Un article paru dans la presse britannique cette semaine a affirmé que le distributeur britannique d’autocollants de football Panini (Connect Group Plc) n’avait réalisé que la moitié des bénéfices qu’il avait prévu grâce aux stickers en raison d’une « baisse importante de la demande ». Le cours de l’action a décroché à la suite de cet article, observe l’équipe Multi-Assset de M&G.

Cela survient une semaine après la nouvelle selon laquelle des voleurs armés avaient pris d'assaut une imprimerie Panini en Argentine et s'étaient enfuis en emportant des paquets valant jusqu'à 360 000 dollars. Dans le même temps, les albums d'occasion se vendent pour des milliers de livres sur Internet : 6 720 pounds pour le millésime 1970, au Mexique, observe la société de gestion.

Que se passe-t-il avec la façon dont nous valorisons ces stickers ? Et la compréhension du processus de valorisation pourrait-elle nous renseigner sur le rôle bénéfique joué par les marchés, ainsi que sur la nature de la rupture technologique d'aujourd'hui ? Telles sont les questions posées par M&G.

La fièvre de la Coupe du monde

Si la Coupe du monde de football ne fait que commencer, l'événement bat toutefois son plein depuis des mois pour certains.

Cela peut finir par être un jeu coûteux. Lorsqu'une nouvelle compétition débute, il est courant de voir des articles relatant les coûts d'achèvement d'un album. Cette année, un professeur de mathématiques de l'Université de Cardiff est parvenu à un coût moyen de 774 livres sterling pour un individu incapable d'échanger avec d'autres collectionneurs.

Bien sûr indique le gérant, la plupart d'entre nous chercherons à échanger des autocollants et tout un réseau d'échangeurs bien disposés réduit considérablement le coût moyen de réalisation d'un album. Un réseau de dix personnes réduirait le coût moyen de 774 livres sterling (environ 967 paquets de stickers) à 247 livres sterling (environ 309 paquets).

On peut soutenir que l'échange fait partie intégrante de la valeur que nous attachons à la collecte d'autocollants Panini ; les coûts élevés que les gens sont prêts à payer pour de vieux albums et autocollants peuvent autant s'expliquer par la nostalgie des échanges dans les cours de récréation que par les souvenirs des compétitions eux-mêmes ou la rareté de l'objet, souligne l'équipe Multi-Assset de M&G.

Créer la rupture

Comme le précise le gérant, si nous achetions tous des autocollants en tant qu'individus, et que nous avions l'intention de terminer l'album, la demande d'autocollants serait bien plus forte : chacun d'entre nous achèterait en moyenne 967 paquets pour atteindre ses objectifs et nous serions tous assis sur de grandes piles d'images en double inutiles.

Un " marché " de l'échange réduit le coût et les déchets, rappelle le gestionnaire d'actifs. De plus, il existe une relation intéressante entre l'offre et la demande : auparavant, je devais acheter plus de paquets parce que l'offre du sticker dont j'avais besoin était effectivement limitée par le rôle joué par la probabilité. Mais, comme j'introduis un réseau d'échangeurs, cet effet est réduit.

L'échange d'une personne correspond à l'autocollant d'une autre personne qui en a désespérément besoin, souligne M&G. Mon image en double de " Mile Jedinak " n'est plus inutile, je peux l'échanger avec quelqu'un qui en a besoin pour échanger son " Birkir Bjarnason ", une situation qui a pour effet d'accroître l'offre de chacun sur le marché.

Quand j'étais enfant, un réseau pouvait être son école, signale le responsable de l'étude. Aujourd'hui, il peut être bien plus large. Une simple recherche a révélé certains des sites Internet existants pour que les échangeurs Panini puissent entrer en contact les uns avec les autres.

Cela devrait avoir pour effet de réduire au minimum le nombre de paquets qu'il faut acheter.

Dans " l'ancien temps ", le prix d'achat d'un autocollant était de 16 centimes (il y en a 5 dans un paquet coûtant 80 centimes), mais les collectionneurs finissaient par payer plus cher pour finir l'album parce que ce qui importe, ce sont les autocollants que vous possédez.

Dans un monde de réseaux étendus, il est probable que n'importe quel sticker que vous obtenez dans un paquet sera nécessaire à quelqu'un qui, à son tour, a un sticker dont vous avez besoin, estime le gérant. Il se trouve également que Panini vous permet désormais de " commander " spécifiquement tous les autocollants qui vous manquent, ce qui a un effet similaire.

L'avenir

L'article de presse sur les déboires du groupe Connect affirme que ce sont les hausses de prix qui ont entraîné une baisse de la demande.

Cela peut être vrai dans la mesure où un changement de prix peut impliquer un changement le long de la courbe de la demande (les gens veulent toujours les autocollants, mais ne sont tout simplement pas disposés à en payer ce prix), mais il pourrait également se passer quelque chose de plus important, assure M&G.

Si les effets de réseau fonctionnent comme le pense le gérant, alors les courbes de la demande et de l'offre elles-mêmes ont changé : les collectionneurs n'ont pas besoin d'acheter autant de paquets (la demande) dans la mesure où l'offre de chaque autocollant a effectivement augmenté. Auparavant, l'offre effective d'autocollants individuels influençait la demande de paquets.

En soi, cela aurait pu se traduire par une réduction des bénéfices pour Connect, même si les prix avaient été maintenus aux anciens niveaux. Ce pourrait être un tournant décisif pour le monde des objets de collection.

A un niveau plus profond, cette évolution pourrait également bouleverser le marché des nostalgiques des albums Panini, indique M&G.

"Dans un monde où la jouissance anticipée d'acheter chaque nouveau paquet est supprimée, les relations sociales liées à l'échange deviennent déshumanisées et les stickers sont simplement produits à la demande ; l'élément humain est supprimé. Vous pouvez également commander l'album entièrement complété… mais, qui va payer pour ces souvenirs dans trente ans ?".