La monnaie chinoise n'est pas entièrement convertible et la Banque centrale du pays fixe chaque jour un taux pivot, de part et d'autre duquel elle autorise une fluctuation de plus ou moins 2%. L'appréciation du yuan est en partie liée "au rebond de l'économie chinoise depuis la mi-2020, ainsi qu'à la dépréciation du dollar face aux principales devises mondiales", estime pour l'AFP l'analyste Rajiv Biswas, du cabinet IHS Markit. 

Depuis mai, son niveau le plus bas cette année, le yuan a gagné plus de 7% face au dollar. Premier pays touché l'an dernier par le nouveau coronavirus, la Chine est aussi la première grande économie à s'en être remise.

Lundi, le géant asiatique a annoncé une croissance en hausse sur un an de 4,9% au troisième trimestre, au moment où la plupart des grandes économies restent plombées par le Covid-19. La Chine devrait ainsi être le seul grand pays à connaître une croissance positive cette année. "Le yuan continue à s'apprécier en raison d'un contexte économique favorable" pour la Chine, relève Stephen Innes, analyste du courtier AxiCorp. Une hausse trop forte du yuan risque toutefois de "freiner la compétitivité des exportations chinoises et menacer la reprise en Chine", prévient l'analyste Ken Cheung, de la banque Mizuho.

"Atténuer les tensions"

Les exportations sont l'un des piliers de l'économie du géant asiatique. Un yuan plus fort a pour effet d'augmenter les prix en dollars des biens chinois.

En septembre, les exportations ont augmenté de 9,9% sur un an. Le contexte sanitaire et la forte demande en produits contre le Covid-19 ou pour le télétravail (ordinateurs, téléphones, écouteurs notamment) ont largement porté les commandes chinoises.

"Un yuan plus fort permet également d'atténuer les tensions économiques avec les Etats-Unis", à l'approche de la présidentielle du 3 novembre, souligne M. Biswas, à l'heure où les relations entre les deux puissances sont au plus bas.

Les marchés semblent anticiper une victoire de Joe Biden à la présidentielle américaine, croit savoir M. Innes. Cette perspective peut faire espérer une atténuation des tensions commerciales entre les deux géants du Pacifique.

Washington accuse de longue date le géant asiatique de manipuler sa monnaie pour soutenir sa croissance.

L'administration Trump s'est aussi lancée en 2018 dans une guerre commerciale avec la Chine, qu'il accuse d'être largement responsable de l'énorme déficit commercial des Etats-Unis.

Cet affrontement s'est traduit par des surtaxes douanières supplémentaires réciproques portant sur de nombreuses marchandises et qui ont déstabilisé l'économie mondiale.

Pékin et Washington ont toutefois signé une trêve en janvier, juste avant que le monde ne soit paralysé par l'épidémie de Covid-19.

afp/jh