LONDRES/WASHINGTON (Reuters) - Le gouvernement américain s'est entretenu avec plusieurs entreprises énergétiques internationales de plans de secours pour approvisionner l'Europe en gaz naturel dans l'hypothèse où le conflit entre la Russie et l'Ukraine venait à perturber les livraisons russes de gaz, a appris vendredi Reuters de deux représentants américaines et de deux sources industrielles.

Washington craint que Moscou prépare une nouvelle offensive militaire contre l'Ukraine, après avoir annexé la péninsule de Crimée en 2014. La Russie dit avoir déployé des soldats à la frontière ukrainienne uniquement à des fins défensives et nie tout projet d'invasion de son voisin.

Environ un tiers de l'approvisionnement de l'Europe en gaz dépend de la Russie, des livraisons qui pourraient être perturbées par les sanctions que les Etats-Unis ont menacé de prendre compte la Russie si celle-ci venait à attaquer l'Ukraine.

Une éventuelle perturbation des livraisons de gaz en provenance de la Russie aurait pour effet d'exacerber la crise énergétique traversée par l'Europe, où les prix ont flambé pour les consommateurs et les entreprises.

Des représentants du département d'Etat américain ont approché des entreprises énergétiques afin de savoir si des livraisons supplémentaires seraient possibles en cas de nécessité, ont déclaré à Reuters deux sources de l'industrie au fait des discussions.

Les entreprises ont répondu que les réserves mondiales de gaz étaient limitées et qu'il y avait une quantité insuffisante de gaz disponible pour compenser les larges volumes exportés par la Russie, ont précisé les sources.

Selon un représentant du département d'Etat américain, s'exprimant sous couvert d'anonymat, Washington n'a pas demandé aux entreprises d'augmenter leur production.

"Nous avons discuté d'un éventail de contingences et de tout ce que nous faisons avec nos Etats partenaires et nos alliés", a déclaré cette source diplomatique.

Des discussions ont été entreprises avec la Commission européenne ainsi qu'avec des compagnies énergétiques, a-t-elle indiqué. "Il est exact de dire que nous leur avons exprimé nos préoccupations et évoqué des plans d'urgence, mais il n'y a pas eu de quelconque demande s'agissant de la production".

On ne connaît pas précisément l'identité des entreprises contactées par Washington.

Royal Dutch Shell, ConocoPhillips et Exxon ont décliné des demandes de commentaire. Chevron Corp, Total, Equinor et Qatar Energy n'ont pas donné suite dans l'immédiat aux sollicitations de Reuters.

Un porte-parole du Conseil de sécurité nationale à Washington n'a pas voulu commenter les discussions des Etats-Unis avec les compagnies énergétiques, mais a confirmé que des plans de secours étaient à l'étude.

(avec Jarrett Renshaw, Michelle Nichols et Gary McWilliams; version française Jean Terzian)

par Dmitry Zhdannikov, Ron Bousso, Simon Lewis et Timothy Gardner