PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé en hausse mardi alors que Wall Street reculait en matinée, le sentiment général sur les marchés étant une nouvelle fois influencé par la remontée des rendements obligataires, qui profite aux valeurs financières et pénalise les technologiques.

À Paris, le CAC 40 a gagné 1,21% (72,53 points) à 6.088,04 points, sa meilleure clôture depuis le 19 février de l'an dernier. A Londres, le FTSE 100 a avancé de 0,66% et à Francfort, le Dax a pris 1,29% après un record à 15.029,7 points.

L'indice EuroStoxx 50 a progressé de 1,12%, le FTSEurofirst 300 de 0,78% et le Stoxx 600 de 0,71%, à moins de 1% de son record historique de février 2020.

Au moment de la clôture en Europe, Wall Street évoluait au contraire dans le rouge avec la baisse des poids lourds des hautes technologies, le Dow Jones cédant 0,24%, le Standard & Poor's 500 0,22% et le Nasdaq Composite 0,17%. Cisco, Intel, Apple et Microsoft perdaient alors tous plus de 1%.

La hausse des rendements obligataires, reléguée au second plan des préoccupations des investisseurs lundi par la chute du fonds Archegos, a repris ses droits en profitant notamment des annonces du président américain, Joe Biden, sur l'ouverture de l'accès aux vaccins contre le COVID-19 à 90% de la population du pays dans trois semaines.

Le locataire de la Maison blanche doit en outre présenter mercredi un nouveau plan d'investissements dans les infrastructures qui pourrait doper la croissance et les prix tout en augmentant les besoins d'emprunt du Trésor.

Les marchés se préparent enfin à la publication vendredi des chiffres mensuels de l'emploi aux Etats-Unis, qui devraient confirmer la reprise du marché du travail.

"Les marchés européens restent concentrés sur le thème de la reprise et laissent de côté les inquiétudes liées aux récent événements aux Etats-Unis comme les perspectives économiques en Europe, toujours assombries par la hausse des taux d'infection", explique Michael Hewson, analyste en chef de CMC Markets UK.

VALEURS

Alors qu'à Wall Street, la baisse du secteur des hautes technologies (-0,95%) l'emporte sur la hausse des financières (+0,66%), la balance était inversée en Europe: l'indice Stoxx des valeurs bancaires a gagné 2,67% sur la journée alors que celui des "techs" n'a passé qu'une partie de la séance dans le rouge pour finir sur une progression de 0,21%.

À Paris, parmi les plus fortes hausses du CAC 40, Société générale a pris 3,96%, BNP Paribas 3,85% et Crédit agricole 2,72%.

Credit Suisse a toutefois cédé 3,07% et porté à plus de 17% sa baisse depuis lundi matin, le dossier Archegos risquant selon plusieurs analystes de compromettre le dividende et les rachats d'actions.

La meilleure performance sectorielle du jour est pour le compartiment automobile (+3,06%), de nouveau tiré par la hausse de Volkswagen (+4,70%).

TAUX

Les rendements de référence européens ont fini en nette hausse dans le sillage de ceux des Treasuries: celui du Bund allemand à dix ans a pris plus de cinq points de base sur la journée à -0,284%, au plus haut depuis près de deux semaines, et son équivalent français près de quatre points à -0,04%.

Le marché n'a pas réagi à la première estimation de l'inflation en Allemagne en mars qui, à 2% en rythme annuel comme attendu, confirme l'accélération de la hausse des prix.

Aux Etats-Unis, le rendement des Treasuries à dix ans se stabilisait à 1,7314% au moment de la clôture en Europe après être monté à 1,776%, un niveau qu'il n'avait plus atteint depuis 14 mois.

LES INDICATEURS DU JOUR

Aux Etats-Unis, l'indice de confiance du consommateur du Conference Board a progressé bien plus qu'attendu en mars: à 109,7, il est au plus haut depuis mars 2020 et affiche sa plus forte augmentation d'un mois sur l'autre depuis 18 ans. Par ailleurs, les prix immobiliers affichent en janvier un bond de 11,1% sur un an selon l'indice S&P/Case-Shiller.

En Europe, l'indice Insee de confiance des ménages français est au plus haut depuis décembre à 94 en mars après 91 en février.

CHANGES

Dopé par les perspectives de l'économie américaine et la hausse des rendements des Treasuries, le dollar amplifie sa progression face aux autres grandes devises (+0,34%) et évolue au plus haut depuis le 5 novembre dernier.

Le billet vert a inscrit un pic d'un an face au yen à 110,42 tandis que l'euro est au plus bas depuis près de cinq mois face au billet vert à 1,1724 dollar (-0,32%).

PÉTROLE

La réouverture du canal de Suez et la perspective d'une nouvelle prolongation de l'encadrement de l'offre par l'Opep+ pèsent sur le prix du baril: le Brent abandonne 1,02% à 64,32 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) cède 1,45% à 60,67 dollars.

L'Opep et ses alliés doivent se réunir jeudi et selon une source proche du dossier, l'Arabie saoudite est prête à accepter une prolongation jusqu'en juin des mesures de limitation de la production au sein de l'Opep+ ainsi que des réductions qu'elle a mises en place de sa propre initiative.

(Marc Angrand, édité par Jean-Michel Bélot)