PARIS (awp/afp) - En quête de visibilité, les investisseurs devraient opter pour l'attentisme la semaine prochaine après avoir osé des rebonds sur les marchés, enhardis par une inflexion du discours monétaire américain et un espoir d'amélioration des rapports commerciaux avec la Chine.

Les places financières ont achevé une "belle semaine de reprise", les investisseurs ayant été "rassurés sur une certaine souplesse qui était attendue de la part de la Réserve fédérale américaine (Fed) et une avancée dans les négociations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis", observe Marc Riez, directeur général de VEGA IM, interrogé par l'AFP.

En employant le mot "patience", le patron de la Fed Jerome Powell a laissé entendre qu'il n'aurait peut-être pas à tout prix en 2019 recours à deux hausses de taux annoncées en décembre, se tenant prêt à ralentir le rythme du resserrement.

"Les marchés étaient quasiment en mode fin du monde fin décembre et de nouveau on voit les choses positivement", souligne de son côté auprès de l'AFP Marjorie Sonigo, directeur de la gestion financière pour Pictet WM.

Après une année qui avait mal commencé, la reprise des discussions commerciales sino-américaines a contribué à un rebond du marché en milieu de semaine, fondé sur un espoir d'accord.

"C'est une bonne base mais pour l'instant il n'y a rien de concret", nuance cependant l'experte qui prévoit que les investisseurs "resteront prudents" compte tenu d'une décélération de la croissance.

Le CAC 40, qui était passé sous les 4.600 points avant Noël, est ainsi remonté au-dessus des 4.800 points au cours de la semaine écoulée.

"Mais ce rebond peut difficilement aller plus haut. Tant que les investisseurs n'y voient pas plus clair sur la Chine et l'économie américaine, les investisseurs vont être attentistes", estime M. Riez.

"Comme Saint Thomas"

Par conséquent, "le marché va faire un peu comme Saint Thomas" et attendre des éléments concrets pour confirmer ou non les rebonds techniques de la semaine écoulée. "S'il y a des déceptions, elles seront lourdement sanctionnées" et sur le dossier chinois, "les plus petites inflexions de commentaires" vont continuer à dicter la tendance, selon lui.

Ainsi, la publication des résultats annuels d'entreprises, qui vient de débuter aux Etats-Unis, va être "le juge de paix" sur les marchés, qui doivent non seulement être rassurés par les performances mais aussi par les perspectives et discours des dirigeants, souligne Mme Sonigo.

D'ores et déjà, plusieurs sociétés ont revu à la baisse leurs ambitions, tels que la chaîne de grands magasins Macy's, American Airlines ou Apple.

Par ailleurs, les marchés vivent toujours avec "une épée de Damoclès" politique au-dessus de la tête, observe M. Riez, "le dossier le plus chaud étant le Brexit" qui fera un retour fracassant sur le devant de la scène la semaine prochaine, avec un vote crucial mardi du Parlement britannique.

Les députés vont se prononcer sur l'accord obtenu par la Première ministre Theresa May auprès de Bruxelles. Mais celle-ci se dirige vers un échec cuisant, de nature à alimenter les incertitudes autour de la sortie de l'Union européenne, entre craintes d'un Brexit sans accord, possible report de la date de divorce ou organisation d'élections générales.

Les investisseurs craignent en effet qu'il n'y ait "pas grand-chose de bon à espérer de ce vote", prévient M. Riez.

Le marché boursier devrait par conséquent être sensible à l'évolution des valeurs exposées à l'économie britannique comme le secteur du BTP ou les banques. Ces titres pourraient souffrir en cas de craintes d'un Brexit "dur", mais seraient en revanche susceptibles de profiter d'informations éloignant ce scénario du pire.

En dehors de cette actualité politique brûlante, le marché regardera outre-Manche quelques statistiques avec l'inflation et les ventes au détail pour décembre, qui en diront plus sur la manière dont l'économie britannique a terminé l'année, en plein ralentissement à l'approche du Brexit.

En Allemagne, où plusieurs indicateurs économiques décevants ont renforcé les craintes d'une "récession technique", les investisseurs se focaliseront mardi sur les chiffres de la croissance 2018, alors que la première économie européenne n'a cessé l'an dernier de réviser à la baisse ses prévisions.

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