PARIS (awp/afp) - Les marchés européens vont se focaliser la semaine prochaine sur les développements dans le conflit commercial sino-américain après avoir été dopés par la perspective de politiques monétaires accommodantes, sur fond de tensions entre l'Iran et les Etats-Unis.

Les investisseurs, qui avaient entamé la semaine avec "un peu d'appréhension", ont été apaisés par un "flot de bonnes nouvelles", indique à l'AFP Marco Bruzzo, directeur général délégué de Mirabaud AM.

A commencer par le discours, mardi, du patron de la Banque centrale européenne Mario Draghi qui s'est ému de la faiblesse de l'inflation et a évoqué la possibilité de puiser dans tout l'arsenal monétaire pour la stimuler.

Autre effet énergisant le lendemain, la Réserve fédérale américaine a également ouvert la voie à une baisse de ses taux directeurs, dopant les marchés actions et obligataires. La Banque d'Angleterre a semblé aussi plus prudente avant d'envisager une hausse de ses taux.

"Savoir que les Banques centrales vont encore maintenir leurs efforts a été très bien perçu", car de par leur message unanime d'anticipation de baisse de taux, elles "annihilent toutes les craintes quant à l'impact des facteurs de risque sur la croissance", précise M. Bruzzo.

La prochaine réunion monétaire de la Fed est prévue les 30 et 31 juillet et déjà une écrasante majorité d'acteurs financiers prévoient une baisse des taux.

Néanmoins, une réduction des taux directeurs ne sera "pas forcément évidente et réalisable dès juillet", ce qui pourrait alors "créer un peu de volatilité sur les marchés à court terme" jusqu'à la prochaine réunion de la Fed en septembre, prévient M. Bruzzo.

Pour Jeanne Asseraf-Bitton, responsable de la stratégie d'investissement chez Lyxor AM, la déception surviendra uniquement "si les nouvelles économiques sont décevantes et qu'il ne se passe rien du côté des Banques centrales".

Par conséquent, nul doute que les prochaines statistiques économiques seront examinées à la loupe. Surtout, les indicateurs de confiance aux Etats-Unis mardi, suivis mercredi des commandes de biens durables pour mai. En zone euro, les yeux seront rivés sur le baromètre allemand Ifo du moral des entrepreneurs pour le mois de juin alors que l'indice ZEW mesurant la confiance des investisseurs a plongé en juin, signe des inquiétudes qui pèsent toujours sur la première économie européenne.

Le G20 en ligne de mire

La semaine écoulée, centrée sur les politiques monétaires, va "passer le relais à une semaine politique, plus complexe", souligne Mme Asseraf-Bitton.

L'enjeu est de taille car en marge du sommet du G20 au Japon, le président américain Donald Trump est censé rencontrer son homologue chinois Xi Jinping, laissant espérer une relance des négociations commerciales actuellement au point mort.

Le marché n'est toutefois pas à l'abri de déceptions : "ce n'est pas parce qu'il y a une rencontre que tous les problèmes de la guerre commerciale sont susceptibles d'être résolus", prévient M. Bruzzo.

"Ce que le marché redoute, c'est une dégradation des relations" qui se traduirait par "davantage de protectionnisme" qui constituerait une "profonde menace pour l'économie mondiale et les marchés", affirme Mme Asseraf-Bitton.

L'annonce fin juin d'un accord commercial global est considéré comme "relativement improbable" et la plupart des opérateurs de marché tablent plutôt sur "quelques signes encourageants", selon la spécialiste.

Toute indication laissant penser à un accord entre les deux géants devrait soutenir les cours des métaux industriels et, par conséquent, les titres des compagnies minières cotées à la Bourse de Londres où elles constituent des poids lourds.

Même si les récentes élections européennes ont soulagé le marché en évitant une forte poussée des forces nationalistes, une autre échéance politique tient l'Europe en haleine ce mois-ci. En l'occurrence, le poste le plus important pour les marchés, celui de nouveau gouverneur de la BCE ainsi que l'élection du prochain président de la Commission européenne.

Par ailleurs, les investisseurs resteront vigilants face au regain de tensions entre Washington et Téhéran, qui ont un peu terni l'ambiance en fin de semaine.

Même si "les marchés s'accoutument généralement aux tensions géopolitiques", la multiplication des incidents entre les Etats-Unis et l'Iran "ajoute une prime de risque", observe Mme Asseraf-Bitton.

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