PARIS (Reuters) - Wall Street est attendue en hausse mercredi avant les annonces de la Réserve fédérale américaine (Fed) et les Bourses européennes évoluent dans le vert à mi-séance, portées par les valeurs bancaires, alors que la Banque centrale européenne (BCE) a convoqué une réunion d'urgence pour discuter du récent mouvement de vente massive des obligations d'Etats européens. Les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en progression de 0,46% pour le Dow Jones, de 0,82% pour le Standard & Poor's 500 et de 1,05% pour le Nasdaq. À Paris, le CAC 40 gagne 1,04% à 6.011,43 vers 11h45 GMT. À Francfort, le Dax prend 1,18% et à Londres, le FTSE avance 1,32%.

L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 monte de 1,18%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro de 1,27% et le Stoxx 600 de 1,17%.

Le BCE a décidé de réunir en urgence son Conseil des gouverneurs car l'évolution des coûts d'emprunt dans le bloc monétaire a été marquée récemment par une divergence prononcée entre ceux de l'Allemagne, considérée comme l'émetteur le plus sûr de la région, et ceux de pays lourdement endettés, comme l'Italie, alimentant le spectre d'une fragmentation de la région.

L'écart de rendement ("spread") entre le Bund allemand à dix ans et celui de son équivalent italien a ainsi atteint mardi 252,9 points de base, son plus haut niveau depuis avril 2020. Mercredi, cet écart est revenu autour de 230 points avant même la fin de la réunion de la BCE.

"Il est clair que le marché anticipe une sorte d'intervention", a déclaré Teeuwe Mevissen, stratège senior chez Rabobank, alors que Christine Lagarde, la présidente de la BCE, a assuré la semaine dernière que l'institution déploierait si besoin un nouvel instrument pour éviter toute fragmentation.

Selon des sources directement informées du dossier, un communiqué de la BCE devrait être publié en début d'après-midi à l'issue de sa réunion qui a commencé à 9h00 GMT.

Aux Etats-Unis, des décisions de politique monétaire de la Fed sont également attendues à 18h00 GMT à l'issue d'une réunion de deux jours, tandis que le président de l'institution, Jerome Powell, doit s'exprimer une demi-heure plus tard.

Depuis la publication vendredi des prix à la consommation aux Etats-Unis, qui ont fait état d'une inflation plus importante que prévu, les marchés estiment désormais à 99,7% la probabilité d'un relèvement des taux de la Fed de 75 points ce mercredi, selon le baromètre Fedwatch de CME Group.

Côté statistiques économiques du jour, l'institut économique Ifo a annoncé mercredi tabler désormais sur une croissance du produit intérieur brut (PIB) de l'Allemagne cette année de 2,5% contre une prévision en mars de 3,1%, tandis que l'inflation est attendue à 6,8% et non plus 5,1%.

En zone euro, le déficit commercial a presque doublé en avril à 32,4 milliards d'euros et la croissance de la production industrielle a ralenti plus que prévu sur la même période à 0,4%.

LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET

Qualcomm gagne 0,6% en avant-Bourse après l'annulation par le tribunal de l'Union européenne de l'amende de 997 millions qui lui avait été infligée par la Commission européenne il y a quatre ans pour s'être assuré l'exclusivité de l'approvisionnement en puces d'Apple.

VALEURS EN EUROPE

Sur le Stoxx 600 paneuropéen, hormis l'énergie (-0,4%), tous les grands compartiments sont dans le vert avec la finance (+1,8%) en tête. Le sous-compartiment des banques, qui a récemment souffert des ventes massives des obligations italiennes, rebondit de 3,1%.

À Rome, Unicredit, Intesa Sanpaolo et BPER Banca avancent de 4,6% à 6%, tandis qu'à Paris, Société générale, BNP Paribas et Crédit agricole s'adjugent entre 3% et 3,5%.

Hors finance, H&M, qui a publié mercredi un chiffre d'affaires supérieur aux attentes au deuxième trimestre, perd 4,1%, les investisseurs se montrant inquiets sur la marge du groupe et le niveau de ventes qui reste inférieur à celui d'avant la pandémie de COVID-19. Son concurrent Inditex cède 0,1%.

Le groupe chimiste suisse Clariant, en hausse de 2,2%, est revanche porté par un bond de 30% de son chiffre d'affaires au premier trimestre.

TAUX Les rendements obligataires en zone euro refluent nettement depuis l'annonce de la réunion de la BCE.

Celui des emprunts italiens à dix ans, qui a atteint un pic depuis 2013 à 4,305%, chute de 27,6 points de base à 3,942% et s'achemine vers sa plus forte baisse en une séance depuis le 1er mars.

Son équivalent allemand de même échéance abandonne six points de base à 1,669%.

Le taux de l'OAT française cède 11 points à 2,262%.

Aux Etats-Unis, le rendement des Treasuries à dix ans américain fléchit de 11 points à 3,3715% après avoir touché mardi son plus haut niveau depuis avril 2011 à 3,498%.

CHANGES

Sur le marché des changes, l'euro, en hausse de 0,61%, à 1,0478 dollar, profite de l'annonce de la réunion extraordinaire de la BCE, mais reste vulnérable face au dollar, dans l'attente des décisions de la Banque centrale américaine.

"Nous avons un peu de soulagement sur l'euro ce matin en raison de la BCE, mais, hormis cela, le dollar reste ferme", a déclaré Niels Christensen, analyste chez Nordea. "Nous anticipons une politique monétaire plus restrictive dans la zone euro mais encore plus restrictive aux Etats-Unis et ce sera un facteur important pour le dollar par rapport à l'euro", a-t-il ajouté.

L'indice mesurant les fluctuations du dollar face à un panier de devises de référence cède 0,69% après avoir inscrit la veille un plus haut depuis décembre 2002.

PÉTROLE

Les cours pétroliers refluent, les inquiétudes sur la conjoncture économique et la demande prenant le pas sur les tensions sur l'offre à l'approche des décisions de la Fed sur les taux d'intérêt.

Le baril de Brent recule de 0,57% à 120,48 dollars et celui du brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) cède 0,61% à 118,19 dollars.

(Rédigé par Claude Chendjou, édité par Kate Entringer)

par Claude Chendjou