ADEN, 24 juin (Reuters) - Les Houthis ont déployé des renforts dimanche dans la ville portuaire yéménite de Hodeïdah, où les troupes de la coalition arabe engagés dans une offensive contre ces miliciens chiites se rapprochent du centre, ce qui laisse craindre aux Nations unies une catastrophe humanitaire.

La coalition arabe, dominée par les Saoudiens et les Emiriens, est passée le 12 juin à l'offensive contre cette ville des bords de la mer Rouge âprement défendue par les miliciens chiites Houthis.

"On constate un important déploiement de Houthis en armes dans la ville, où de nouveaux postes de contrôle ont été mis en place dans des quartiers où il y a des hommes des brigades Tehama", a dit un habitant en faisant allusion à une faction yéménite de la plaine côtière qui combat aux côtés de la coalition arabe.

De violents affrontements ont éclaté après minuit dans le secteur de l'université de Hodeïdah, à trois kilomètres à l'ouest du centre, sur la route du littoral reliant l'aéroport à la zone portuaire, a ajouté cet habitant, qui s'est exprimé sous le couvert de l'anonymat.

Les troupes de la coalition arabe se sont emparées mercredi de l'aéroport et consolident leurs positions dans le secteur, alors que l'Onu poursuit ses efforts pour trouver un accord politique susceptible d'éviter un assaut contre le port lui-même, grand point d'entrée des secours destinés à la population yéménite.

L'Onu estime que des combats à grande échelle dans la ville pourraient menacer des dizaines de milliers de personnes.

Les Nations unies craignent qu'une escalade des combats n'exacerbe un peu plus la crise humanitaire dans le pays, où 22 millions d'habitants dépendent de l'aide extérieure et où 8,4 millions de personnes seraient au bord de la famine.

Les Houthis ont laissé entendre qu'ils seraient prêts à confier la gestion du port d'Hodeïdah à l'Onu, a-t-on dit à Reuters de sources proches du dossier. A Washington, un responsable américain a exhorté les Saoudiens et les Emiriens à accepter un tel arrangement. L'émissaire spécial de l'Onu, Martin Griffiths, s'est rendu voici quelques jours à Sanaa, la capitale yéménite contrôlée par les Houthis, et à Djeddah, en Arabie saoudite, pour essayer de négocier une solution. (Mohammed Ghobari; Eric Faye pour le service français)