Vendredi  9
août
Le point hebdo de l'investisseur
intro Les places financières ont de nouveau été chahutées cette semaine, rattrapées par les craintes sur la croissance mondiale et la persistance des tensions commerciales. Les exportations chinoises supérieures aux attentes et l'espoir de nouveaux gestes de la part de la Fed d'ici la fin de l'année ont toutefois permis de limiter la casse. Le bilan reste néanmoins baissier pour la plupart des grands indices.
Indices

Sur la semaine écoulée, les indices ont fait preuve de volatilité, réagissant violemment à l'intensification des tensions commerciales avant de tenter de rebondir.
En Europe, le CAC40 termine sur une perte hebdomadaire de 0.6%, le Dax cède 1.6% et le Footsie 1.9%. Pour les pays périphériques, l'Espagne recule de 1.5%, le Portugal perd 0.7% et l'Italie 3.4%, dans un contexte de crise politique après la rupture de la coalition gouvernementale au pouvoir.

En Asie, le Nikkei abandonne 1.9%, le Shanghai composite 3.3% et le Hang Seng 3.6%.
Aux Etats-Unis, à l'heure de la rédaction de ce point, le Dow Jones affiche un repli de 1% sur la semaine et le S&P500 cède 0.5%, malgré la forte hausse de mardi et jeudi. Le Nasdaq100 se replie de 0.6%.
Matières premières

L'incertitude grandit sur les marchés pétroliers, toujours préoccupés par la santé de l'économie mondiale alors que le différend commercial entre les Etats-Unis et la Chine s'intensifie. Par conséquent, les attentes en matière de demande de pétrole se réduisent, poussant les pays producteurs engagés dans un processus de réduction d'offre à étudier d'autres options pour soutenir les cours. Le WTI perd 4.8% à 52.5 USD le baril.

L'aversion au risque touche les marchés actions, ce qui profite naturellement aux actifs refuges. L'or et l'argent gagnent ainsi du terrain sur la séquence hebdomadaire. Le métal doré évolue désormais proche de la barre des 1500 USD l'once, tandis que l'argent tutoie les 17 USD.

L'ambiance n'est pas à la fête sur le compartiment des métaux industriels. L'étain, l'aluminium et le zinc s'enfoncent dans le rouge. Seul le nickel bondit à 15500 USD, boosté par les craintes de voir l'Indonésie, principal pays producteur, interdire ses exportations de minerai en 2022.

L'or retrouve son statut de valeur refuge

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Marchés actions

Gagner plus de 20% lors d'une séance où les indices majeurs de Wall Street chutent de 2% relève d'un véritable exploit. SolarEdge a donc connu sa journée de gloire avec un score haussier historique portant la performance globale de l'action sur 2019 à 83%.

Le fabricant de produits photovoltaïques a réalisé un chiffre d'affaires de 325 millions de dollars au cours de la période, dépassant également les prévisions des analystes estimées à 215 millions de dollars. Pour le prochain trimestre, la société s'attend à dépasser les 400 millions de dollars. Cette perspective corrobore avec la moyenne de progression des ventes depuis 2014 (45% par an). La société d'origine israélienne forme un partenaire privilégié des installateurs et intégrateurs de premier ordre.
Depuis 2006, la compagnie a révolutionné l'industrie solaire en inventant un système de collecte et de gestion de l'énergie des installations PV (photovoltaïques). Ses ventes s'effectuent dans 130 pays sur les cinq continents.

Poussée du titre SolarEdge post-publication

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Son parcours boursier a débuté en 2015 sur le Nasdaq.
Marché obligataire

Le marché obligataire profite d?une trentième semaine de collecte nette poussant ainsi les rendements au plus bas historique. La palme revient à la dette suisse qui frôle les -1% sur le dix ans à -0.98%.
Le Bund franchit aussi un nouveau palier à -0.58%. Les données sur la production industrielle allemande au mois de juin n'ont pas répondu aux attentes du consensus alors que l'OAT suit le même chemin (-0.30%).
On retrouve d'autres emprunts à taux négatifs sur le Vieux-Continent, comme en Suède (-0.27%) ou encore aux Pays-Bas (-0.18%). L'Espagne se rapproche du zéro symbolique pour afficher une référence obligataire à 0.22%.
A contrario, les investisseurs montrent plus de réticences sur l'emprunt Italien qui recule à 1.69%, suite aux tensions politiques du pays.

Aux Etats-Unis, le Tbond recule dans la foulée des inquiétudes sur le commerce mondial, à un plus bas de 3 ans, à 1.70%.
Marché des changes

Dans un contexte de tensions mondialisées où le conflit commercial dérive sur une guerre de la monnaie, la volatilité se redresse brutalement et les valeurs refuges tirent leur épingle du jeu. Cela permet au franc suisse de continuer sa progression : l'EUR/CHF s'est traité au plus bas à 1.086, ainsi que le couple USD/CHF à 0.97.
En parallèle, le yen reste recherché par les cambistes (USD/JPY à 106), même si la Banque du Japon intervient sur le marché obligataire pour faire baisser les rendements à court terme et freiner la hausse de la monnaie nippone.

En Chine, la baisse marquée du yuan (USD/CNY à 7.05) est considérée comme une riposte aux agissements de Trump sur le commerce international, afin de réduire le coût des taxes douanières additives. La parité touche un plus bas de 11 ans.

Sur le Vieux-Continent, l'euro marque le pas dans son rebond face au dollar à 1.12 USD depuis l'intensification des incertitudes italiennes. Outre-manche, selon quelques experts, le « no-deal » est devenu assez crédible pour que l'UE s'y prépare. La livre poursuit sa baisse. Les échanges face au yen (GBP/JPY à 128.3) et face au dollar (GBP/JPY à 121) marquent de nouveaux plus bas.
La Nouvelle-Zélande demeure très exposée à l'escalade des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine. Le dollar néo-zélandais a connu une chute de près de 4% face au dollar américain au cours des deux dernières semaines à 0.64 USD alors que la banque nationale a baissé de manière surprenante les taux de 1.5% à 1%.

Evolution de la parité USD/CNY

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Statistiques économiques

En août, le moral des investisseurs s'est encore dégradé en zone euro (-13.77 contre -5.8 le mois dernier), revenant sur des plus bas niveaux depuis octobre 2014. Pénalisé par les incertitudes autour du Brexit, le PIB britannique s'est contracté au deuxième trimestre (-0.2%) pour la première fois depuis 2012.
La semaine prochaine sur le Vieux-Continent, nous prendrons connaissance de l'indice de confiance allemand ZEW et de la première estimation du PIB au second trimestre.

En Chine, l'activité des services a connu en juillet la progression la plus faible enregistrée depuis mars dernier (indice PMI ressorti à 51.6). Les prix à la production ont baissé de 0.3%, une première depuis 2016. Néanmoins, malgré la guerre commerciale menée avec Washington, ses exportations sont reparties à la hausse (+3.3% sur un an, après -1.3% en juin).

Aux Etats-Unis, l'indice PMI des services a également reculé (53.7 après 55.1 précédemment) et l'indice des prix à la production (core) s'est replié de 0.1% (+0.3% en juin). L'indice des prix à la consommation sera publié la semaine prochaine, ainsi que les ventes au détail, l'indice PhillyFed, les permis de construire et l'indice de confiance de l'Université du Michigan.
Les foyers de déstabilisation prennent du relief

Les investisseurs doivent bien attacher leur ceinture car la volatilité bat son plein sur les places financières. En effet, une rupture, dans le comportement teinté de sérénité chez les acteurs de marchés, vient de provoquer de forts mouvements erratiques sur tous les actifs cotés. Les indices actions souffrent, mais la bataille sur les devises devient patente et les valeurs refuges prospèrent, à l'image des transferts d'allocation en direction de l'or, du franc suisse ou encore du yen, sans oublier les emprunts souverains.
La taxation des échanges internationaux constitue un facteur aggravant pour l'économie chinoise qui voit sa devise baisser brutalement, plus par l'affaiblissement de sa conjoncture (principalement dans le secteur manufacturier) que par une manipulation réelle des autorités monétaires chinoises.

En Asie, les foyers de déstabilisation s'intensifient. A l'escalade de la guerre commerciale se rajoutent la dégradation des relations entre Tokyo et Séoul, la région du Cachemire devenue dangereuse et Hong Kong qui s'embrase. Sur le Vieux-Continent, les Anglais et les Italiens ne trouvent toujours pas de solution à leurs complications politiques.

Les banques centrales devront faire preuve de beaucoup de diligence pour offrir aux actions le filet de sécurité nécessaire, même si la détente monétaire n'est pas forcément l'arme la plus efficace contre la recrudescence du protectionnisme.