PARIS (Reuters) - Les actions européennes ont terminé en hausse pour la troisième séance d'affilée jeudi et Wall Street poursuivait son rebond à mi-séance, les investisseurs privilégiant la prise de risque après les décisions très attendues de plusieurs des principales banques centrales de la planète, en laissant de côté des indicateurs économiques mitigés et les incertitudes du dossier Evergrande.

À Paris, le CAC 40 a gagné 0,98% (64,98 points) à 6.701,98 points, sa première clôture à plus de 6.700 depuis le 7 septembre, et à Francfort, le Dax a pris 0,88% tandis qu'à Londres, le FTSE 100 avançait de 0,07% freiné par la hausse de la livre sterling.

L'indice EuroStoxx 50 a progressé de 1,08%, le FTSEurofirst 300 de 0,93% et le Stoxx 600 de 0,93%.

Au moment de la clôture en Europe, Wall Street évoluait elle en nette hausse, le Dow Jones s'adjugeant 1,56%, le Standard & Poor's 500 1,28% et le Nasdaq Composite 0,8%, grâce entre autres au relèvement des prévisions de résultats de Salesforce (+5,50%) et Accenture (+1,43%).

Après la Réserve fédérale, qui a expliqué mercredi qu'elle pourrait réduire ses achats d'obligations dès novembre et relever les taux d'intérêt dès 2022, la Norges Bank, la banque centrale de Norvège, a relevé son taux directeur, une première pour un pays du G10 depuis le début de la crise du coronavirus, et la Banque d'Angleterre a constaté que les arguments en faveur d'un resserrement de sa politique s'étaient renforcés, principalement avec l'accélération de l'inflation.

Ces annonces, anticipées pour une bonne part, sont loin de préoccuper les investisseurs, qui ignorent en outre les derniers signes en date de dégradation de la conjoncture économique.

Les actions profitent aussi de l'apaisement au moins temporaire des inquiétudes suscitées par Evergrande, qui semble avoir évité un défaut sur les intérêts dus ce jeudi sur un emprunt obligataire. L'action du géant chinois de l'immobilier cotée à Hong Kong a fini la journée sur un gain de 17,62%.

Le dossier est toutefois loin d'être clos, plusieurs échéances financières délicates se profilant dans les jours et les semaines à venir.

LES INDICATEURS DU JOUR

En Europe, les premiers résultats des enquêtes d'IHS Markit auprès des directeurs d'achats (PMI) montrent un ralentissement général de la croissance de l'activité dans le secteur privé en septembre.

La tendance est similaire aux Etats-Unis, où les PMI "flash" reflètent une croissance de l'activité du privé au plus bas depuis 12 mois, l'indice composite revenant à 54,5 en première estimation.

Les inscriptions au chômage ont par ailleurs augmenté la semaine dernière à 351.000 alors que le consensus Reuters les donnait en baisse.

VALEURS

Tous les grands secteurs de la cote européenne ont fini la journée en territoire positif, la meilleure performance étant pour celui des banques (+2,16%), qui a profité de la hausse des rendements obligataires. A Paris, Crédit agricole a gagné 2,65%, Société générale 2,58%, BNP Paribas 2,26%.

Le compartiment des hautes technologies a pris 1,7% dans le sillage du Nasdaq et celui de l'automobile (+1,38%) a été tiré par l'équipementier Faurecia (+6,69%), dont la prévision de trésorerie solide a pris le pas sur la révision à la baisse des perspectives de résultats 2021.

Dans le sillage de Faurecia, Valeo a gagné 8,39% et l'allemand Continental 2,46%.

CHANGES

Le dollar continue de souffrir du regain d'appétit pour le risque et cède 0,42% face à un panier de référence, permettant à l'euro de remonter à 1,1737, contre 1,1682 au plus bas mercredi.

Mais la grande gagnante du jour sur le marché des devises est la livre sterling, dopée par les annonces de la Banque d'Angleterre: elle s'apprécie de plus de 0,8% face au billet vert et de plus de 0,4% face à l'euro.

La couronne norvégienne a elle aussi brillé après le relèvement de taux décidé à Oslo, atteignant son plus haut niveau depuis juin face à l'euro

TAUX

Déjà orientés à la hausse en début de journée après les annonces de la Fed, les rendements obligataires de référence ont amplifié leur remontée après celles de la Norges Bank et de la Banque d'Angleterre.

Celui du Bund allemand à dix ans, référence pour la zone euro, affiche ainsi un gain de plus de cinq points de base sur la séance à -0,258%, au plus haut depuis début juillet, et son équivalent américain plus de trois points à 1,3976%.

Le dix ans britannique, lui, a bondi de plus de neuf points à 0,908%, intégrant la probabilité accrue d'une hausse de taux début 2022.

PÉTROLE

Le marché pétrolier profite de la hausse continue de la demande de carburants et de la diminution plus prononcée qu'anticipé des stocks aux Etats-Unis.

Le Brent gagne 1,37% à 77,23 dollars le baril après un plus haut de mois à 77,26 et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) prend 1,73% à 73,48 dollars.

par Marc Angrand