PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes reculent en début de séance vendredi, la pause observée dans le mouvement de hausse des rendements obligataires ne suffisant pas à apaiser les inquiétudes et les doutes sur les valorisations après les fortes baisses subies par Wall Street et par les principales places asiatiques.

À Paris, le CAC 40 perd 0,47% à 5.756,78 points à 08h55 GMT après être repassé dans les premiers échanges sous 5.700 pour la première fois depuis deux semaines. A Londres, le FTSE 100 cède 0,35% et à Francfort, le Dax recule de 0,18%.

L'indice EuroStoxx 50 est en baisse de 0,42%, le FTSEurofirst 300 de 0,59% et le Stoxx 600 de 0,44%.

La hausse des rendements des emprunts d'Etat s'est accélérée jeudi en Europe et surtout aux Etats-Unis, où celui des bons du Trésor à dix ans a brièvement dépassé 1,6%, au plus haut depuis le début de la crise du coronavirus et au-dessus du rendement servi par les dividendes de l'indice Standard & Poor's 500, référence de nombreux investisseurs.

Ce mouvement, que les déclarations des banques centrales sur l'absence de risque inflationniste durable ne semblent plus suffire à enrayer durablement, remet en cause les valorisations des actions, à commencer par celles du secteur des hautes technologies, moteur de la hausse des derniers mois.

Le Nasdaq américain a perdu 5,44% sur les quatre premières séances de la semaine et se dirige vers sa pire performance hebdomadaire depuis mars dernier.

Signe que la tension gagne peu à peu l'ensemble des marchés, la banque centrale australienne a lancé une opération de rachat d'obligations pour tenter de freiner la hausse des rendements.

"Il semble que les traders et les investisseurs n'écoutent pas les responsables des politiques monétaires et qu'ils sont obnubilés par l'idée que les taux d'intérêt remonteront plus tôt que prévu", résume Naeem Aslam, responsable de l'analyse de marché chez AvaTrade.

De son côté, Sebastian Paris Horvitz, stratège de LBPAM, évoque une "révolte" des marchés obligataires face aux perspectives de reprise économique, à la remontée de l'inflation et à "une offre de papier extrêmement abondant compte tenu des déficits publics considérables à financer".

VALEURS

Les replis sectoriels les plus marqués du début de séance sont pour les matières premières, dont l'indice Stoxx perd 1,81%, l'énergie (-1,44%) et les technologiques (-1,05%).

Au sein du CAC 40, ArcelorMittal abandonne 2,42%, Total 1,51% et STMicroelectronics 0,71%.

Unibail-Rodamco-Westfield et Klépierre cèdent respectivement 2,45% et 1,99% après l'évocation d'un durcissement du confinement à Paris.

En tête de l'indice parisien, Téléperformance gagne 7,26% et Saint-Gobain 3,5% après la publication de leurs résultats annuels respectifs.

Parmi les meilleures performances du Stoxx 600, IAG s'adjuge 4,38% malgré une perte annuelle de 4,37 milliards d'euros, le groupe ayant assuré qu'il n'aurait pas de besoin de se refinancer.

EN ASIE

A la Bourse de Tokyo, l'indice Nikkei a cédé 3,99%, sa pire performance depuis le 1er avril, la baisse touchant tous les secteurs mais particulièrement les valeurs technologiques: Advantest a perdu 7,51%, Screen Holdings 6,53%.

Le marché japonais a reculé de 3,5% sur l'ensemble de la semaine mais progresse de 4,71% sur le mois de février.

En Chine, le SSE Composite de Shanghai a fini la journée sur un repli de 2,12% et le CSI 300 a abandonné 2,43% tandis qu'à Hong Kong, le Hang Seng chute de 3,29%.

A WALL STREET

Les contrats à terme sur les principaux indices américains, qui suggéraient en débit de journée une poursuite du repli, préfigurent désormais une amorce de rebond, mais dans des proportions sans commune mesure avec la chute de jeudi.

Le Nasdaq Composite a en effet reculé de 478,54 points (-3,52%) à 13.119,43, sa pire performance depuis octobre, tandis que le Dow Jones cédait 559,85 points (-1,75%) à 31.402,01 et que le S&P-500 perdait 96,09 points, soit 2,45%, à 3.829,34.

Parmi les poids lourds des hautes technologies, Apple a cédé 3,48%, Intel 4,41% et Microsoft 2,37%. Et Tesla, a chuté de 8,1% après des informations de presse sur la suspension de la production de la Model 3 dans son usine de Californie.

TAUX

La hausse des rendements de la zone euro marque une pause dans le sillage du repli des américains: celui du Bund allemand à dix ans recule de près de cinq points de base à -0,273% et son équivalent français est redevenu négatif. Ils restent toutefois en nette hausse sur la semaine.

Le dix ans américain, lui, revient à 1,4598% après avoir atteint jeudi, à 1,614%, son plus haut niveau depuis la mi-février 2020, soit avant le déclenchement de la crise du coronavirus.

Sa hausse s'est accélérée après les résultats jugés décevants d'une adjudication à sept ans du Trésor, le ratio entre la demande et l'offre de tires, tombant à 2,04, son plus bas niveau historique pour cette maturité selon le courtier spécialisé DRW Trading.

CHANGES

Le dollar remonte face aux autres grandes devises (+0,24%) après être tombé jeudi à son plus bas niveau depuis le 8 janvier.

L'euro revient autour de 1,2150 dollar (-0,23%) contre un pic à 1,2242 la veille et le repli est plus marqué encore pour la livre sterling, qui abandonne plus de 0,4% face au billet vert.

PÉTROLE

Le marché pétrolier souffre à la fois de l'appréciation du dollar et des spéculations sur une possible augmentation de l'offre après les plus hauts de 13 mois atteints cette semaine par le cours du baril.

Le Brent abandonne 0,85% à 66,31 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 0,91% à 62,95 dollars.

(Marc Angrand)