Le chassé-croisé des indices boursiers s'est donc poursuivi hier, avec un rebond européen suivi d'une séance assez décousue aux Etats-Unis. Le Dow Jones a été tiré vers le haut par le bond de 7,8% d'IBM après ses résultats et par la hausse de ses deux poids lourds, UnitedHealth et The Home Depot. Le plus vieil indice boursier du monde est assez singulier puisque l'influence des actions qui le composent est fonction de leur cours, et pas de leur poids boursier. Ainsi l'assureur UnitedHealth, dont l'action vaut 546 USD, a trois fois plus d'influence que celle d'Apple, qui cote 167 USD, alors même que la capitalisation de la marque à la pomme est plus de cinq fois supérieure. C'est un héritage du passé, alors que les indices dits modernes sont calculés à partir de la capitalisation des entreprises qui le composent, plus généralement même de la capitalisation flottante, c’est-à-dire de la part du capital réellement disponible à la vente. C'est le cas du S&P500, qui a lui cédé 0,06%, plombé par Amazon (-2,6%), Meta Platforms (-7,8%) et Tesla (-5%), même si les résultats publiés par le constructeur automobile après la clôture ont fait rebondir le titre hors-séance.

Et puis il y a bien sûr le -35% de Netflix après la douche froide sur le recul du nombre d'abonnés du service de streaming, dont je parlais hier. La débâcle du titre a emporté le groupe qui est désormais considéré comme son rival, Walt Disney, dont l'action a chuté de 5%. Les investisseurs ont l'air de se demander si le secteur n'est pas en train de rentrer dans le rang comme un bon vieux business de télévision traditionnelle, ce qui les fait beaucoup moins rêver que la bluette du champ de croissance à peu près vierge du streaming qui avait alimenté l'engouement pour Netflix depuis dix ans. Même des investisseurs chevronnés comme le célèbre financier Bill Ackman s'y sont fait prendre : son fonds Pershing Square, qui avait lourdement investi dans la promesse d'un retour à meilleure fortune de Netflix en début d'année, a bazardé hier ses positions dans l'urgence, comme un vulgaire petit porteur tombé amoureux de la dernière biotech à la mode. Avec une moins-value évaluée à 430 M$, dans une opération qui rejoindra sûrement celles sur Valeant ou Herbalife parmi les casseroles que traîne Ackman.

En Europe, l'indice large STOXX Europe 600, qui fonctionne comme le S&P500 à partir des capitalisations flottantes, a rebondi hier, soutenu par l'excellent accueil réservé aux résultats du géant néerlandais de machines à produire des semiconducteurs, ASML. L'action, la seconde plus influente de l'indice derrière Nestlé, a gagné 5,3% à la clôture. La bonne tenue des valeurs cycliques comme LVMH et L'Oréal a également aidé.

On reste dans l'univers des publications d'entreprises aujourd'hui sur les marchés occidentaux. Après Carrefour ou Tesla hier soir, ce sera au tour de Nestlé, BHP Group, Danaher, Philip Morris ou Kering d'entrer en lice aujourd'hui. L'agenda Zonebourse donne 16 entreprises pesant plus de 50 Mds$ et 40 capitalisant entre 10 et 50 Mds$. Les chiffres trimestriels rassurants sont indubitablement un moteur puissant pour les marchés actions ces derniers jours, d'autant plus important qu'il n'y a pas beaucoup d'autres catalyseurs haussiers.

A l'échelle économico-politique, le débat de l'entre-deux tours entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen en France n'a pas permis aux bretteurs de faire bouger les lignes. A l'Est de l'Europe, pendant que la Russie teste un missile balistique, les combats continuent à Marioupol. Le Livre Beige publié hier par la Fed n'a rien révélé que l'on ne sache déjà. La petite poussée de fièvre sur les rendements de la dette américaine a l'air d'être retombée et le cap de 3% de rémunération sur dix ans n'a pas été franchi. Il reste neuf séances de bourse avant que la banque centrale américaine ne dégaine sa prochaine hausse de taux, avec une issue moins incertaine qu'un second tour d'élection présidentielle française : l'outil de prédiction FedWatch du CME donne 95,4% de probabilité à une hausse de taux d'un demi-point.

Ce matin, l'ambiance est à la poursuite du rebond en Europe, avec la dernière vague de publications. Les places d'Asie Pacifique sont en hausse, à l'exception de la Chine où l'on s'attendait à des mesures de soutien économiques plus marquées de la part de Pékin dans un contexte de prudence vis-à-vis des mesures prises pour combattre le coronavirus. Le CAC40 gagne 0,5% à 6660 points peu après l'ouverture. 

Les temps forts économiques du jour

L'inflation européenne de mars (11h00) précèdera l'indice Philly Fed d'avril et les statistiques d'inscriptions hebdomadaires au chômage aux Etats-Unis (14h30). Tout l'agenda macro ici.

L'euro et le dollar se neutralisent à 1,0827 USD. L'once d'or s'échange à 1951 USD. Le pétrole est peu éloigné de ses cours de la veille avec un Brent de Mer du Nord à 107,47 USD le baril et un brut léger américain WTI à 103,03 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans recule à nouveau à 2,86%. Le bitcoin est à cheval sur les 42 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Air Liquide : Stifel passe de conserver à acheter en visant 197 EUR.
  • Aviva : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 435 à 460 GBp.
  • ASML : Crédit Suisse reste à surperformance avec un objectif relevé de 945 à 960 EUR.
  • Danone : Crédit Suisse reste neutre avec un objectif relevé de 54 à 56 EUR. Bernstein passe de surperformance à performance de marché en visant 56 EUR.
  • Demant : Jefferies reprend le suivi à l'achat en visant 360 DKK.
  • Deutsche Post : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 67 à 64 EUR.
  • Hornbach : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 150 EUR.
  • JCDecaux : J.P. Morgan reste neutre avec un objectif de cours réduit de 27,50 à 22,70 EUR.
  • Kuehne + Nagel : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit 350 à 340 CHF.
  • L'Oréal : RBC reste neutre avec un objectif de cours relevé de 260 à 282 EUR.
  • National Grid : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 1210 GBp.
  • Piaggio : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 3,40 EUR.
  • Royal Vopak : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 35 à 32 EUR.
  • Sonova : Jefferies reprend le suivi à conserver en visant 400 CHF.
  • ThyssenKrupp : Jefferies reprend le suivi à l'achat en visant 12,65 EUR.
  • TotalEnergies : HSBC passe de conserver à acheter en visant 53 EUR.

En France

Résultats des sociétés

  • Carrefour : les revenus trimestriels sont conformes aux attentes et les prévisions sont confirmées.
  • Edenred : les revenus sont en vive hausse au T1. Les objectifs sont confirmés.
  • Eurofins : les objectifs 2022 sont relevés après le T1.
  • Getlink : le chiffre d'affaires bondit de 46% au T1 sur un an, avec la reprise des échanges transmanche.
  • Rexel : l'activité du 1er trimestre était en hausse de 16% en données comparables. Les objectifs sont réitérés.
  • Sartorius Stedim Biotech : les objectifs 2022 sont confirmés après un T1 en hausse de 27,6% en données comparables.

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le monde

Résultats des sociétés

  • ABB : les résultats du T1 sont en ligne avec les attentes, tandis que les entrées de commandes sont bien plus élevées.
  • Nestlé : la croissance organique du T1 a atteint 7,6%, contre 5,1% attendu par le marché.
  • Tesla : l'action reprend 5% hors séance après la publication des comptes du T1.
  • United Airlines : le titre rebondit de 7% hors séances après ses trimestriels.

Annonces importantes (et autres)

Lectures