestriel du laboratoire pharmaceutique a chuté de 32% et manqué le consensus. Le groupe a abaissé ses perspectives annuelles et encaissé un impact de 400 millions de dollars dû aux taux de change.
  • Novo Nordisk (-11,5%) : Le fabricant danois de médicaments déçoit. Les ventes du Wegovy, le traitement contre l'obésité, sont impactées par les problèmes d’approvisionnement, et la société échoue à prouver qu’il agit aussi contre les risques cardiovasculaires.
  • Fortinet (-14%) : L'entreprise américaine de cybersécurité a revu en baisse ses prévisions de bénéfices pour l'exercice 2022.
  • Synthomer (-19%) : Le chimiste est pénalisé, non pas pour la division par deux de son bénéfice à cause de la hausse du coût des matières premières, mais pour des perspectives décevantes. "Nous pensons que les prévisions d'EBITDA ajusté du consensus pourraient légèrement dériver vers le bas", note un analyste.
  • Ball (-23%) : Le spécialiste de l’emballage signe des ventes trimestrielles en hausse de 20% mais dévoile un bénéfice trimestriel décevant. Il souffre notamment de la cession de ses actifs russes et annonce retarder l’ouverture de sa nouvelle usine.
Graphique Matières Premières
Matières premières
Energie
La Russie a mis à exécution sa menace de réduire son approvisionnement en gaz à destination de l’Europe, ce qui a eu pour effet de maintenir les prix du TTF néerlandais autour des 200€/MWh. Le risque d’une pénurie de gaz en hiver pèse de plus en plus fort sur le vieux continent. Côté pétrole, les Brent et WTI ont tous deux lâché près de 10% sur la semaine écoulée, s’établissant respectivement à 94$ et 88$. L’OPEP a maintenu des prévisions optimistes quant à la demande de pétrole au second semestre, mais les perspectives plus sombres pourraient déclencher une réévaluation des prévisions selon Commerzbank. 

Métaux 
L’or enchaîne sa troisième semaine de hausse consécutive et remonte à 1775 $, grâce à des rendements du trésor américains et un dollar en baisse, stimulant la demande de l’historique valeur-refuge. L’argent, le palladium et la platine suivent la trace de l’or et grappillent quelques dollars. AngloGold Ashanti, neuvième plus grand producteur d’or au monde, a vu ses bénéfices décliner de 18% malgré une augmentation de la production de 10%, à cause de l’inflation frappant les coûts. De nombreuses autres entreprises aurifères doivent encore publier leurs résultats dans le courant du mois d’août.

Matières agricoles
Le blé connaît sa troisième semaine de chute en volume de transactions alors que les fonds spéculatifs mondiaux se retirent d’un actif qu’ils adoraient pourtant passionnément durant les premiers mois de l’année (+50% en février). Le blé tombe de moins de 5% à 780 USD le boisseau. Le ministère de l’agriculture ukrainien a dévoilé des moissons de graines en chute de 45% sur un an, avec une moyenne de 3,64 tonnes par hectare. Trois bateaux contenant près de 60 000 tonnes de maïs ont quitté le port d’Odessa dans le but de réduire la tension sur la demande en céréales. Le maïs perd 2,80% à 602 USD et le soja cède 2,4% à 1456 USD.
Graphique Matières Premières
Macroéconomie
Ambiance. Tarif unique. Les banques centrales ont continué à égrener la litanie des hausses de taux durant la semaine, avec un nouveau mantra : la hausse de 50 points de base. La RBA (Australie), la BCB (Brésil), la RBI (Inde) et la BOE (Royaume-Uni) ont toutes donné un double tour de vis durant la semaine, pour essayer de faire plier l'inflation. Ce qui devrait mieux fonctionner que les stratégies fondées sur le simple espoir que l'inflation se résorbera d'elle-même. Il faudra malgré tout attendre encore pour juger de l'impact de ces politiques restrictives, parce que la spirale salaires / inflation fait toujours des dégâts, en particulier dans les économies anglo-saxonnes. Vendredi, les données sur l'emploi de juillet aux Etats-Unis ont montré que la pénurie de main d'œuvre ne pas va s'arranger et que les rémunérations sont encore sur la pente ascendante. En parallèle, la visite de Nancy Pelosi à Taiwan a dégradé les relations sino-américaines, ce qui éloigne la perspective d'une réduction des barrières douanières imposées par Washington à Pékin, ce qui aurait pu participer à la lutte contre les hausses de prix.

Taux. Les rendements obligataires américains ont reculé pendant une bonne partie de la semaine, malgré les déclarations prudentes de membres de la Fed qui ont continué à marteler que les hausses de taux se poursuivront tant que la fièvre des prix ne sera pas retombée. Mais les investisseurs préféraient se concentrer sur leur appétit retrouvé pour le risque. Jusqu'à vendredi et la publication des données sur l'emploi, qui ont montré que l'économie américaine est toujours en surchauffe. Ce qui pourrait impliquer des hausses de taux additionnelles… etc. Le 10 ans américain est passé de 2,68% à 2,82% en quelques minutes. La courbe des taux reste inversée, avec des échéances à 6 mois, 2 ans et 5 ans mieux rémunérées que le 10 ans. En Europe, les rendements ont aussi rebondi en fin de semaine. Après tout, si les Etats-Unis ont du mal à lutter contre l'inflation, comment pourrait-il en être autrement sur le vieux continent ? Le Bund allemand est à 0,9%, l'OAT française à 1,44% et les BTP italiens à 2,99%.

Devises. Sur la semaine écoulée, l'euro et le dollar se neutralisent à peu près autour de la zone de 1,02 USD pour 1 EUR. Le billet vert a en revanche repris un peu de terrain contre la livre sterling et contre le dollar australien, en dépit des resserrements monétaires opérés par la Banque d'Australie et la Banque d'Angleterre, que les marchés avaient déjà bien intégrés. Quant à la monnaie unique, elle grappille 0,5% face au franc, à 0,977 CHF pour 1 EUR.

Cryptomonnaies. de son côté, le bitcoin reste quasiment à l’équilibre pour cette première semaine du mois d'août en gravitant autour des 23 000 dollars à l’heure où nous écrivons ces lignes. Alors que Coinbase a annoncé, hier, s’associer à BlackRock afin de permettre aux clients du plus grand gestionnaire de fonds au monde d’effectuer du trading et de la garde de bitcoins directement sur son logiciel Aladdin, le cours de la devise numérique n’a pas bougé d’un poil. Il semblerait que les tensions dans la relation sino-américaine ainsi que l’inflation galopante restreignent l’appétit des investisseurs pour les actifs à risque et donc l’afflux des capitaux dans les crypto-actifs. 

Calendrier. Les prix, toujours les prix. L'inflation américaine de juillet sera dévoilée mercredi 10 août. Le lendemain, place aux prix à la production de la même période. Vendredi 12 août, l'Université du Michigan publiera l'état de forme du consommateur américain en août. Ailleurs dans le monde, l'inflation chinoise de juillet sera publiée dans la nuit du 9 au 10 août.
Graphique de Cours
Les consommateurs encaissent... Jusqu'ici
Après un mois de juillet particulièrement faste pour les actions, le début du mois d'août est plus contrasté. Les financiers n'ont pas perdu l'appétit pour le risque qu'ils avaient retrouvé avec le retour de l'été, mais ils restent préoccupés par le niveau de taux auquel les banques centrales devront monter pour reprendre le contrôle des prix. Dans cet environnement incertain, les entreprises ont défié la hausse des coûts avec la complicité de consommateurs qui n'ont pas encore lâché prise. La saison des résultats semestriels, que l'on promettait compliquée, aura finalement été porteuse. Bonne semaine à tous les investisseurs.
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