TOKYO, 15 septembre (Reuters) - Greg Kelly, ancien administrateur de Nissan poursuivi par la justice japonaise, a nié mardi les accusations selon lesquelles il a aidé son ancien patron Carlos Ghosn à dissimuler une partie de ses revenus au fisc.

Au premier jour de son procès à Tokyo, près de deux ans après que les deux hommes ont été arrêtés par les procureurs japonais, l'avocat américain âgé de 64 ans a plaidé son innocence en l'absence de son co-accusé Carlos Ghosn, président déchu du constructeur automobile japonais et de Renault qui a fui au Liban en toute fin d'année dernière.

Un représentant de Nissan a déclaré au juge que l'entreprise, elle aussi inculpée dans cette affaire, ne contestait pas les accusations la visant.

Vêtu d'un costume gris sombre et d'une cravate rouge rayée, muni d'un masque de protection, Greg Kelly a dit "rejeter les accusations" à son encontre. "Je n'ai pas été impliqué dans un complot criminel", a-t-il déclaré.

"M. Ghosn était un dirigeant extraordinaire", a ajouté l'ancien administrateur de Nissan, équipé d'écouteurs afin que les propos de la cour, majoritairement en japonais, lui soient traduits en anglais.

Greg Kelly, remis en liberté sous caution en 2018, est accusé d'avoir aidé Carlos Ghosn à dissimuler plus de 9 milliards de yens (environ 72 millions d'euros) de ses revenus sur une période de huit ans.

Le procès pourrait durer environ un an. Kelly, qui fêtait d'une étrange manière son 64e anniversaire mardi, risque jusqu'à dix ans de prison et une amende de 10 millions de yens (environ 79.000 euros).

Plusieurs cadres du constructeur japonais sont appelés à comparaître, parmi lesquels l'ancien directeur général Hiroto Saikawa qui pourrait éclairer la cour sur les pratiques internes chez Nissan.

Carlos Ghosn, qui dément les accusations de malversations financières et d'abus de confiance le visant, a fui en décembre dernier au Liban alors qu'il se trouvait en résidence surveillée à Tokyo dans l'attente de son procès.

Il a expliqué sa fuite en se disant persuadé qu'il n'aurait pas bénéficié d'un procès équitable au Japon.

Il s'est également présenté en victime d'un putsch fomenté au sein du conseil d'administration visant à mettre fin à l'influence de Renault et de l'Etat français dans l'alliance mise en place avec le constructeur automobile japonais.

Dans leur déclaration liminaire, les procureurs ont affirmé mardi que Greg Kelly et d'autres cadres de Nissan avaient étudié les moyens de réduire les déclarations fiscales de Carlos Ghosn après l'entrée en vigueur en 2010 de nouvelles règles encadrant la communication sur les rémunérations des mandataires sociaux.

Ces pistes tournaient notamment autour de l'octroi de prêts qu'il n'aurait pas à rembourser, de la cession à prix réduits de biens immobiliers ou de paiements différés jusqu'à son départ.

Les avocats de Greg Kelly ont riposté en déclarant que les entreprises ne devaient déclarer que les paiements effectués. Ils ont ajouté que l'implication de leur client dans les réflexions sur la rémunération de Ghosn était restée limitée.

Le procès se poursuit mercredi. (version française Jean Terzian et Henri-Pierre André, édité par Blandine Hénault)