Le coup de poing sur la table de la Banque Centrale Européenne, laquelle a procédé à un relèvement de 75 points de base du taux directeur (hausse record depuis 2011), a finalement été bien accueilli. Les principaux indices parviennent ainsi à reprendre des couleurs cette semaine, malgré des journées erratiques. Les regards devraient continuer de se tourner vers les chiffres de l'inflation, en attendant la décision de la Fed en fin de mois. La volatilité a de bonnes chances de perdurer, d'autant que la crise énergétique européenne apporte son lot de rebondissements.
Variations hebdomadaires*
CAC 40
6212  +0.73%Graphique
WORLDLINE +7.33%
KERING +5.26%
ENGIE +4.96%
AIRBUS SE -2.99%
THALES -3.08%
TOTALENERGIES SE -3.35%
STOXX EUROPE 600
420.37  +1.06%
Graphique STOXX EUROPE 600
S&P 500
4067.36  +3.65%
Graphique S&P 500
NIKKEI 225
28214.75  +2.04%
Graphique NIKKEI 225
GOLD
1716.17$  +0.48%
Graphique GOLD
LONDON BRENT OIL
92.25  -2.36%
Graphique LONDON BRENT OIL
EURO / US DOLLAR
1.00$  +1.36%
Graphique EURO / US DOLLAR
Tops / Flops de la semaine

GB Group (+40%) : La société américaine de capital-investissement GTCR envisage une offre potentielle sur l'éditeur de logiciel. Bloomberg a révélé hier cette information, confirmée depuis. Le prétendant a jusqu'au 4 octobre pour se confirmer ou passer son chemin.

Regeneron (+28%) : La société de biotechnologie a annoncé jeudi que deux essais cliniques pivots avec l'aflibercept ont atteint leur critères principaux dans les œdèmes maculaires diabétiques et la DMLA. Regeneron détient les droits aux Etats-Unis et Bayer à l'étranger.

Delivery Hero (+18%) : Le titre va faire son retour dans le DAX, après avoir été repoussé par Beiersdorf il y a trois mois. C'est HelloFresh qui en fait les frais. Par ailleurs, Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 73 EUR.

SolarEdge (+17%) : La hausse du coût de l'énergie aux Etats-Unis profite aux entreprises qui opèrent dans l'industrie des énergies renouvelables, qui se reprennent après un gros passage à vide durant l'été.

Rivian Automotive (+15%) : Mercedes-Benz Vans et l'Américain ont créé une entreprise commune pour produire des fourgonnettes électriques dans une usine en Europe centrale ou orientale au cours des prochaines années.

Caixabank (+10%) : La remontée des taux directeurs profite aux établissements bancaires européens, qui vont améliorer leurs revenus et leurs marges. Du moins tant que la dynamique économique tient.

 

Associated British Foods (-10%) : Le Britannique a prévenu d'une baisse probable de ses bénéfices l'année prochaine. Notamment du côté de son enseigne Primark. La publication "met en évidence un ralentissement de la demande", souligne Jefferies.

Var Energi (-10%) : La baisse des cours pétroliers a pesé sur les entreprises qui opèrent dans les énergies fossiles. Le Norvégien, filiale d'ENI, en fait partie.

Bilibili (-17%) : Le groupe chinois de streaming a creusé ses pertes au second trimestre. En parallèle, les prévisions sont inférieures aux attentes du marché pour le trimestre en cours. La sanction est immédiate. 

Ubisoft (-19%) :  La prime spéculative retombe sur le dossier, après l'annonce du renforcement de Tencent au capital, mais indirectement via la holding de la famille Guillemot. Ce faisant, le groupe chinois accepte aussi de ne pas chercher à prendre le contrôle dans les années à venir, ce qui douche les espoirs d'un rachat rapide.

Darktrace (-25%) : La société de capital-investissement Thoma Bravo décide finalement de ne pas faire d’offre de rachat sur le groupe britannique de cybersécurité. 

Graphique Matières Premières
Matières premières

Energie : Le pétrole a cédé du terrain cette semaine, poussant les prix du baril de Brent momentanément en dessous de la ligne des 90 USD. Ces niveaux de prix pourraient inciter les pays membres de l'OPEP à prendre davantage de mesures pour soutenir les prix, puisqu'à l'heure actuelle, le cartel élargi s'est accordé à réduire sa production de 100.000 barils par jour. Une mesure davantage symbolique qui vise à montrer que le cartel peut intervenir à tout moment pour soutenir le marché. Autre fait majeur de la semaine, la hausse surprise des stocks américains, qui ont progressé de 8,8 millions de barils alors que le consensus tablait plutôt sur une contraction de 2 millions. Cette hausse est liée à un tassement des exportations américaines mais également à une baisse des activités de raffinage.  Au niveau des prix, le Brent se négocie près de 92 USD le baril tandis que la référence américaine, le WTI, s'échange autour de 86 USD. Concernant le marché européen du gaz, où les prix restent volatils, les ministres de l'Union européenne se réunissent en cette fin de semaine afin de s'accorder sur une série de mesures ayant pour objectif d'enrayer la hausse des prix du gaz.

Métaux : Les prix des métaux industrielsse sont dans l'ensemble stabilisés au LME, à l'exception du cuivre, qui s'est nettement démarqué en enchaînant 4 séances de hausse à 7810 USD la tonne métrique. Les travailleurs de la plus grande mine du monde, celle d'Escondida au Chili (exploitée par BHP Group), vont entrer en grève pour demander de meilleures mesures de sécurité. Les opérateurs se souviennent d'un épisode similaire en 2017, qui avait durement resserré l'offre mondiale. Enfin, l'or a repris un peu de hauteur à 1720 USD.

Produits agricoles : L'accord sur l'exportation des céréales ukrainiennes a connu un nouveau rebondissement cette semaine puisque Vladimir Poutine l'a remis en question, en affirmant que cet accord profite davantage à l'Europe qu'aux pays pauvres, en proie à des problèmes de famine. Selon les données compilées par Bloomberg, la moitié des expéditions a bénéficié à l'Asie, au Moyen-Orient et à l'Afrique. Le cours du blé s'échange à 840 cents à Chicago, contre 673 cents pour le maïs. 

Graphique Matières Premières
Macroéconomie

Ambiance : L'Europe se met au diapason. La BCE a dégainé son gros tournevis pour relever ses taux de 75 points de base cette semaine, après les avoir remontés de 50 points en juillet. Un cycle de resserrement qui a démarré dans le pire des contextes possible puisque la crise de l'énergie crée des remous inédits depuis dix ans dans la zone euro et plus largement dans l'UE. A l'échelle globale, les indicateurs macroéconomiques se dégradent dans les économies occidentales, mais il n'y a pas encore de trou d'air. En Asie, l'économie chinoise a encore du mal à sortir de l'ornière. En tout cas, elle n'assume toujours pas le rôle de relance de l'activité que certains investisseurs espèrent lui faire endosser.

Taux : Le maintien d'un discours strict du patron de la Fed cette semaine a contribué à raffermir les rendements obligataires américains, avec un 10 ans rémunéré 3,31%, légèrement au-dessus du niveau de la semaine dernière. La hausse de taux de la BCE a entraîné un logique ajustement montant pour le Bund (1,71%), l'OAT (2,28%) et toutes les autres signatures européennes. Les dettes italiennes et grecques sont remontées au-dessus de 4% sur 10 ans.  

Devises : La Banque centrale européenne a donc rejoint le camp des "75", c’est-à-dire des banques centrales du monde qui ont décidé d'appliquer un remède de cheval pour contrer l'inflation en relevant leurs taux directeurs par vagues de 75 points de base. L'euro a un peu hésité à cette annonce avant d'opter pour la hausse. La monnaie unique a ainsi pu remonter au-dessus de la parité avec le dollar en fin de semaine. L'euro se négocie en parallèle 0,9665 CHF. Sur la fin de semaine, le dollar a aussi perdu du terrain face à d'autres devises. Notamment le yen, qui a réagi après avoir perdu le quart de sa valeur depuis le début de l'année. Les autorités japonaises ont en effet laissé planer le doute sur une éventuelle intervention pour soutenir leur devise.

Cryptomonnaies : Le bitcoin avait mal démarré la semaine mais semble l'achever dans de meilleures dispositions. La principale cryptomonnaie se rapprochait vendredi de la barre des 21 000 USD. La semaine prochaine sera importante pour l'univers crypto, puisque doit intervenir, entre le 13 et le 15 septembre, la fusion d’Ethereum qui passera de la preuve de travail à la preuve d’enjeu.

Calendrier : Le prochain gisement de volatilité pour la spéculation sur l'évolution des taux directeurs américains est programmé mardi avec l'inflation américaine du mois d'août. Les investisseurs suivront aussi aux Etats-Unis les ventes de détail (jeudi) et l'indice de confiance de l'Université du Michigan (vendredi), histoire de voir si le consommateur américain a toujours de l'appétit pour la dépense. La réunion de rentrée de la Fed est pour sa part programmée la semaine suivante, le 21 septembre, avec le dilemme désormais classique : 50 ou 75 points de hausse ?

Graphique de Cours
Sacré Graal
Les indices boursiers ont mis fin à trois semaines consécutives dans le rouge en rebondissant plus ou moins vigoureusement en fonction des places. Et en dépit des politiques austères adoptées par les banques centrales pour éviter une période prolongée d'hyperinflation, s'il vous plaît. Peut-être est-ce le signe d'une meilleure intégration des enjeux macroéconomiques par les investisseurs ? La série d'indicateurs attendus la semaine prochaine aux Etats-Unis permettra de prendre le pouls de la première économie du monde et d'estimer la marge de manœuvre dont bénéficie la Fed. Le Graal de toute banque centrale actuellement est de faire plier l'échine à l'inflation sans trop abîmer la dynamique économique. Certains pensent que c'est la quadrature du cercle. D'autres que le travail de sape finira par porter ses fruits. En attendant, cette semaine de respiration est la bienvenue. Bon weekend à toutes et à tous.
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