Vendredi 30
octobre
Le point hebdo de l'investisseur
intro Les places financières viennent d'enregistrer leur plus mauvaise semaine depuis début juin, sur fond d'inquiétudes concernant la propagation record de la Covid-19 qui a nécessité une nouvelle phase de confinement dans plusieurs pays européens. Les opérateurs ont ainsi opté pour de nets dégagements, redoutant un impact marqué sur l'économie mondiale. L'approche des élections américaines et l'absence de consensus au sujet d'un nouveau plan de relance américain ont également incité à la prudence. Cet excès de nervosité devrait perdurer dans les séances à venir, accentuant la volatilité sur les marchés.
Indices

Sur la semaine écoulée, le rouge domine très nettement, quelle que soit la zone géographique.
En Asie, le Nikkei a perdu 2.3%, le Hang Seng 3.2% et le Shanghai Composite 1.6%.

En Europe, les pertes sont encore plus significatives, à l'image du CAC40 qui se dégrade de 6.4%. Le Dax chute quant à lui de plus de 8.5%, avec le décrochage de 25% de SAP, sa plus grosse capitalisation. Pour le Footsie, les pertes s'élèvent à 4.8%.
Concernant les pays périphériques de la zone euro, le Portugal enregistre une perte hebdomadaire de 4.7%, l'Espagne de 6.6% et l'Italie de 6.9%.

Outre-Atlantique, à l'heure de la rédaction de ce point, le Dow Jones cède 6.9%, le S&P500 recule de 5.8% et le Nasdaq100 de 5.4%.
Matières premières

Les cours du Brent et du WTI plongent sous la barre des 40 USD le baril. L'intensification des mesures sanitaires en Europe est synonyme d'une moindre mobilité sur le Vieux continent et donc d'une baisse de la consommation de pétrole. Le Brent se négocie à 38.2 USD tandis que le WTI s'enfonce à 36 USD le baril.

Chute des indices actions ne rime pas forcément avec hausse des cours de l'or. Le métal doré a perdu du terrain cette semaine, lesté par la vigueur du billet vert. L'or revient ainsi sur ses plus bas niveaux du mois de septembre à proximité de 1860 USD. L'argent emprunte le même chemin à 23.3 USD.

Toutes les composantes du segment des métaux industriels enregistrent des baisses hebdomadaires, à l'exception du plomb qui rebondit à 1800 USD la tonne métrique. Le cuivre s'échange à 6690 USD, l'aluminium se traite à 1796 USD tandis que l'étain plonge à 17700 USD.


Retour de l'argent sur un niveau pertinent

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Marchés actions

Le Tesla chinois

NIO est un pionnier sur le marché chinois des véhicules électriques haut de gamme. L'entreprise conçoit et fabrique deux modèles de SUV, l'ES8 ainsi que l'ES6 et peut sans doute s'apparenter au Tesla chinois. NIO se démarque également par des services innovants comme le Power Swaps qui permet d'échanger sa batterie vide par une chargée en 3 minutes, le Power Mobile qui donne la possibilité de commander un camion pour recharger son SUV un peu partout et enfin, le Power Express, une application de recharge à la demande 24/24 qui fonctionne comme Uber centralisant l'ensemble de ses services.

L'entreprise chinoise va donc bien plus loin que la simple borne de recharge à domicile. NIO vient progressivement remédier aux problèmes d'autonomie et de recharge des véhicules électriques souvent considérés comme un frein à l'achat.

Cette stratégie se retrouve dans les derniers chiffres de l'entreprise puisque ses livraisons ne font qu'augmenter. NIO a, en effet, livré 12 206 véhicules au dernier trimestre, soit une augmentation de 154.3% d'une année sur l'autre, portant ainsi à 26 375 le nombre total de voitures livrées sur 2020.
En conséquence, les analystes s'attendent à une forte croissance des ventes, avec un CA de 4 951 en 2018 (en millions CNY, l'équivalent de 634.3 millions d'euros), qui devrait progresser à 43 467 d'ici 2022 (en millions CNY, l'équivalent de 5.6 milliards d'euros). Toutefois, les analystes estiment également que NIO ne devrait pas être bénéficiaire avant 2022. Comme avec Tesla, ce moment pourrait être un catalyseur pour le cours de bourse de NIO.

Récemment, la société a sorti de sa chaîne de production son 5000ème véhicule en l'espace d'un mois, une première rendue possible par une amélioration de sa ligne. Le titre NIO en a profité pour réaliser un bond de plus de 16% hier, portant ainsi sa performance sur 2020 à 695%, bien loin de Tesla qui enregistre une progression de 391%.

Parcours ascentionel du titre Nio

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Marché obligataire

Le temps est à la réduction des spreads de taux. Madame Lagarde a laissé entrevoir la perspective d'une augmentation de la taille de l'enveloppe globale du PEPP et d'un recalibrage de tous ses instruments existants, le cas échéant, en décembre. Ce sont surtout les titres de créances du segment périphérique qui ont bénéficié de ce communiqué de presse.

Les spreads du BTP-Bund se sont resserrés d'environ cinq points de base. Le rendement du titre allemand se stabilise à -0.62% ainsi que celui de l'OAT française à -0.33%, alors que le dix ans italien voit son taux tomber à 0.74%. Toujours dans le sud de l'Europe, les dettes du Portugal et de l'Espagne se rapprochent d'une rémunération bientôt négative, de respectivement 0.11% et 0.14%.

Outre-Atlantique, à J moins quelques jours des élections américaines et toujours sans plan de relance, la référence obligataire reste tendue, avec une remontée progressive à 0.82%.
Marché des changes

L'euro recule. En effet, la monnaie européenne est sur la défensive après les annonces de nouveaux confinements en Europe. Les mesures qui privilégient la sécurité sanitaire au détriment de l'économie dans l'ensemble des pays de la zone euro pénalisent la devise. L'EUR/USD se traite sous 1.17 USD et revient sur sa moyenne 20 semaines (voir graphique). Le niveau se veut pertinent.

Cette défaillance de l'euro se vérifie face au yen, grand gagnant de la situation stressante. L'EUR/JPY cède 200 points de base sur la semaine et se traite à 122.5 JPY.

La devise japonaise se bonifie face à l'ensemble de ses contreparties en tant que devise refuge. La parité USD/JPY se négocie sur un plus bas de 6 mois à 104 JPY. Une fois n'est pas coutume, nous mettons en avant le parcours du Bitcoin qui vient de toucher un plus haut depuis janvier 2018, à 13 850 USD, progressant ainsi de plus de 12% en une semaine.
Ce parcours gagnant provient en partie de l'annonce faite par Paypal d'accepter cette devise cryptée comme monnaie de paiements.

Consolidation de l'EUR/USD

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Statistiques économiques

Les statistiques étaient mitigées pour l'Allemagne cette semaine. L'IFO recule à 92.7, les ventes au détail de 2.2% (consensus -0.6%) alors que le PIB progresse de 8.2% au T3 (-9.7% au T2) et les prix à l'importation grimpent de 0.3% (-0.3% attendu).
Pour la France, les dépenses de consommation ont chuté de 5.1% (consensus -1.5%), l'indice CPI ressort à -0.1% mais le PIB rebondit plus que prévu (+18.2% contre +15% attendu) alors qu'il avait reculé de 13.7% au T2.

Concernant la zone euro, l'indice CPI était conforme aux attentes à -0.3%, le PIB rebondit de 12.7% au T3 (-11.8% au T2) et le taux de chômage reste inchangé à 8.3%.

Aux Etats-Unis, les données macroéconomiques ont globalement rassuré. Les commandes de biens durables rebondissent de 0.8%, l'indice manufacturier de Richmond remonte à 29 tout comme l'indice du Michigan à 82.18, le PIB bondit de 33.1% au troisième trimestre (-31.4% au T2), les dépenses et revenus des ménages progressent de respectivement 1.4% et 0.9%. L'indice du Conference Board a, en revanche, déçu à 100.9 et les ventes de logements anciens reculent de 2.2%.
Toujours plus

La période que l'on vit se veut hyper stressante avec des économies et surtout des libertés qui se trouvent fortement impactées «administrativement» au titre du sanitaire.

Les nations, aidées par les banques centrales, doivent toujours faire plus. Le « quoi qu'il en coûte » peut se faire car les conditions d'endettement des Etats se veulent exceptionnelles, avec des taux souvent négatifs ou proches de zéro.

La thématique qui germe sur les marchés financiers consiste dorénavant à imaginer le profil futur de la croissance. Après un nouveau choc récessif massif pour ce dernier trimestre dans les régions du monde reconfinées, quel sera le potentiel de reprise sur 2021? L'arsenal de mesures monétaires et budgétaires devrait l'aider mais cela dépendra une nouvelle fois de l'état sanitaire.