Est-ce que les PDG d'Apple, Amazon.com, Alphabet et Facebook vont raser les murs pour éviter de trop se faire remarquer aujourd'hui ? Probablement pas, mais la situation est assez cocasse. Le quatuor a passé son début de semaine à expliquer aux parlementaires américains réunis pour l'occasion que leurs entreprises ne sont pas les ogres qu'on décrit parfois. A les entendre, elles seraient même plutôt sympas, voire bienveillantes avec leurs petits rivaux. Chacun se forgera une opinion sur ce point, mais personne ne contestera la suprématie financière de ces quatre entreprises, qui poussent le vice jusqu'à publier leurs résultats le même soir (c'était hier donc). Elles voudraient faire passer le message qu'elles forment un bloc plus compact que leurs chicaneries chroniques ne le laissent penser qu'elles ne s'y prendraient pas autrement.

Vous l'aurez compris, les résultats trimestriels annoncés hier soir par les GAFA ont défié le plongeon du PIB mondial au 2e trimestre. Et si ces entreprises tentaculaires ne sont pas immunisées pour autant, elles ont encore creusé l'écart avec le reste de l'économie. Dans un tel contexte, comment voulez-vous guérir le marché de sa techno-dépendance ? La réactivité et l'agilité de ces groupes est agaçante et fascinante (tiens, Groupes Agaçants et FAscinants, ça fait aussi GAFA).

Et que croyez-vous qu'il advint à l'annonce de leurs résultats post-séance à Wall Street ? La lourdeur entrevue sur les marchés en cette fin de semaine a l'air de s'être envolée dans la nuit. Il fallait bien cela parce que les dernières indications en provenance des entreprises plus traditionnelles ne sont pas très bonnes, surtout en Europe, et que les PIB du second trimestre illustrent le choc subi par les économies.

Les déterminants de la dernière séance de la semaine et du mois sont multiples. Les résultats des GAFA d'une part, ceux d'une nuée d'autres d'entreprises d'autre part. Mais aussi les statistiques macroéconomiques plutôt robustes du jour en provenance de Chine et du Japon, et celles à venir en Europe (plusieurs PIB, dont celui de la zone euro). Le CAC40 grappillait 0,1% à 4956 points à l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Plusieurs PIB du second trimestre sont publiés aujourd'hui, notamment en France (7h30 : -13,8%, un peu moins que redouté) et dans la zone euro (11h00). D'autres indicateurs importants sont aussi attendus en matinée (inflation en France, consommation des ménages en Allemagne et en France…). Aux Etats-Unis, l'indice des prix core et les revenus et dépenses des ménages tomberont à 14h30, suivis de l'indice PMI de Chicago (15h45) et de la seconde lecture de l'indice de confiance des consommateurs de l'Université du Michigan (16h30). En Chine, l'indice PMI manufacturier officiel a renforcé sa position en zone d'expansion, à 51,1 points en juillet, après 50,9 points en juin. Au Japon, c'est la baisse du chômage et la hausse de la production industrielle qui rassure ce matin.

L'euro se renforce à 1,18909 USD. L'once d'or se négocie 1970 USD. Le pétrole stagne avec un baril de Brent à 43,22 USD et un baril WTI à 40,13 USD. Les obligations d'État américaines offrent un rendement qui se limite désormais à 0,52% sur 10 ans. Le Bitcoin recule sur les 11 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Adthink : Genesta reprend le suivi à l'achat en visant 0,80 EUR.
  • Anheuser-Busch InBev : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 45 à 50 EUR.
  • ArcelorMittal : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 13 à 14 EUR.
  • Arkema : AlphaValue reste à alléger avec un objectif de cours réduit de 86,10 à 84,30 EUR.
  • Forbo : Baader Helvea reste à accumuler avec un objectif de cours réduit de 1575 à 1500 CHF.
  • Fuchs Petrolub : DZ Bank reste à la vente avec un objectif de cours ajusté de 32,50 à 33 EUR.
  • HeidelbergCement : J.P. Morgan passe de souspondérer à neutre en visant 53 EUR.
  • Intesa Sanpaolo : J.P. Morgan reprend le suivi à surpondérer en visant 2,30 EUR.
  • Ipsen : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 55 à 89 EUR.
  • LafargeHolcim : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif de cours ajusté de 65,60 à 64,70 CHF.
  • Lenzing : Baader Helvea passe d'alléger à accumuler avec un objectif de cours ajusté de 52 à 44 EUR.
  • Osram : DZ Bank reste à la vente avec un objectif de cours relevé de 27,10 à 39,60 EUR.
  • Saint-Gobain : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 25,40 à 29,70 EUR.
  • Saipem : Goldman Sachs passe d'acheter à neutre en visant 2,30 EUR.
  • Total : AlphaValue reste à accumuler avec un objectif de cours réduit de 40,30 à 39,40 EUR.
  • UCB : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 122 EUR.
  • Volkswagen : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 150 à 145 EUR.
  • Royal Vopak : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 58 à 56 EUR.
  • Wienerberger : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 25 EUR.

L’actualité des sociétés

En France

Parmi les publications de résultats :

 

  • Air France-KLM : au second trimestre 2020, la compagnie a accusé un chiffre d'affaires divisé par cinq et une perte nette de -2,61 Mds€. Elle poursuit ses efforts sur les coûts, mais anticipe un Ebitda significativement négatif au second semestre.
  • Altice Europe : l'opérateur a subi une légère contraction de ses revenus au deuxième trimestre, mais son Ebitda a légèrement augmenté.
  • Amundi : les encours sous gestion ont atteint 1592 Mds€ à fin juin, en hausse de 7% sur un an. La décollecte a atteint -0,8 Mds€ au T2, mais les flux des actifs moyen / long terme sont revenus dans le vert. Le bénéfice net a atteint 233 M€ contre 258 M€ un an avant.
  • BNP Paribas : les résultats du second trimestre sont meilleurs que prévu, avec notamment un bénéfice net de 2,3 Mds€, en contraction de 6,8% mais largement au-delà des attentes de la place. La banque a bénéficié d'une solide dynamique dans les activités de marché et de provisions moins élevées que redouté.
  • Engie : l'énergéticien, qui a subi une forte contraction de ses résultats au 1er semestre, devrait générer 1,7 à 1,9 Md€ de bénéfice net annuel. Il a aussi annoncé une "réflexion stratégique" sur son pôle services (qui pourrait entrer en bourse, selon la rumeur, hors actifs dits bas carbone) et une accélération de son plan de cessions,
  • EssilorLuxottica : le franco-italien a subi un chiffre d'affaires en baisse de 29% au premier semestre, mais est parvenu à maintenir un résultat opérationnel ajusté positif. Il signale une nette reprise de l'activité après un point bas en avril. La direction estime que les conditions de marché sont encore trop incertaines pour rétablir des objectifs financiers 2020. "Le troisième trimestre représentera une nouvelle période de transition sur le chemin de la normalisation", ce qui veut à peu près tout dire et rien dire.
  • Eutelsat : l'opérateur satellitaire à boucler son exercice décalé (clôture au 30 juin) sur des résultats en légère baisse, mais une génération de cash-flow libre record. La société précise qu'elle va reprendre sa politique de stabilité ou de croissance du dividende, sur la base du coupon réduit versé au titre de l'exercice 2019/2020. Les objectifs financiers sont ajustés, avec une prévision de chiffre d'affaires des activités opérationnelles compris entre 1,18 et 1,22 Md€ en 2020/2021, et un cash-flow libre compris entre 420 et 450 M€ pour 2021/2022 (pas de prévisions 2020/2021).
  • L'Oréal : le chiffre d'affaires se contracte de 11,7% en données comparables au premier semestre, pour une marge d'exploitation de 18% (vs. 19,5%) et un bénéfice net de 1,82 Md€ (vs. 2,33 Mds€). "Nous sommes ainsi déterminés à surperformer le marché, retrouver le chemin de la croissance si les conditions sanitaires le permettent, et délivrer une solide rentabilité" a commenté le PDG, Jean-Paul Agon.
  • Lagardère : les revenus semestriels chutent de 38% à 2,1 Mds€, tandis que le résultat opérationnel est négatif à -218 M€, comme le free cash-flow à -511 M€. La société estime avoir les ressources nécessaires pour couvrir les 12 prochains mois, même dans un scénario prudent.
  • Legrand : les résultats du groupe limougeaud sont en baisse, mais la marge opérationnelle ajustée reste élevée, à 17,5 %, contre 20,5 % un an plus tôt. Il n'y aura pas de prévisions chiffrées pour 2020, mais la société précise que le chiffre d'affaires devrait montrer une amélioration séquentielle au second semestre par rapport au deuxième trimestre.
  • Saint-Gobain : l'entreprise accuse 434 M€ de perte nette au premier semestre, mais signale un net redémarrage en juin, qui se confirme en juillet. Toutefois, si le troisième trimestre s'annonce plus dynamique, la visibilité manque sur la totalité de l'exercice.
  • Technicolor : le chiffre d'affaires semestriel a reculé d'un peu plus de 19%, pour un Ebitda qui s'est réduit à 53,5 M€. Sur l'année, l'Ebitda des activités poursuivies est attendu à 169 M€, et l'EBITA à -64 M€.
  • Vinci : semestre paradoxal pour le groupe, dont les résultats sont en nette baisse, mais qui clôture la période sur un carnet de commandes au plus haut historique. Le management ne peut pas quantifier de manière fiable l'impact annuel de la crise, mais il s'attend à une baisse de ses résultats au second semestre par rapport au second semestre 2019, dans une proportion toutefois moindre que celle du premier semestre. Le groupe se dit confiant dans une amélioration de ses performances en 2021, mais est encore incapable de dire si les chiffres seront supérieurs à ceux de 2019.
  • Vivendi : le groupe est parvenu à faire progresser son chiffre d'affaires et ses résultats, légèrement, en dépit du contexte pandémique. Si la visibilité reste médiocre, le management à l'air confiant dans la capacité de résistance de la société, suffisamment en tout cas pour ne pas avoir pris de dépréciation sur les actifs.
  • Wendel : l'actif net réévalué recule de 16,7% par rapport au 1er janvier, à 138,60 EUR.

L'AMF a infligé une amende de 5 M€ à Electricité de France pour diffusion de fausses informations sur le financement du projet Hinkley Point C en 2014. Reuters a appris qu'Engie pourrait décider d'une entrée en bourse de sa division services, qui comprend notamment Endel, Ineo Défense, Culturespaces ou Gepsa. Vinci décroche un contrat de 726 M€ pour la rénovation d'un tunnel à Montréal. EssilorLuxottica prend acte de la procédure d'arbitrage déposée par HAL et GrandVision dans leur litige, mais poursuit sa procédure contentieuse. Air Liquide finalise la cession de CRYOPDP à Hivest Capital Partners. Société Générale et Amundi signent un nouvel accord de partenariat de 5 ans dans la distribution de solutions d’investissement et les activités de Securities Services. Eurazeo signe un accord d'exclusivité avec le FCDE en vue de l'acquisition d'UTAC CERAM. PAI Partners va racheter Amplitude Surgical à 2,15 EUR l'action. Bastide réalise cinq acquisitions en France et en Espagne. Delta Drone annonce le tirage d'une tranche de 1 M€ d'ORNAN, Néovacs utilise aussi son tirage d'ORNANE. Adocia lance une nouvelle étude comparative sur BioChaperone Lispro. Bpifrance verse 1 M€ à Predilife. Première installation pour un système EOSedge d'EOS Imaging aux États-Unis. Nicox reçoit 5 M€ après la finalisation de la cession de sa participation dans VISUfarma.

Mersen, Parrot, Akwel, Artea, Vétoquinol, Korian, Verallia, Vergnet, Thermador, Union Financière de France, Arcure, Recylex, Assystem, Kumulus Vape, O2i, M2i, Foncière Paris Nord, Prologue, 2CRSi, Samse, Unibel, Fromageries Bel, Bassac, Altur, Vicat, Groupe Flo, Geci, Riber, Micropole, Fiducial Real Estate, Aurea, Mint, Witbe, Groupe Parot, Manitou, Adux… ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Parmi les publications de résultats :

  • Alphabet : les trimestriels sont considérés comme corrects, avec une action en hausse symbolique après la clôture.
  • Amazon.com : bon accueil pour les résultats, avec une hausse de 5% post-séance.
  • Apple : les résultats trimestriels sont robustes, permettant au titre de gagnés 6,4% post-séance.
  • Facebook : là aussi, les chiffres ont rassuré les investisseurs, avec un titre qui prend 6,5% post-séance.
  • Ford : les pertes du second trimestre sont plus faibles que prévu, malgré un chiffre d'affaires divisées de moitié. Le titre gagnait plus de 3 % post-séance.
  • Gilead : le titre perd du terrain post-séance, malgré des objectifs annuels relevés, grâce au Remdesivir.
  • Leonardo : le groupe d'aéronautique et de défense italien a fait mieux que prévu au second trimestre, avec un bénéfice net de 119 M€.
  • MasterCard : les résultats résistent mais n'enthousiasme pas les investisseurs.
  • Nokia : l'équipementier télécom finlandais a dégagé 423 M€ de bénéfice opérationnel au second trimestre, pour un consensus voisin de 290 M€. Une rentabilité plus élevée que prévu obtenue alors que le chiffre d'affaires, 5,1 Mds€, est plutôt décevant par rapport aux attentes.
  • Procter & Gamble : le titre est stable en dépit de la publication de sa croissance la plus dynamique depuis près de 15 ans.
  • Swiss Re : le réassureur accuse une perte de 1,1 Md$ au premier semestre, conséquence de la pandémie. Il avait déjà fourni la teneur de ses résultats la semaine dernière.

Le London Stock Exchange annonce que, dans le cadre du rachat de Refinitiv, il a démarré des discussions exploratoires pour céder ses parts dans MTS voire de la totalité de Borsa Italiana. L'Australie a dévoilé son projet pour faire passer Google, Facebook et consorts à la caisse. Taisho tiendrait la corde pour le rachat à 3 Mds$ de la division médicaments en vente libre de Takeda. Genentech (Roche) obtient une nouvelle homologation américaine pour Tecentriq. Affirm prépare une entrée en bourse de 10 Mds$. Proximus signe un accord avec Eurofiber pour accélérer le déploiement de la fibre en Wallonie.

Ça publie. Merck, Exxon Mobil, AbbVie, Chevron, Charter Communications, Keyence, British American Tobacco, Caterpillar, KDDI, EssilorLuxottica, Vinci, BNP Paribas, ENI SpA, DSV Panalpina, Engie, Nokia, Swiss Re, Legrand

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