LONDRES (Agefi-Dow Jones)--De nombreuses entreprises à travers le monde ont mis en veille leurs projets d'introduction en Bourse alors que la propagation du coronavirus ébranle les marchés financiers et freine l'appétit pour le risque des investisseurs.

Le groupe Carlyle a reporté l'introduction en Bourse aux Etats-Unis du fabricant allemand de produits chimiques Atotech, a rapporté Reuters. Selon l'agence de presse, Carlyle redoutait l'effet de l'épidémie sur la valorisation susceptible d'être obtenue auprès des investisseurs.

La semaine dernière, Sibur, le numéro un de la pétrochimie en Russie, a déclaré au magazine Barron's, une des publications du groupe Dow Jones, qu'il ne ferait pas son entrée en Bourse cette année, alors qu'il doit faire face à un ralentissement du marché, à l'impact de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine et à l'épidémie de coronavirus.

Selon Russ Mould, directeur des investissements au sein du courtier AJ Bell, une baisse prolongée des actions pénaliserait les introductions en Bourse pour deux raisons.

"Tout d'abord, les investisseurs nerveux voudront probablement conserver des liquidités pour se prémunir contre de nouvelles chutes du marché, mais aussi pour conserver des ressources à utiliser lorsque les cours sembleront être tombés trop bas. Deuxièmement, la baisse des multiples de valorisation dans les secteurs concernés limitera les chances d'obtenir un prix satisfaisant pour les actions nouvellement émises", indique l'intermédiaire.

58 Home, le service chinois de nettoyage et d'entretien ménager appartenant au site de petites annonces 58.com, aurait également décidé de retarder son introduction en Bourse prévue aux Etats-Unis, selon un article publié début février par Bloomberg.

Pour Michael Hewson, analyste à CMC Markets, les entreprises manquent de raisons pour faire appel au marché maintenant. "C'est une question d'appétit pour le risque. Vous voulez construire un livre d'ordres lorsque les investisseurs sont prêts à prendre des risques, ce qui n'est pas le cas en ce moment", note-t-il.

Incertitude sur les opérations de M&A

Les investisseurs surveilleront également les fusions-acquisitions, en particulier les opérations financées par échange d'actions, dont le montant pourrait être affecté par les fluctuations de cours.

Les opérations de M&A à l'échelle mondiale se situent à leur plus bas niveau depuis six ans en ce début d'année, malgré l'annonce la semaine dernière de plusieurs transactions importantes. Selon le fournisseur de données financières Refinitiv, les transactions annoncées ont atteint 119,2 milliards de dollars depuis le début de l'année, soit une baisse de 49% par rapport au début de 2019.

En dépit d'une bonne fin d'année 2019, la dynamique du marché a été rapidement entravée par les tensions entre les Etats-Unis et l'Iran, suivies par les craintes d'un ralentissement de la croissance dues au coronavirus, souligne Frank Aquila, responsable mondial des fusions-acquisitions au sein du cabinet d'avocats international Sullivan & Cromwell. Pour autant, les fondamentaux favorables de la fin 2019 restent en place et "pourraient conduire à un rebond des opérations de fusion dans les mois à venir", ajoute-t-il.

Jeudi, Morgan Stanley a annoncé l'acquisition du courtier en ligne E*Trade pour 13 milliards de dollars. Le gestionnaire d'actifs américain Franklin Templeton a conclu la semaine dernière un accord sur le rachat de son rival Legg Mason pour 4,5 milliards de dollars, dette comprise.

Lundi dernier, Alstom a annoncé l'acquisition de la branche ferroviaire du Canadien Bombardier pour environ 6 milliards d'euros en numéraire et en actions, afin de créer le deuxième fabricant de trains au monde et concurrencer le chinois CRRC.

-Lina Saigol, MarketWatch (Version française Thomas Varela) ed : LBO

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