C'est j'imagine le moment d'enterrer quelques-unes de nos certitudes et de nous souvenir humblement que les événements qui construisent l'Histoire sont souvent ceux qui avaient peu de chances de se produire dans l'imaginaire collectif. J'ignore si Vladimir Poutine est devenu fou – son discours nocturne contient quelques passages lunaires – ou s'il a juste acquis la certitude que l'Occident n'a pas vraiment les moyens de s'opposer à ses desseins. Toujours est-il qu'il a lancé une opération de grande ampleur en Ukraine, qui semble aller au-delà de l'annexion larvée des zones prorusses. Ce qui n'empêche pas le président russe de continuer à user d'un double langage, en déclarant que rien ne sera imposé par la force et que le plan du Kremlin ne prévoit pas d'occupation du territoire ukrainien.

Les marchés financiers ont et vont fortement réagir à cette offensive. Hier, les investisseurs s'étaient reposés sur leurs lauriers en considérant que la Russie allait se cantonner à un soutien diffus aux régions sécessionnistes du pays tout en étant mollement sanctionnée financièrement par le reste du monde. La bourse russe n'a pas ouvert à l'heure normale : quand elle l'a fait, elle a lourdement chuté (-28% pour le MOEX, l'indice russe en rouble). En Europe, les indicateurs avancés sont évidemment fortement baissiers à l'heure où j'écris ces lignes, alors que les indices avaient plutôt bien tenu le choc hier. Wall Street avait finalement perdu pas mal de terrain et devrait continuer à le faire au regard de la tête des "futures" ce matin, même s'il peut se passer pas mal de choses d'ici l'ouverture aux Etats-Unis. Quant à l'indice de volatilité VIX, l'indice de la peur, il repasse le cap des 30 points pour s'approcher à nouveau de son niveau de tension le plus élevé du début d'année.

Les conséquences immédiatement visibles de l'agression russe concernent :

  • Le pétrole, avec un Brent qui a passé le cap symbolique des 100 USD (à 102 USD autour de 7h00). C'est évidemment mauvais pour les économies pour tout un tas de raisons et cela nous renvoie une fois de plus à l'inflation.
  • Les matières premières agricoles, qui flambent aussi puisque la Russie et l'Ukraine sont des gros producteurs de céréales. C'est mauvais aussi pour tout un tas de choses, et bien sûr encore et toujours la hausse des prix.
  • Les métaux industriels, à l'image de l'aluminium qui s'envole au-dessus de ses records de 2008. Même remarque que précédemment.
  • L'or, qui remonte fort à 1943 USD l'once et qui joue son rôle de valeur refuge.
  • Les cryptomonnaies, qui plongent (-7% sous les 35 000 USD pour le bitcoin). Pour le coup les masques tombent et le statut de refuge dont on cherchait à les parer dernièrement n'a pas résisté.
  • Les dettes souveraines : l'aversion au risque fait monter le prix des obligations d'Etat américaines et chuter leur rendement de 12 points à 1,87%.
  • Les marchés boursiers qui sont ouverts avec des baisses de 2 à 3% pour Tokyo, Sydney ou Hong Kong en fin de parcours.

Au-delà des réactions épidermiques des marchés financiers, l'offensive russe pose évidemment la question des visées expansionnistes réelles de Vladimir Poutine, aux portes de l'Union européenne. La réaction trop molle des chancelleries occidentales est probablement aussi une excellente indication pour d'autres régimes autoritaires. Au hasard, la Chine vis-à-vis de Taiwan. L'encre va couler à flots sur les conséquences économiques plus profondes de l'invasion, avec une multiplication de scénarios hypothétiques et autres réjouissances théoriques.

Voilà où nous en sommes ce matin, en attendant la litanie des réactions outrées et le probable durcissement des sanctions visant la Russie, ses avoirs et ses connexions avec le reste du monde. Les indices européens vont ouvrir en très forte baisse. Le CAC40 a démarré la séance en baisse de 4,3% à 6489 points.

Les temps forts économiques du jour

Direction les Etats-Unis à 14h30 avec une nouvelle estimation du PIB du T4 2021, les nouvelles demandes d'allocations chômage hebdomadaires et l'indice d'activité de la Fed de Chicago. A 16h00, place aux ventes dans l'immobilier neuf, avant à 17h00 les stocks pétroliers hebdomadaires du DOE.

 L'euro recule à 1,1225 USD. L'once d'or atteint 1940 USD. Le pétrole flambe à 101 USD le Brent et 96,1 USD le WTI. Le rendement de la dette américaine à 10 ans recule à 1,88%. Le bitcoin décroche à 35 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Almirall : Deutsche Bank passe de conserver à acheter en visant 14 EUR.
  • Aquafil : Kepler Cheuvreux reste acheteur avec un objectif relevé de 8,60 à 8,80 EUR.
  • Banco de Sabadell : Jefferies passe de sousperformance à conserver en visant 1 EUR.
  • Bankinter : Jefferies passe de sousperformance à conserver en visant 5,50 EUR.
  • Biocartis : Kempen passe de conserver à acheter en visant 4 EUR.
  • BPER Banca : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 3,10 EUR.
  • Carrefour : Berenberg reste à conserver avec un objectif relevé de 17 à 18,80 EUR.
  • Coca-Cola HBC : Société Générale passe de vendre à conserver en visant 2255 GBp.
  • Comet : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 391 à 376 CHF.
  • Davide Campari : Deutsche Bank passe de conserver à acheter en visant 12,27 EUR.
  • Dormakaba : Research Partners passe de conserver à acheter en visant 850 CHF.
  • Electrolux : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 223 à 211 SEK.
  • ERG : Barclays reprend le suivi à surpondérer en visant 38 EUR.
  • Eurofins : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 105 EUR.
  • Faurecia : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 48 à 47 EUR.
  • GEA Group : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 43 EUR.
  • Nagarro : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 172 EUR.
  • Paradox Interactive : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 175 à 185 SEK.
  • Pirelli : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 5 à 5,90 EUR.
  • Rio Tinto : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 5100 à 5700 GBp.
  • Unicredit : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 19 à 20 EUR.
  • VAT Group : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 450 à 420 CHF.

En France

Principales publications de résultats

  • Accor : retour des bénéfices en 2021, mais le cash-flow est resté négatif de 246 M€.
  • Arkema : les objectifs 2024 sont confirmés après un exercice marqué par une marge record. Le dividende est porté à 3 EUR.
  • AXA : l'assureur a dégagé un bénéfice net record en 2021 et se dit confiant sur ses objectifs.
  • Bouygues : les revenus et les bénéfices vont poursuivre leur ascension en 2022. Un coupon de 1,80 EUR est proposé.
  • Eiffage : devrait une nouvelle croissance de ses bénéfices en 2022.
  • Eramet : l'Ebitda dépasse 1 Md€ grâce au repositionnement. L'objectif est fixé à 1,2 Md€ cette année.
  • Safran : l'activité s'est contractée un peu plus que prévu en 2021. Le groupe vise 13% de marge opérationnelle courante cette année (11,8% en 2021).
  • Sopra Steria : le taux de marge opérationnelle d'activité à 8,1% (7% en 2020 et 8% en 2019). Le dividende passe de 2 à 3,20 EUR. La croissance organique atteindra 5 à 6% cette année et la marge 8,5 à 9%.

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le monde

Principales publications de résultats

  • Adecco : le groupe a vu sa rentabilité opérationnelle reculer au T4 2021, alors que les revenus ont légèrement progressé. Le montant du dividende reste inchangé.
  • Anheuser-Busch Inbev : la croissance organique est plus dynamique que prévu au T4. L'Ebitda juste en ligne.
  • Deutsche Telekom : l'opérateur allemand a publié des bénéfices supérieurs aux prévisions en 2021.
  • Mercedes : Mercedes-Benz va augmenter son dividende après de robustes résultats en 2021
  • Rolls-Royce : les résultats sont inférieurs aux attentes en 2021.

Annonces importantes (et autres)

Lectures