A l'approche de la décision de la Fed sur les taux, l'aversion au risque a brusquement ressurgi cette semaine, avec les craintes de surinflation et de récession. Contrairement aux précédentes anticipations, l'inflation américaine n'a pas pris la belle pente baissière que le marché imaginait, laissant craindre un nouveau tour de vis agressif la semaine prochaine par la Réserve Fédérale. Les rendements obligataires continuent de se tendre et les indices subissent logiquement de nouveaux dégagements. La volatilité ne devrait ainsi pas s'atténuer.
Variations hebdomadaires*
CAC 40
6077  -2.17%Graphique
RENAULT +8.89%
BNP PARIBAS +1.32%
AXA +1.27%
ALSTOM -8.02%
WORLDLINE -8.43%
DASSAULT SYSTÈMES SE -8.63%
STOXX EUROPE 600
408.24  -2.89%
Graphique STOXX EUROPE 600
S&P 500
3873.33  -4.77%
Graphique S&P 500
NIKKEI 225
27567.65  -2.29%
Graphique NIKKEI 225
GOLD
1674.82$  -2.54%
Graphique GOLD
LONDON BRENT OIL
91.46  -1.03%
Graphique LONDON BRENT OIL
EURO / US DOLLAR
1.00$  -0.61%
Graphique EURO / US DOLLAR
Tops / Flops de la semaine

Big Technologies (+20%) : Le petit groupe de télésurveillance britannique a amélioré ses résultats au-delà des attentes au 1er semestre. Il est l'un des rares dossiers européens à tirer son épingle du jeu cette semaine.

Nio (+8%) : Le constructeur chinois de véhicules électriques échappe lui aussi au marasme ambiant avec l'appui de Citic Securities, qui a salué la bonne performance commerciale de l'entreprise en août, en mettant en avant son positionnement haut de gamme, qui lui permet d'échapper à certains des vents contraires du marché.

Renault (+9%) : Le secteur de la consommation cyclique a souffert cette semaine. Tout le secteur ? Non, car l'automobile a bien tenu le choc avec des rachats à bon compte sur plusieurs noms à valorisation faible, dont la marque au losange.

Vantage Towers (+8%) : La rumeur circule que des acteurs du private equity seraient intéressés par le rachat des 82% de Vodafone sur la base d'une valorisation globale de 15 Mds€ pour la société qui exploite des pylônes télécoms.

Inditex (+4%) : Le groupe "prouve une fois de plus qu'il est dans une classe à part", écrit Jefferies après la publication des trimestriels. Pour l'analyste, la structure d'approvisionnement centrée sur l'euro est un point supplémentaire de différenciation par rapport à un groupe de pairs en difficulté.

Kion (-35%) : La purge se poursuit pour l'entreprise allemande, après son avertissement. AlphaValue note que Kion n'a pas l'air d'avoir les bonnes clauses d'indexation dans ses contrats. "Il se pourrait bien que le changement soudain de régime d'inflation ait pris au dépourvu d'autres entreprises dont le cycle de production est long", note le spécialiste.

MIPS (-32%) : Sacrée punition pour le groupe suédois spécialiste des technologies qui équipent les casques de protection des cyclistes et des motards. Le marché du vélo est en perte de vitesse après deux ans de pénuries. "La situation de marché est toujours difficile dans le secteur du vélo, où les détaillants dans la plupart des marchés ont considérablement réduit leurs achats", prévient l'entreprise.

Orpea (-32%) : L'opérateur de maisons de retraite controversé a annoncé que ses marges allaient souffrir du renchérissement du coût de l'énergie au second semestre. Le plan de refinancement se déroule pour sa part comme prévu, a indiqué le management, mais cela ne suffit pas à rassurer. Oddo BHF a sabré son objectif de cours de 26,70 à 16 EUR.

Adobe (-25%) : Le marché ne digère pas les 20 Mds$ consacrés au rachat de Figma. Une opération jugée vraiment chère payée et risquée.

Nucor (-18%) : L'aciériste américain est puni pour avoir prévenu que ses résultats vont baisser, dans un contexte négatif pour la totalité du secteur.

Straumann (-17%) : Le titre a passé la semaine dans le rouge. UBS est passé de neutre à vendre en visant 96,75 CHF. L'analyste estime que le dossier est de haute qualité, mais que la rapport potentiel / risque est mis à mal par des nuages qui s'amoncellent à l'horizon.

Nemetschek (-16%) : Le spécialiste allemand des logiciels de conception est secoué par la baisse de tous les acteurs de la technologie. Le titre a perdu près de 30% en un mois.

Ocado (-14%) : Le supermarché en ligne britannique a revu à la baisse ses perspectives 2022, alors que les consommateurs se tournent vers des produits moins chers et achètent moins d'articles en raison de la crise du coût de la vie.

Meta Platforms (-11%) : Le groupe de Mark Zuckerberg a l'air d'être devenu une action à effet de levier sur le Nasdaq. Quand l'indice américain se fait tailler des croupières, l'entreprise est régulièrement plus sanctionnée que la moyenne du marché. 

Graphique Matières Premières
Matières premières

Energie : Le ralentissement économique en cours et ses conséquences sur la demande en pétrole, particulièrement en Chine, continuent d'affecter le sentiment des investisseurs. Dans son dernier rapport mensuel sur le marché, l'Agence internationale de l'énergie estime que la demande chinoise de pétrole devrait baisser de 420.000 barils par jour cette année. Par conséquent, les cours pétroliers s'apprêtent à enchaîner une troisième semaine de baisse consécutive et se négocient non loin de leur niveau plancher de l'année avec un Brent européen à 92 USD et un WTI américain à 86 USD le baril. En Europe, les ministres de l'énergie de l'Union européenne continuent à élaborer un plan pour éviter un nouvel emballement des prix du gaz. Un plafonnement des prix du gaz russe a finalement été écarté au profit d'une taxation des superprofits des compagnies pétrolières et d'un plan de sobriété énergétique pour l'hiver prochain.

Métaux : Le retour de l'aversion au risque a pesé sur le baromètre de l'économie mondiale, le cuivre, qui a perdu du terrain cette semaine à 7730 USD. L'aluminium a mieux résisté en raison de mauvaises nouvelles sur le front de l'offre, puisque des fonderies chinoises pourraient réduire encore davantage leur production en raison du rationnement de l'électricité dans certaines provinces chinoises. L'aluminium s'échange légèrement au-dessus de 2300 USD au LME. Concernant les métaux précieux, l'or a enfoncé à la baisse la barre des 1700 USD l'once. Le contexte inflationniste ne profite décidément pas à la relique barbare, pénalisée par le resserrement de la politique monétaire de la Réserve Fédérale et de la hausse des rendements obligataires qui va avec.

Produits agricoles : Les cours des céréales se sont globalement stabilisés à Chicago, où le blé et le maïs s'échangent à respectivement 840 et 670 cents le boisseau. L'Ukraine a déclaré que les superficies de semis de céréales d'hiver devraient chuter d'environ un tiers par rapport à l'année dernière en raison de la guerre mais aussi de la hausse des prix des engrais. 

Graphique Matières Premières
Macroéconomie

Ambiance : Coup de massue. Le marché pensait que l'inflation américaine avait entamé sa phase de décrue. Les chiffres d'août ont prouvé que non. Le décalage entre le sentiment des investisseurs et la réalité macroéconomique a provoqué un séisme mardi, visible dans la chute de plus de 4% du S&P500 et de plus de 5% du Nasdaq. Courber la mécanique complexe et insidieuse de l'inflation prendra du temps, sans doute plus qu'on ne le pense généralement. Dans un monde où tout va vite et où tout se doit d'être spectaculaire, la finance a l'air d'avoir oublié qu'il est parfois nécessaire de se hâter lentement.

Devises : Profitant de l'émoi de la disparition de la Reine Elizabeth, l'euro a repris un peu de terrain à la livre sterling, à 0,8746 GBP pour 1 EURO. Face au billet vert, la monnaie unique est revenue autour de la parité. Les banques centrales rivalisent de fermeté, ce qui a créé une sorte de statu quo cette semaine. Pour autant, les remous sur les marchés actions ont tendance à pousser les financiers à se recroqueviller sur les actifs les moins risqués, donc il existe un soutien de fond au dollar américain actuellement.

Taux : La publication d'une inflation plus élevée que prévu aux Etats-Unis en août a fait remonter les rendements de la dette américaine à 3,47% sur 10 ans. La rémunération du 2 ans grimpe pour sa part à 3,9%. En Europe, une BCE elle aussi combative a contribué à faire monter les enchères. Les taux à 10 ans vont de 4,25% en Grèce à 1,03% en Suisse. Le Bund est à 1,77% et l'OAT à 2,32%.

Cryptomonnaies : Le sursaut des cryptomonnaies la semaine dernière a été annihilé par le rechute des actifs à risque mardi. Le bitcoin se négocie à nouveau sous la barre des 20 000 USD. Quant à l'Ether, les derniers jours ont été difficiles : l'importante mutation technique qui a eu lieu dans la semaine sur la blockchain Ethereum s'est bien passée, mais les spéculateurs ont plutôt choisi de "vendre la nouvelle".

Calendrier : Les banques centrales font leur comeback. En même temps, elles ne sont jamais loin. Grosse densité malgré tout la semaine prochaine avec la décision de politique monétaire de la Fed mercredi 21, suivie jeudi 22 des décisions de la Banque du Japon, de la Banque nationale Suisse et de la Banque d'Angleterre, rien que ça. Pour compléter, les indicateurs PMI des principales économies arriveront vendredi 24. La journée sera fériée lundi au Japon (journée dédiée aux personnes âgées) et au Royaume-Uni (funérailles d’Elizabeth II).

Graphique de Cours
Péché d'optimisme
Les marchés actions ont reperdu en quatre jours tout ou partie de leurs gains de la semaine précédente. Les investisseurs ont été punis d'un excès de confiance sur la trajectoire des prix à la consommation aux Etats-Unis. Le retour de l'aversion au risque est symbolisé par cette chute de plus de 5% du Nasdaq mardi, dans le sillage des chiffres de l'inflation américaine. Pendant ce temps, la Chine peine à redémarrer et l'Europe est toujours engluée dans sa crise énergétique. Décidément, cette année 2022 vient rappeler de façon abrupte aux investisseurs que la douce torpeur qui a dominé la décennie précédente est révolue. Il faut s'attendre à de la nervosité jusqu'à l'annonce la semaine prochaine de la décision de politique monétaire de la Fed. Et peut-être encore après... D'ici là, bon weekend à toutes et à tous.
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*Les variations hebdomadaires des indices et des actions affichés sur le tableau de bord concernent la période du lundi à l'ouverture des marchés respectifs au vendredi à l'heure d'envoi de cette newsletter.
Les variations hebdomadaires des matières premières, métaux précieux et devises affichés sur le tableau de bord concernent une période sur 7 jours glissants du vendredi au vendredi jusqu'à l'envoi de cette newsletter. Ces actifs continuent de coter les weekends.