Vendredi 19
février
Le point hebdo de l'investisseur
intro Profitant de bons résultats de sociétés et des espoirs persistants de la validation du plan d'aide aux Etats-Unis, les places financières ont poursuivi leur ascension cette semaine. Ces dernières ont toutefois subi quelques dégagements en milieu de semaine avec la remontée des rendements obligataires, sur fond de craintes d'un retour de l'inflation aux Etats-Unis.
Indices

Sur la semaine écoulée, l'Asie continue de bien progresser, enregistrant de meilleures performances que dans les autres zones géographiques. Le Nikkei a engrangé 1.7%, le Hang Seng 1.6% en quatre séances, la bourse de Hong Kong ayant été fermée lundi pour le nouvel an lunaire. Le Shanghai Composite a pour sa part gagné 1.1% sur les seules séances de cotation de jeudi et vendredi.

En Europe, le CAC40 est sur le podium avec quelques bons résultats trimestriels. Il progresse de 1.3% sur les cinq derniers jours alors que son homologue allemand, le Dax, perd 0.35% et le Footsie gagne 0.6%. Concernant les pays périphériques de la zone euro, à contre-courant, l'Italie recule de 1.4% mais le Portugal grimpe de 1.9% et l'Espagne de 1.2%.

A l'heure de la rédaction de ce point, les indices américains évoluent en ordre dispersé. Le Dow Jones grappille 0.5% sur la semaine, le S&P500 cède 0.15% et le Nasdaq 100, 0.9%.
Matières premières

L'heure est à la consolidation sur les marchés pétroliers, qui reprennent leur souffle après un long et puissant rallye haussier. La vague de froid qui frappe le Texas, terre de pétrole des Etats-Unis, perturbe la production du pays. Les stocks de pétrole ont de la même manière enregistré une forte chute de 7.3 millions de barils pour la quatrième semaine consécutive. Le WTI se négocie autour de 60 USD, tandis que la référence européenne s'échange au-dessus de 63 USD.
Miné par la hausse des rendements obligataires américains, l'or perd du terrain à 1770 USD. L'argent de son côté a fait du surplace à 27.1 USD l'once.
Ce n'est pas le cas des métaux industriels, qui ont le vent en poupe. La demande chinoise et la reprise économique mondiale prolongent ainsi le rallye des métaux de base. Le cuivre atteint par conséquent son plus haut niveau depuis 2012 à 8650 USD la tonne. Même dynamique du côté du zinc (2830 USD), du nickel (19.000 USD) et de l'aluminium (2150 USD).
Toujours dans le registre des records, les cours du bois de construction atteignent à Chicago un sommet à 1000 USD.
Cette progression globale des cours du pétrole, des métaux industriels et d'autres matières premières permet au CRB Index, l'indice des matières premières, de prolonger son rebond démarré depuis le mois d'avril 2020 (voir graphique).

Rebond dynamique du CRB depuis 2020

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Marchés actions

Avec 109 milliards d'actifs sous gestion, Partners Group Holding (société suisse) est la plus grosse entreprise de "capital-investissement" cotée. Sa capitalisation boursière s'élève à près de 31.9 milliards de dollars. C'est un montant conséquent puisque le seul concurrent direct à la capitalisation boursière comparable est le suédois EQT AB (28.8 milliards de dollars), le canadien Onex Corporation arrivant loin derrière avec 5.2 milliards de dollars.

Le groupe répartit ses actifs sous gestion par le biais de plusieurs segments. Le capital-investissement en tant que tel intègre 47.8% du portefeuille, la gestion de dettes privées 23.4%, l'immobilier privé 16% et l'investissement dans les infrastructures privées 12.8%.
L'entreprise a affiché une augmentation de 16 milliards de l'encours sous gestion en 2020 malgré la pandémie et s'attend à une nouvelle augmentation comprise dans une fourchette de 16 à 20 milliards de dollars pour l'année en cours. De plus, elle dispose d'une situation financière solide. Selon les prévisions, Partners Group devrait être capable d'augmenter son chiffre d'affaires en 2021 et en 2022, respectivement de 27% et 15%. La compagnie devrait également garder sa marge d'exploitation stable aux alentours de 61.5%. La société apparaît résiliente puisqu'elle a su augmenter son Free Cash-Flow de 5% en 2020 malgré la crise.

Le titre a connu un parcours boursier intéressant en 2020 et peut se targuer d'un gain de 17.2%. Depuis le premier janvier, il affiche une performance de 5.2% complétant un long cycle de croissance comme indiqué dans le graphique.

Trajectoire ascendante du titre Partners Group Holding

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Marché obligataire

Aux Etats-Unis, les traders du marché obligataire s'affirment de plus en plus sur les perspectives des taux d'intérêt dans la plus grande économie du monde. Les paris sur les hausses de la Réserve fédérale se font de manière plus intensive, ambiance confirmée par le marché des swaps qui affiche désormais près de 40 points de base de hausse d'ici la fin de 2023 et 100 points de base supplémentaires pour 2025. Cette tension sur les taux courts se vérifie également sur la courbe des taux longs, avec un dix ans américain ancré au sommet de plusieurs mois à 1.28%.

En Allemagne, l'écart entre le Bund à 5 ans et celui à 30 ans a temporairement grimpé à plus de 80 points de base pour la première fois depuis un an, et reflète ainsi les fortes anticipations de reprise économique. Cette perspective devrait rester un élément important dans l'évolution du marché des emprunts souverains. Le BUND à 10 ans se traite sur une base de -0,3% alors que l'OAT française remonte aussi à -0.08%.

Les références espagnoles et portugaises se négocient aussi à la hausse, avec des taux respectivement à 0.33% et 0.20%. Malgré cette progression des rendements, il apparaît encore trop tôt pour proclamer un renversement de tendance majeur.
Marché des changes

Dominatrice sur le plan continental, la livre continue de briller sur le marché des devises. La monnaie anglaise profite du fait que plus de 15 millions de personnes ont été vaccinées dans le pays européen le plus endeuillé par la pandémie. Dans les échanges, la livre s'envole contre l'euro à 1.15 et garde les sommets de trois ans face au billet vert à 1.39. La dernière intervention d'un membre de la BOE sur la faible probabilité de voir une prochaine baisse de taux a renforcé la trajectoire de la monnaie britannique.

A contrario, le yen, valeur refuge chez les cambistes, subit le climat Risk On, à l'image de son repli face à l'euro à 127.5 JPY. En parallèle, la faiblesse de la monnaie nippone permet au Nikkei de franchir des résistances graphiques historiques.
En Europe, la monnaie unique demeure hésitante contre le dollar à 1.213 USD mais se maintient au-delà d'une oblique de soutien (voir graphique). De bons indicateurs économiques et la progression des rendements sur le marché obligataire américain aident à l'équilibre du dollar face à ses principales contreparties.

Dans l'hémisphère sud, le dollar australien s'inscrit au plus haut face à l'euro depuis 30 mois à 0.64 EUR. Les bonnes nouvelles sur l'économie australienne qui a créé près de 30 000 nouveaux emplois au mois de janvier, avec un taux de chômage en baisse à 6.4% (contre 6.6%) le mois précédent, participent à son parcours ascendant.

Trend haussier de l'EUR/USD depuis mi 2019

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Statistiques économiques

Les statistiques européennes étaient mitigées cette semaine en zone euro. La production industrielle recule plus que prévu (-1.6% contre -0.4% attendu) et l'indice Flash PMI services est ressorti à 44.7 alors que le marché anticipait 45.9 (45.4 le mois dernier).
En revanche, l'indice Flash PMI manufacturier a dépassé les attentes (57.7 contre 54.8 le mois dernier). Le PIB recule de "seulement" 0.6% au T4 et la balance commerciale fait état d'un excédent de 27.5B alors que le consensus tablait sur 22.3B.

Aux Etats-Unis, peu de données étaient au programme, mais elles ont mis en évidence un regain d'inquiétudes au sujet de l'inflation, avec également la perspective de l'adoption du plan de relance massif de 1900 milliards de dollars. L'indice des prix à l'importation a progressé de 1.4% (1% attendu) et l'indice PPI de 1.3% (consensus 0.4%). Les ventes au détail bondissent de 5.3%, la production industrielle grimpe de 0.9% tandis que les inscriptions hebdomadaires au chômage remontent légèrement à 861K. Concernant les indices Flash PMI manufacturier et services, ils ressortent respectivement à 58.5 et 58.9.
Les marchés aperçoivent un début d'inflation

Marché de croyance ou marché d'anticipation, les récents mouvements sur le marché obligataire des emprunts souverains méritent d'être mis en exergue. La hausse récente des taux à long terme reste portée par les espoirs d'une reprise de l'économie. L'inflation des actifs financiers pourrait donc se transférer dans la sphère réelle.
Un tel scénario se vérifiera avec l'étendue de la vaccination planétaire d'ici la fin du deuxième trimestre, moteur indispensable à la mobilité, et avec les effets des nombreux plans de relance. Ces politiques de soutien devront non seulement se déployer sur des projets vertueux mais aussi générer de la croissance, facteur indispensable pour la prolongation du parcours qualitatif des actions.