PARIS (Reuters) - Wall Street est attendue en baisse et les Bourses européennes reculent à mi-séance, les dernières données sur l'inflation en Europe ayant ravivé la crainte d'une accélération du resserrement monétaire, un facteur qui prend le pas sur l'optimisme née du redressement de l'économie chinoise.

Les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en repli de 0,60% pour le Dow Jones, de 0,81% pour le Standard & Poor's 500 et de 1,13% pour le Nasdaq.

À Paris, le CAC 40 recule de 0,3% à 6.412,09 vers 11h50 GMT. À Francfort, le Dax perd 0,24% et à Londres, le FTSE 0,28%.

L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 fléchit de 0,47%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro de 0,39% et le Stoxx 600 de 0,39% également.

L'élan enregistré mardi par les marchés d'actions à la faveur de la levée de certaines restrictions sanitaires en Chine et d'indicateurs économiques rassurants a fait long feu mercredi après la publication des chiffres de l'inflation en Europe.

Le Stoxx 600 paneuropéen, qui a été positif depuis le début de l'année sur l'ensemble du mois uniquement en mars, se dirige vers une nouvelle baisse en mai.

Même si la hausse des prix s'est stabilisée en avril dans la zone euro à 7,4% sur un an, l'inflation dite de base, qui exclut les prix plus volatils de l'énergie et des produits alimentaires non-transformés, s'affiche à 3,9% en rythme annuel après 3,2% en mars, soit près de deux fois l'objectif de 2% que s'est fixé la Banque centrale européenne (BCE), ce qui devrait la conduire à commencer à relever ses taux dès le mois de juillet.

Au Royaume-Uni, où le resserrement monétaire est déjà à l'oeuvre, l'inflation a atteint 9,0% sur un an en avril, un niveau sans précédent depuis le début des relevés officiels à la fin des années 1980.

Mardi, Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale américaine, a déclaré que la banque centrale monterait les taux aussi haut que nécessaire pour enrayer l'inflation même si cela impliquait de freiner la croissance.

La persistance d'une inflation élevée pourrait également avoir un impact sur les résultats des sociétés, selon des investisseurs.

"Beaucoup d'entreprises ont réussi à répercuter la hausse des coûts sur les clients et préserver des marges solides, mais des inquiétudes persistent sur la capacité des consommateurs à accepter dans la durée une telle situation", note Susannah Streeter, analyste investissements et marchés chez Hargreaves Landsdown.

LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET

L'action du groupe de grande distribution Target chute de 16,9% dans les échanges en avant-Bourse après l'annonce d'un bénéfice trimestriel amputé de moitié par la hausse des prix et un avertissement sur le risque d'une nouvelle dégradation des marges.

VALEURS EN EUROPE

En Europe, la tendance a également été animée par des publications de comptes financiers des entreprises, à l'image de l'opérateur boursier Euronext, qui bondit de 4,88%, après des résultats meilleurs que prévu et une maîtrise de ses coûts.

La marque de luxe britannique Burberry est également recherchée après une confirmation de ses perspectives.

Le groupe de restauration collective Elior, en revanche, cède 2,2% après un abaissement de ses prévisions annuelles lié à l'inflation et à la pandémie, qui ont rogné ses marges au premier semestre.

La banque néérlandaise ABN Amro (-9,78%) est sanctionnée pour ses résultats trimestriels, tandis que l'action Commerzbank gagne 3,76% en réaction à un article du Financial Times évoquant des discussions en début d'année avec la banque italienne UniCredit en vue d'une possible fusion.

Air France-KLM avance de 5,9%, la compagnie aérienne franco-néerlandaise ayant annoncé un partenariat de long terme dans le fret aérien avec le groupe de transport maritime CMA CGM qui pourrait prendre jusqu'à 9% de son capital.

Siemens Energy gagne 2,38% après une information selon laquelle le groupe prépare une offre sur la partie du capital de Siemens Gamesa.

Sur le plan sectoriel en Europe, les nouvelles technologies (-0,56%) accusent la plus forte baisse, tandis qu'à l'opposé l'énergie (+1,91%) et les compartiments défensifs comme l'immobilier (+0,93%) et les services aux collectivités (+0,48%) sont recherchés.

A Paris, TotalEnergies, Engie et Veolia montent de 0,4% de 1,6%, tandis que Capgemini, STMicroelectronics et Worldline reculent de 1,6% à 1,8%.

TAUX

Sur le marché obligataire, le rendement du Bund allemand à dix ans progresse encore, de trois points de base, à 1,082%, tandis que celui du deux ans, le plus sensible à l'évolution des taux, prend 5,2 points à 0,429% après avoir touché un sommet depuis novembre 2011 à 0,444%.

Klaas Knot, le président de la banque centrale néerlandaise, a évoqué mardi la possibilité d'une hausse d'un demi-point du taux de dépôt de la Banque centrale européenne (BCE) en juillet. Rohan Khanna, analyste chez UBS, note que c'est la première fois qu'un responsable de la BCE, parle d'un relèvement de 50 points de base alors que les marchés monétaires tablent désormais sur une hausse des taux de 110 points d'ici la fin de l'année contre 105 mardi.

Le rendement des bons du Trésor à dix ans prend 3,1 points, à 3,0007%, toujours soutenus par les dernières déclarations du président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell.

CHANGES

Le dollar s'apprécie de 0,22% face aux autres grandes devises au lendemain de sa plus forte chute sur une séance depuis plus de deux mois.

L'euro, en repli de 0,4%, se traite à 1,0505 dollar, la monnaie unique européenne n'ayant pas réagi dans la foulée de la publication des chiffres de l'inflation.

La livre sterling, elle, a atteint 1,2501 dollar après une hausse de 1,4% mardi, sa meilleure séance depuis fin 2020, avant de revenir à 1,2402 après les chiffres de l'inflation.

PÉTROLE

Les cours pétroliers sont soutenus par la levée de certaines restrictions sanitaires en Chine qui devraient doper la demande de brut.

Le baril de Brent avance de 1,27% à 113,38 dollars et celui du brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) de 1,7% à 114,3 dollars.

AUCUN INDICATEUR ÉCONOMIQUE À L'AGENDA DU 18 MAI

(Certaines données peuvent accuser un léger décalage)

(Rédigé par Claude Chendjou, édité par Jean-Michel Bélot)

par Claude Chendjou