PARIS (Reuters) - Les émissions de dettes souveraines devraient représenter 12.600 milliards de dollars (10.480 milliards d'euros) cette année, un montant encore largement supérieur à leur niveau d'avant la pandémie, ce qui risque de fragiliser les notes de certains Etats, estime mardi S&P Global.

Ce montant serait en baisse de 20% par rapport à celui sans précédent des emprunts de 2020 mais dépasserait de 50% sa moyenne de la période d'avant la crise du coronavirus, précise l'agence de notation dans une étude.

Au total, sur la période 2020-2021, l'endettement supplémentaire des Etats directement lié à la crise sanitaire et à son impact économique devrait représenter 10.900 milliards de dollars, ajoute-t-elle, l'équivalent de plus de 13% du produit intérieur brut (PIB) mondial.

L'encours global des obligations émises par les émetteurs souverains atteindrait ainsi un record de 67.500 milliards de dollars (75% du PIB mondial) d'ici la fin de l'année.

Si l'impact de la crise sur les notes souveraines - dont dépendent en grande partie leurs coûts de financement - est pour l'instant resté limité, la prolongation des confinements et les efforts budgétaires supplémentaires consentis par les Etats "pourraient exercer des pressions à la baisse sur un groupe élargi de notations souveraines cette année et par la suite", avertit S&P Global.

L'agence, dont l'étude porte sur 135 émetteurs souverains, a déjà revu à la baisse les notes d'un peu plus de 20% de ceux-ci depuis le début de la crise, principalement des pays émergents.

Les notations des pays développés ont quant à elles peu évolué malgré un endettement supplémentaire plus important, une stabilité qui s'explique principalement par les politiques ultra-accommodantes des banques centrales.

L'évolution des perspectives de croissance sera désormais un facteur déterminant, souligne S&P Global, car "un retour de la croissance rendra beaucoup plus réalisables les ajustements nécessaires pour stabiliser ou même réduire la dette".

L'agence souligne donc qu'une reprise plus lente que prévu "rendrait la stabilisation des finances publiques plus difficile parce que le coût social resterait élevé et limiterait la capacité des dirigeants à faire des choix difficiles".

(Marc Angrand)