Vendredi 25
septembre
Le point hebdo de l'investisseur
intro L'aversion au risque a nettement ressurgi cette semaine, avec la recrudescence du nombre de contaminations à la Covid-19 en Europe, laissant craindre de nouvelles restrictions sanitaires et un impact marqué sur l'économie. Les places financières ont ainsi subi de lourds dégagements, les dernières données macroéconomiques allant par ailleurs dans le sens d'un ralentissement de la reprise. La nervosité reste donc palpable, d'autant plus avec les incertitudes sur le Brexit, sur le plan de relance américain et ce, à l'approche de la saison des résultats et des présidentielles américaines.
Indices

Sur la semaine écoulée, tous les indices ont perdu du terrain.
En Asie, le Nikkei résiste, avec une perte hebdomadaire de 0.67%. Le Hang Seng s'enfonce de 5% et le Shanghai composite de 3.7%.

En Europe, à l'heure de la rédaction de ce point, le CAC40 cède 5.3% sur la semaine, le DAX 5.2% et le Footsie 3%. Pour les pays périphériques de la zone euro, l'Italie recule de 4.3%, l'Espagne de 4.9% et le Portugal de 6%.

Aux Etats-Unis, les valeurs technologiques font toujours preuve de nervosité mais l'indice Nasdaq100 parvient à limiter la casse, avec un gain hebdomadaire de 0.3%. Le Dow Jones chute de 3% et le S&P500 de 2.1%.

Le Nasdaq100 revient à grands pas sur des zones charnières

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Matières premières

L'attentisme est palpable sur les marchés pétroliers, partagés entre la baisse des stocks américains et les préoccupations entourant la demande. La reprise de la production et des exportations libyennes a aussi pesé sur la tendance. Les références américaines et européennes se traitent ainsi en baisse, à 40 USD pour le WTI et 41.8 USD pour le Brent.

La vigueur du dollar et le redressement des rendements réels des obligations américaines secouent le compartiment de l'or. Le métal doré a ainsi enregistré sa pire semaine depuis le mois d'août en reculant de près de 4% en cinq jours à 1858 USD. Ce recul est encore plus violent sur l'argent, dont le cours a lâché 13% sur la semaine, à 22.7 USD.

L'heure est à la correction des cours sur le compartiment des métaux de base. Le cuivre consolide autour de 6538 USD la tonne métrique, le nickel corrige à 14179 USD, tandis que l'aluminium plonge à 1697 USD.

L'argent revient sur un support important (retracement en Fibonacci de 38%)

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Marchés actions

Snowflake

Voici l'histoire de deux français qui ont réalisé la plus grosse IPO de l'histoire pour une société de logiciel. Si l'aventure commence en 2012, c'est le 16 septembre dernier que Snowflake s'introduit en bourse au prix de 120 dollars.
Après une semaine de cotation au NYSE, le spécialiste du stockage numérique et du traitement de données pèse 61 milliards de dollars, soit l'équivalent d'un Dassault Systèmes ou un peu moins de trois fois celle de CapGemini.
L'engouement pour la société est tel que Salesforce et Berkshire Hathaway vont chacun investir 250 millions de dollars dans des placements privés au prix de l'IPO. Point significatif puisque la société de Warren Buffett n'est pas réputée pour investir dans des jeunes sociétés cotées qui plus est du secteur de la technologie. Sans doute parce que Snowflake profite d'une croissance à trois chiffres.

A la lecture du document d'enregistrement auprès de la SEC, son chiffre d'affaires a progressé de 104 millions de dollars au premier semestre 2019 à 242 millions de dollars au S1 2020 progressant ainsi de 132.6 %. A ce jour, elle compte 3 117 clients avec des marques connues comme Axa, Abode, Logitech ou encore Asics...
Néanmoins, la société n'a pas encore enregistré de trimestre avec un résultat net positif, en raison des coûts de développement importants.
Marché obligataire

Un peu d'aversion au risque s'est glissée sur le marché obligataire européen. Suite aux résultats relativement décevants de l'indice IFO et à la baisse persistante des indices boursiers, le rendement du Bund à dix ans est retombé à -0.51% tandis que celui de l'OAT française se stabilisait à -0.23%.
Les instruments de dette émis par la périphérie sud de la zone euro ont enregistré des résultats légèrement inférieurs à ceux de leurs homologues du noyau dur...L'Italie conserve néanmoins de bonnes conditions d'emprunt à dix ans, avec un taux de 0.87%, suite aux élections locales.

Hors zone euro et toujours très recherchée, la dette suisse se traite sur une base de rémunération à -0.53%.
Aux Etats Unis, le Tbond se raffermit légèrement à 0.66%, conséquence des hypothèses du CBO (Congressional Budget Office) sur l'évolution négative de la dette américaine.
Marché des changes

Le retour à la prudence profite largement aux monnaies refuges, à l'image du dollar qui regagne du terrain face à la monnaie unique (+300 points de base) à 1.1660 USD.

Le yen fait partie des supports également recherchés par les cambistes, ce qui permet à la devise nippone de se valoriser de 250 points de base face à l'euro (122.75 JPY). Cette dernière s'envole aussi face au franc suisse, à 0.875 CHF.

De son côté, la livre sterling reste malmenée. Les nouvelles restrictions attendues pour le Royaume-Uni, la crainte d'un échec des négociations sur le Brexit et la perspective d'un taux d'intérêt directeur négatif pèsent sur la devise. Le couple GBP /JPY perd 400 points de base pour se traiter à 134 JPY. Le câble suit la même tendance pour se négocier à 1.27 USD contre 1.30 USD, une semaine auparavant.

Du côté de l'hémisphère sud, les annonces de la banque centrale néo-zélandaise n'ont eu aucun impact notoire puisque la devise a continué de décrocher. L'établissement monétaire a laissé sa politique monétaire inchangée, son principal taux directeur restant ainsi fixé à 0.25 %. Le NZD s'échange à 0.65 USD contre le billet vert, soit une perte de 250 points.

Rebond du billet vert face à l'euro

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Statistiques économiques

Les statistiques américaines étaient contrastées cette semaine, à l'image des ventes de logements existants sous les attentes alors que les ventes de logements neufs étaient meilleures que prévu (1011K). Les inscriptions hebdomadaires au chômage remontent à 870K (845K attendu) tandis que les indices PMI manufacturier et services ont légèrement battu le consensus, à respectivement 53.5 et 54.6.

En zone euro, l'activité manufacturière a poursuivi son expansion, avec un indice PMI à 53.7 (51.5 attendu et 51.7 le mois dernier). En revanche, l'activité dans les services regresse (47.6 contre 50.5 le mois dernier).

La semaine prochaine sera beaucoup plus chargée, avec notamment la croissance américaine, l'ISM manufacturier, les commandes industrielles et surtout le rapport mensuel sur l'emploi américain.
Prise de contact avec la réalité

Après la compensation des contrats optionnels vendredi dernier, le nouveau mois boursier débute dans un climat stressant où les indices actions se trouvent davantage corrélés à la réalité. Ce glissement soudain vers l'aversion au risque prend sa source en partie dans les craintes d'une nouvelle dégradation de la crise sanitaire.
Sur le plan économique, les signes de ralentissement de la reprise, à l'image des derniers PMI très contrastés, s'ajoutent aux inquiétudes concernant les restrictions potentielles pour les citoyens.

Les acteurs du marché continueront probablement à se concentrer, avec des yeux d'aigle, sur ces thématiques complexes dans les jours à venir. Dans un tel contexte, il n'est pas surprenant de constater que les rendements des obligations souveraines continuent de baisser, confirmant les arbitrages vers les valeurs refuges.

Il va donc falloir des stimuli exogènes pour déclencher une rupture avec cette tendance, mais cela prendra forcément du temps, argument peu recevable par des acteurs de marché qui réagissent davantage à court terme.