FRANCFORT (Reuters) - La présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, a déclaré mardi que le taux de dépôt de l'institution, actuellement à -0,5%, pourrait remonter à zéro ou "légèrement au-dessus" de ce niveau d'ici la fin du mois de septembre.

"Nous passerons très probablement en territoire positif à la fin du troisième trimestre", a déclaré Christine Lagarde lors d'une interview accordée à Bloomberg TV, confirmant ainsi ses propos tenus la veille.

"Quand on sort des (taux) négatifs, on peut être à zéro, on peut être légèrement au-dessus de zéro. C'est quelque chose que nous déterminerons sur la base de nos projections et (...) de nos indications sur la trajectoire future des taux", a-t-elle précisé.

Les investisseurs s'interrogent sur l'ampleur des hausses de taux à venir depuis que le président de la banque centrale des Pays-Bas, Klaas Knot, a évoqué la semaine dernière l'éventualité d'une hausse de 50 points de base du taux de dépôt.

Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a pris part au débat mardi en déclarant que cette option "ne fais[ait] pas partie du consensus à ce stade" au sein du Conseil des gouverneurs.

Christine Lagarde avait déclaré lundi que l'ère des taux négatifs devrait prendre fin d'ici la fin du mois de septembre, ce qui, pour de nombreux investisseurs, se traduit par un taux de dépôt à zéro après deux relèvements d'un quart de point.

Les marchés monétaires intègrent désormais des hausses du taux de dépôt de 63 points de base d'ici la réunion de la BCE du 14 septembre et de 108 points de base d'ici la fin de l'année.

Depuis plusieurs des mois, l'inflation dans la zone euro dépasse largement ce qu'avait anticipé l'institution, atteignant le mois dernier le niveau record de 7,4% sur un an, ce qui amène la BCE, comme d'autres grandes banques centrales, à accélérer la normalisation de sa politique monétaire.

François Villeroy de Galhau a déclaré que la BCE devrait ramener la croissance des prix autour de l'objectif de 2% d'ici 2024.

Christine Lagarde a toutefois insisté ce mardi sur le fait que la banque centrale n'agirait que progressivement car l'inflation est tirée par l'offre, faisant allusion à la hausse des prix du carburant avec la guerre en Ukraine et aux restrictions liées au COVID-19 en Chine, plutôt que par la demande.

"Je ne pense pas que nous soyons dans une situation d'envolée de la demande en ce moment", a-t-elle dit. "Il s'agit clairement d'une inflation alimentée par l'offre".

(Reportage Francesco Canepa, version française Laetitia Volga, édité par Marc Angrand et Sophie Louet)