Elle est pourtant censée le savoir, Janet Yellen, qu'il faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler de taux aux marchés financiers. La secrétaire d'Etat au Trésor de Joe Biden, qui fut présidente de la banque centrale américaine de 2014 à 2018, a provoqué un regain de volatilité hier en déclarant dans un entretien à The Atlantic, je cite "il est possible que les taux d'intérêt aient à augmenter quelque peu pour s'assurer que l'économie n'entre pas en surchauffe". Mais peut-être cherchait-elle à savoir si sa parole a toujours autant de poids ? Si c'est le cas, c'est réussi. Les marchés se sont agités, à tel point que Yellen a dû tempérer ses propos plus tard en soirée, précisant qu'elle ne prédit ni ne préconise rien, et qu'elle ne s'attend pas à ce que l'inflation devienne pénalisante. Et quand bien même, la Fed serait là pour traiter le problème. En réalité, rien de bien nouveau sous le soleil (ou la pluie, c'est plus de saison en ce moment). D'ailleurs les taux longs américains n'ont même pas cillé.

Les déclarations de l'ex-deuxième-femme-la-plus-puissante-du-monde-après-Angela-Merkel ont eu d'autant plus de résonnance qu'ils sont intervenus lors d'une séance boursière marquée par une nouvelle de ces indigestions qui frappent le marché à intervalle régulier. Comme c'est le cas depuis quelques semaines, ce sont les valeurs technologiques qui ont trinqué et qui ont accentué le sentiment baissier. Les investisseurs ont aussi l'air de faire une overdose d'énergie renouvelable et d'hydrogène. Pour citer un professionnel de ma connaissance qui traîne ses guêtres du côté de la cité de Calvin, "elle va devoir s'accrocher, la thématique ESG, pour prouver qu'elle bat le marché avec les valeurs pétrole qui flambent et l'énergie verte qui se casse la figure". En réalité il a été beaucoup plus vulgaire, mais j'édulcore ses propos parce que ma maman me lit parfois.

Quant à chercher à expliquer la séance d'hier, mieux vaut y renoncer. On nous rebat les oreilles avec les commentaires de Yellen sur l'inflation mais les taux obligataires sont stoïques. Il y a des pénuries de semiconducteurs mais les valeurs du secteur se font sabrer. Le DAX perd 2,5 % mais le CAC 40 seulement 0,3 %. Les cours du carbone dépassent 50 EUR la tonne mais le Brent remonte à 70 USD et les acteurs des énergies renouvelables s'enfoncent. L'indice Bloomberg des matières premières signe un plus haut depuis 2011, mais les grosses minières ont baissé. Bon n'exagérons pas trop quand même : quelques lignes directrices perdurent. Notamment le châtiment infligé aux "valeurs-covid". Les actions concernées continuent à afficher des trajectoires de résultats très solides, mais les investisseurs n'ont plus l'air de tolérer les multiples de valorisation exubérants qui ne leur faisaient ni chaud ni froid pendant la majeure partie de 2020. Et le fait que les bénéfices des sociétés et leurs objectifs sont toujours en adéquation avec une forte reprise économique.

Pour être complet, en plus du coronavirus et de la prodigalité des banques centrales, il faut ajouter au nombre des thématiques du moment les relations entre la Chine et l'Occident. Le sujet ne date pas d'hier, bien sûr, mais les relations se tendent et l'Europe met aussi désormais son poids dans la balance. Les hauts dirigeants du vieux continent ont confirmé que les discussions avec la Chine sur l'investissement étaient gelées, tandis que les membres du G7 n'ont pas caché leur volonté de faire front commun face aux ambitions économiques et politiques de Pékin. L'ambiance n'est pas glaciale mais elle s'en rapproche.

Le CAC40 gagnait 0,6% à 6294 points en début de séance. Les marchés actions japonais et chinois sont toujours fermés. La reprise est prévue demain à Tokyo et à Shanghai.

Les temps forts économiques du jour

Les indices PMI des services définitifs d'avril seront annoncés tout au long de la journée, de la France à 9h50 aux Etats-Unis à 15h45. Outre-Atlantique, l'étude ADP sur l'emploi d'avril (14h30), l'ISM des services (16h00) et les stocks pétroliers hebdomadaires du DOE (16h30) sont aussi en vue.

L'euro recule à 1,2028 USD, tandis que l'once d'or stagne à 1781 USD. Le pétrole poursuit son ascension, avec un Brent qui se rapproche à nouveau des 70 USD et un WTI à 66,50 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans atteint 1,59 %. Le Bitcoin remonte à 55 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • ASM International : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 275 à 310 EUR.
  • Associated British Foods : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 2300 à 2800 GBp.
  • Banco Santander : Kepler Cheuvreux reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 3,60 à 3,82 EUR.
  • BNP Paribas : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 66 à 69 EUR. Berenberg passe de vendre à conserver en visant 48 EUR.
  • Bucher Industries : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 530 à 660 CHF.
  • Dassault Systèmes : AlphaValue passe de vendre à alléger en visant 180 EUR.
  • Davide Campari : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 10,50 à 11 EUR.
  • Demant : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 315 à 360 DKK.
  • Infineon : DZ Bank reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 42 à 40 EUR. Liberum reste acheteur avec un objectif réduit de 40 à 37 EUR.
  • Nokian Renkaat : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 30 à 35 EUR.
  • Nolato : Nordea passe de conserver à acheter.
  • Safran : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 144 à 146 EUR.
  • Siemens Gamesa : Kepler Cheuvreux reste neutre avec un objectif de cours réduit de 32,50 à 32 EUR.
  • Signify : ING passe de conserver à acheter en visant 60 EUR.
  • Solvac : KBC passe de conserver à accumuler en visant 135 EUR.
  • Stabilus : Kepler Cheuvreux reste à vendre avec un objectif de cours relevé de 48 à 56 EUR.
  • TeamViewer : DZ Bank reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 45 à 42 EUR.
  • Telenor : Handelsbanken passe d'acheter à conserver en visant 158 NOK.
  • Vossloh : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 48 à 50 EUR.
  • WPP : Exane BNP Paribas passe de neutre à sousperformance en visant 880 GBp.

En France

Résultats des sociétés

  • AXA : les revenus ont progressé de 2 % sur une base comparable, à 30,7 Mds€ au T1. L'assureur s'attend à une progression de son ratio de solvabilité cette année.
  • Orpea : le chiffre d'affaires du T1 affiche une croissance organique de 1 %. Sur l'exercice entier, les revenus devraient croître d'au moins 6 %.
  • Veolia : le groupe confirme ses objectifs 2021 après des trimestriels conformes aux attentes. Le management vise toujours une signature de l'accord avec Suez le 14 mai.

Annonces importantes

  • Bombardier a cédé les 3,1 % du capital d'Alstom qu'il détenait encore à 44 EUR pièce (vs. 45,83 EUR en clôture la veille).
  • Le PDG de STMicroelectronics estime que les pénuries de semi-conducteurs vont durer encore au moins un an, à cause du décalage entre la demande et les capacités.
  • Trois syndicats représentatifs de Suez réclament 11% d'actionnariat salarié.
  • Thales modernise le métro de Brescia.
  • Valneva va placer ses ADS aux Etats-Unis dans la fourchette 24,04 à 28,85 USD (correspondant à un cours de 10 à 12 EUR par action ordinaire).
  • Eurazeo finalise son investissement de 68 M€ dans Ultra Premium Direct.
  • Sercel (CGG) en négociations exclusives pour le rachat de Low Impact Seismic Sources.
  • 85 % des résidents des maisons de retraite Orpea ont été vaccinés.
  • La modification du plan de sauvegarde de Rallye a été avalisée.
  • Nicox signe un partenariat avec le laboratoire Grin pour Zerviate au Mexique.
  • Une première série d'OCABSA Adomos a été exercée.
  • LNA Santé, Sidetrade, Assystem, Actiplay, IGE+XAO, Erytech, AST Groupe, Metabolic Explorer, Caisse régionale du Crédit Agricole mutuel de Paris, Hopscotch ont publié leurs comptes et/ou présenté leurs perspectives.

Dans le monde

Résultats des sociétés

  • Activision Blizzard : le titre gagne plus de 5% hors séance après un relèvement d'objectifs 2021 hier soir.
  • Alcon : l'ancienne filiale de Novartis a dégagé au premier trimestre un chiffre d'affaires en progression de 5 % à 1,19 Md$ et des résultats en amélioration. Le chiffre d'affaires annuel devrait se situer entre 7,8 et 8 Mds$, pour une marge opérationnelle de 17 %.
  • Lyft : le titre gagne 6 % hors séance Wall Street après avoir publié des pertes moins lourdes que prévu au T1.
  • Merck KGaA : les prévisions de résultats annuels sont supérieures au consensus après avoir été relevées.
  • Novo Nordisk : le résultat opérationnel du T1 est en baisse, mais moins que prévu.
  • Solvay : le chimiste belge a relevé ses prévisions de flux de trésorerie disponible pour l'exercice en cours après des résultats du T1 supérieurs aux attentes.

Annonces importantes

Lectures