A chaque revers de fortune du marché, durant la période où tout le monde se demande si le retournement est durable ou pas, il y a souvent un moment de zizanie. Il résulte du carambolage des nouvelles stratégies avec les anciennes ou des paris divergents, qui peuvent être opportunistes ou à contre-courant. En tout cas avant que la poussière ne retombe, l'impression générale est qu'une grande confusion règne, impression renforcée par l'accroissement inévitable de la volatilité induit par les modifications opérées par les investisseurs sur des masses de fonds supérieures à la moyenne.

C'est un peu ce qui se passe actuellement avec la prophétie autoréalisatrice sur le renforcement de l'inflation aux Etats-Unis. Les prix à la consommation d'avril, dévoilés hier, sont en hausse de 4,2% sur un an. C'est plus que ce que redoutaient les économistes (3,6%). Je rappelle le schéma qui effraie les investisseurs : la hausse des prix inévitable qui accompagne la reprise économique est trop forte et trop durable, forçant la banque centrale américaine à agir sur ses taux de façon prématurée, ce qui réduira les capacités de financement et dégradera la dynamique de croissance.

A ce stade, tout le monde a raison. Ceux qui voyaient arriver l'envol des prix avec la flambée des matières premières peuvent clamer "je l'avais dit". La Fed qui s'attendait à une accélération dès ce mois d'avril peut aussi clamer "je l'avais dit". Ce qui sépare les deux camps, c'est le rythme de remontée et la durée du pic. Les premiers pensent que la banque centrale se fourre le doigt dans l'œil en tablant sur un pic temporaire et qu'elle devra renier prématurément l'engagement de rester ultra-accommodante sur sa politique monétaire. La banque centrale pense qu'elle a des outils pour agir avant d'avoir à jouer sur le levier des taux.

Avec les chiffres publiés hier, le camp des critiques de la Fed a marqué quelques points. Ce qui explique le vent mauvais qui a soufflé hier à Wall Street, où les trois indices ont lourdement chuté, poursuivant un mouvement initié en début de semaine. L'Asie poursuit aussi sa décrue ce matin, avec un Nikkei qui perd plus de 6% en trois séances. En face, l'Europe reste stoïque. Moins lestés en valeurs technologiques, premières victimes de la fuite vers les secteurs plus compatibles avec l'inflation, les indices du vieux continent se sont payés le luxe de grappiller quelques points hier à la clôture. Illustration concrète avec le Nasdaq 100 qui a pratiquement gommé ses gains 2021 (le solde est descendu sous 1% hier), alors que le CAC40 affiche encore +13%.

Voilà un peu le tableau pour cette mi-mai sur les marchés financiers. Dans le même temps, les publications de résultats du 1er trimestre et les annonces de prévisions continuent du côté des entreprises, avec des chiffres qui restent positifs. Les actions qui fonctionnent le mieux actuellement sont toujours celles affichant des valorisations faibles ou modérées et les défensives qualitatives. Quand elles appartiennent à des secteurs bénéficiant de l'inflation, je pense notamment aux matières premières et à l'énergie, elles profitent même d'une double propulsion. Dans un registre plus léger et si vous voulez vous amuser un peu sur l'insoutenable légèreté de l'être, lisez ce qui s'écrit ce matin sur le revirement d'Elon Musk, qui a annoncé que Tesla n'acceptera plus les bitcoins comme mode de paiement. Le patron du constructeur automobile a découvert que le minage de cryptomonnaies consommait une énergie folle et que cela ne cadrait pas vraiment avec son bon vouloir. La plus célèbre des cryptomonnaies a lourdement décroché cette nuit.

Pour finir ce matin, je rappelle ce que mon collègue Xavier Delmas soulignait hier et qui constitue un postulat de base dans le contexte actuel : quand l'inflation accélère, laisser son argent dormir est la principale erreur à éviter, puisqu'il perdra nécessairement de la valeur.

Le CAC40 perd 0,9% à 6220 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Les inscriptions hebdomadaires au chômage et l'indice des prix à la production d'avril seront publiés à 14h30 aux Etats-Unis.

L'euro recule à 1,20757 USD, tandis que l'or perd 0,2% à 1817 USD l'once. Le pétrole est également en baisse, avec un Brent à 68,59 USD le baril et un WTI à 65,36 USD le baril. Le rendement de la dette américaine remonte à 1,68 % sur 10 ans. Le Bitcoin a chuté en direction des 51 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Accor : Credit Suisse relève son objectif de cours de 19,30 à 21,50 EUR.
  • Alstom : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours réduit de 51 à 49 EUR.
  • Commerzbank : Goldman Sachs reste neutre avec un objectif de cours relevé de 7,10 à 7,40 EUR.
  • Encavis : Barclays démarre le suivi à surpondérer en visant 18 EUR.
  • Eurofins : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 88 à 95 EUR.
  • Europcar : HSBC relève son objectif de cours de 0,27 à 0,42 EUR.
  • FDM Group : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 1250 GBp.
  • GEA Group : Goldman Sachs reste neutre avec un objectif de cours relevé de 30 à 32 EUR.
  • Ilika : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 275 GBp.
  • Linde : Baader Helvea reste à accumuler avec un objectif relevé de 238 à 285 EUR.
  • Maisons du Monde : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 20 à 25 EUR.
  • Orsted : Barclays démarre le suivi à souspondérer en visant 800 DKK.
  • Prosus : Investec passe de conserver à acheter en visant 113 EUR.
  • RWE : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 47 à 51 EUR.
  • Salzgitter : Jefferies reste acheteur avec un objectif relevé de 35 à 38 EUR.
  • Schaeffler : Jefferies reste neutre avec un objectif de cours relevé de huit à 8,80 EUR.
  • SKF : J.P. Morgan passe de souspondérer à neutre en visant 205 SEK.
  • Solaria Energia : Barclays reprend le suivi à pondération en ligne en visant 16,70 EUR.
  • SSE : Barclays passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 1770 GBp.
  • Travis Perkins : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours ajusté de 1949 à 1953 GBp.
  • Varta : DZ Bank passe de conserver à acheter en visant 130 EUR.
  • Victrex : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 2675 à 2725 GBp.

En France

Résultats des sociétés

  • CNP Assurances : l'activité et le bénéfice net sont en hausse mais le résultat opérationnel baisse. Le taux de couverture du SCR s'améliore de 9 points à 217%.
  • Genfit : la société de biotechnologie disposait au 31 mars dernier de 108,9 M€ de trésorerie, avec pour objectif de parvenir en 2022 à 45 M€ de consommation annuelle, après 110 M€ en 2020.

Annonces importantes

  • Danone retire 1,6 Md€ de la cession de ses 9,8 % dans Mengniu.
  • Tod's n'a pas prévu d'opération conjointe avec LVMH, pour l'instant.
  • Les actionnaires d'Atos rejettent les comptes consolidés lors de l'assemblée générale du groupe.
  • Euronext lève 1,8 Md€ à 59,65 EUR pour financer l'acquisition de Borsa Italiana.
  • Les actions complémentaires de La Française des Jeux (1 pour 10) seront disponibles pour les actionnaires qui auront conservé 18 mois leurs titres entre l'IPO et le 24 mai 2021.
  • Nexity a cédé Century 21 France à Arche (Citya).
  • Groupe Flo va proposer de regrouper ses actions (100 pour 1) après une augmentation de capital.
  • Vergnet tire une nouvelle tranche de 400 OCA.
  • Pharmagest, Prologue, O2i, M2i, Explosifs et Produits Chimiques, Inventiva, Micropole, Olympique Lyonnais et SII ont publié leurs résultats et/ou leurs prévisions.

Dans le monde

Résultats des sociétés

  • Burberry : les résultats sont légèrement meilleurs que prévu. Le groupe de luxe britannique prévoit une accélération de ses revenus.
  • Rolls-Royce : le groupe a confirmé ses prévisions 2021.
  • Softbank : le titre perd 4 % malgré des résultats records.
  • Sonos : le titre flambe de plus de 14 % hors séance après la publication de ses résultats, après avoir chuté de 10 % pendant la journée.
  • Telefonica : l'opérateur espagnol a publié des résultats légèrement supérieurs aux prévisions.

Annonces importantes

Lectures