Vendredi 23
août
Le point hebdo de l'investisseur
intro Après un début de semaine positif avant les comptes rendus de politique monétaire européen et américain, les places financières ont subi de nouveaux dégagements, suite à la riposte commerciale chinoise. Pékin a annoncé son intention de relever les droits de douane à l'importation sur environ 75 milliards de dollars de produits américains, annonce qui est intervenue avant la conférence annuelle de Jackson Hole, qui focalisait jusque-là l'attention. La volatilité demeurera présente encore de longues semaines.
Indices

Sur la semaine écoulée, les grands indices enregistrent néanmoins des performances positives. A l'heure de la rédaction de ce point, aux Etats-Unis, le Dow Jones gagne 0.3%, le S&P500 s'adjuge 0.1% et le Nasdaq100 perd 0.3%.

En Europe, le CAC40 enregistre une performance hebdomadaire de 0.7% (+2.6% au plus haut). Le Dax progresse de 0.6% et le Footsie est stable. Pour les pays périphériques de la zone euro, le Portugal gagne 0.1%, l'Espagne 0.3% et l'Italie 1.4%, malgré la crise politique (démission de Giuseppe Conte et tentative de formation d'un nouveau gouvernement de coalition).

En Asie, le Nikkei s'est adjugé 1.4%, le Hang Seng 1.7% alors que le Shanghai Composite a repris 2.6%, signant ainsi la meilleure performance hebdomadaire.
Matières premières

Les cours pétroliers ont fait du surplace cette semaine, les initiatives demeurent limitées par les craintes d'accumulation d'une offre excédentaire dans un contexte de ralentissement de la demande. Le recul des stocks de pétrole a par ailleurs été nuancé par une hausse des stocks des produits distillés. Dans ce contexte, le Brent oscille autour de 60 USD le baril tandis que le WTI se traite à proximité de 56 USD.

La neutralité prévaut aussi sur les métaux précieux qui n'ont que peu évolué sur cette séquence hebdomadaire. Le ton dovish des banquiers centraux reste l'un des principaux facteurs de soutien des cours de l'or, avec les tensions commerciales. Il progresse à 1526 USD. L'argent évolue autour de 17.4 USD l'once.
Du côté des métaux industriels, ces derniers ont fini la semaine en ordre dispersé. Le cuivre et le nickel cèdent du terrain à 5866 et 15780 USD, tandis que le plomb signe une performance positive à 2068 USD.
Marchés actions

Adidas : médaille d'or du Dax.

La marque aux trois bandes accomplit une saison boursière 2019 de haute volée dans la lignée des autres années. Le titre réalise la meilleure performance du Dax sur l'année (+45%), un joli cadeau aux actionnaires pour les 70 ans de la compagnie allemande fondée en 1949 par Asi Dassler. Depuis 2000, l'action a effectué un véritable exploit, en se bonifiant 15 fois sur les 19 dernières années, pour réaliser une performance cumulée de 1500%.
Cette valorisation, "à la GAFA", provient de sa position dominante sur le marché des vêtements du sport et de son impact important dans le segment du "Lifestyle".
L'hyper médiatisation des événements sportifs dont la marque s'affiche de manière ostentatoire, profite également à la notoriété d'Adidas. L'inventeur de la chaussure de football avec des crampons fabrique à ce jour plus de 10 millions de paires de baskets par an.


Evolution du titre Adidas depuis 2000

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Marché obligataire

Le Bund (-0.61%) et l'OAT (0.32%) sont soumis à une légère phase de consolidation en réponse à l'amélioration des données économiques, dont les indicateurs de climat en Europe. Il convient de noter que lors de l'émission d'un emprunt à 30 ans, l'Allemagne n'a d'ailleurs placé que 40% des 2 milliards d'euros, à un taux négatif.
Compte tenu de l'actualité, les prochaines sessions devraient conserver une certaine volatilité. Le niveau élevé des attentes concernant la politique monétaire américaine pourrait générer d'autres prises de bénéfices.
Le rendement à 10 ans des bons du Trésor (1.65%) s'affiche en progression depuis les récents plus bas. C'est la cas également pour l'Espagne qui voit son taux remonter à 0.18%. En revanche, l'Italie conserve sa référence sur un seuil historique à 1.33% malgré le flou politique.
De leur côté, la Suisse à -0.94% et le Japon à -0.24% bénéficient de la valeur refuge de leur monnaie respective.

Evolution du 30 ans allemand et suisse depuis 5 ans

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Marché des changes

Les cambistes se sont dirigés massivement sur la livre sterling qui établit un rebond technique. Cette reprise fait suite aux propos de dirigeants européens, dont Madame Merkel, sur leur volonté de trouver une solution dans le cadre du Brexit. La hausse de la monnaie britannique se vérifie contre toutes ses contreparties majeures de manière marquée face au franc suisse à 1.205 CHF (+350 points de base) et contre le dollar à 1.22 USD (+200 points).

De son côté, l'euro demeure sous pression face aux défis politiques continentaux se rajoutant à une croissance au ralenti. La monnaie unique s'échange sous les 118 yens, un plus bas de 2 ans tout comme la parité EUR/USD à 1.107 USD. En Asie, le yen reste le grand gagnant de cette phase de stress sur les marchés, la devise nippone progresse même face au franc suisse, à 0.925 JPY.

Corrélation des valeurs

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Statistiques économiques

Contre toute attente, l'activité des services de la zone euro a progressé en août, à 53.4 (après 53.2 en juillet). L'indice PMI manufacturier est resté sous le seuil symbolique de 50, qui sépare croissance et contraction de l'activité, mais s'est également redressé à 47.0 (contre 46.5 en juillet). L'indice des prix à la consommation s'est avéré inférieur au consensus, à 1.0% sur un an en juillet, après 1.3% en juin.
A l'inverse aux Etats-Unis, les indices PMI manufacturier et des services ont déçu, à respectivement 49.9 et 50.9. Comme anticipé, les ventes de logements existants ont progressé de 5.29M à 5.42M. Les inscriptions hebdomadaires au chômage ont diminué, à 209K. L'indicateur avancé du Conference Board s'est inscrit en hausse de 0.5% le mois dernier, après -0.1% précédemment. Enfin, les stocks de pétrole se sont repliés de 2.7 millions de barils (-1.4M attendu).

La semaine prochaine en zone euro, les investisseurs prendront connaissance de l'indice Ifo du climat des affaires, de l'indice des prix à la consommation et du taux de chômage.
Outre-Atlantique, les commandes de biens durables, la confiance des consommateurs et la seconde version du PIB trimestriel seront dévoilés. L'indice PCE (inflation), les dépenses et revenus des ménages, ainsi que l'indice PMI de Chicago seront au programme pour clôturer la séquence hebdomadaire.
Les investisseurs lorgnent sur les banquiers centraux

Le conflit commercial monte d'un cran avec les nouvelles mesures chinoises de rétorsion contre les Etats-Unis. A l'heure du symposium de Jackson Hole et du G7, ce geste prend une résonance particulière, accentuant de ce fait le degré d'incertitude sur le ralentissement économique mondial.
Dans un tel contexte où le stress peut resurgir à tout moment, les investisseurs lorgnent du côté des banques centrales qui se repositionnent en mode "stimulus".
La FED restera flexible même si aucune « forward guidance » n'est donnée. Sans faire d'actions radicales, elle devra opérer avec dextérité entre la pression de Trump qui réclame une baisse de 100 pb, les craintes de récession et l'attente des marchés. Sans oublier que 1/3 des stocks de dettes des pays occidentaux possèdent des rendements à taux négatifs aidant à supporter un endettement global en forte hausse. De quoi alimenter les débats lors du rassemblement des banquiers centraux, dont la thématique "les défis de la politique monétaire" se situe au centre de l'actualité.