Les marchés boursiers sont à nouveau passés d'une phase "un pas en avant, deux pas en arrière" à une phase "un pas en arrière, deux pas en avant". Avec pour élément déclencheur la poursuite de la décrue de l'inflation aux Etats-Unis en octobre. Les investisseurs ont rouvert les vannes en estimant que la banque centrale américaine pourrait finalement gagner son pari contre la hausse des prix sans trop endommager la dynamique économique. Le Stoxx Europe 600 a repris 3,7% sur la semaine. Le S&P500 près de 6% et le Nasdaq près de 10%. Une grande partie de la cote en a profité, en particulier les actions très spéculatives et les grandes capitalisations de qualité. Les valeurs moyennes ont en revanche été un peu délaissées, de même que certains compartiments spécifiques. On a vu par exemple la défense, très prisée depuis le début de l'année évidemment, se faire sèchement corriger. La mécanique à l'œuvre est un peu imbécile mais typique des mouvements spéculatifs de court terme : la perspective d'une politique monétaire moins défavorable ne va pas régler les tensions géopolitiques du monde. Le secteur de la santé, jugé trop défensif dans une optique d'embellie durable, a lui aussi subi de lourds dégagements.

La spéculation sur un retour à de meilleurs sentiments du côté de la Fed est le principal moteur de la fusée boursière de novembre, mais ce n'est pas le seul. La Chine apporte aussi sa pierre à l'édifice. On dirait bien que le pays a enfin décidé d'accélérer pour sortir de la déprime économique dans laquelle il est englué depuis plusieurs trimestres. Sans être trop exubérant quand même : il ne faudrait pas que ces inflexions donnent l'impression que le parti a commis des erreurs. Mais les autorités ont quand même franchi coup sur coup deux des lignes rouges qu'elles avaient tracées : la politique zéro-covid et le soutien au secteur immobilier en crise. L'allègement des règles sanitaires a été annoncé en fin de semaine dernière et a déjà fait rugir les marchés financiers de plaisir. Au cours du weekend, Pékin a aussi dévoilé un plan de vingt mesures pour sortir le secteur immobilier de l'ornière. Il suffit de regarder le parcours de l'action du promoteur Country Garden Holdings sur les dernières séances pour comprendre que la donne a changé : +35% vendredi et +34% aujourd'hui.

Celle nouvelle tentative d'alignement des planètes haussières réveille logiquement l'appétit des financiers. Comme c'est systématiquement le cas dans ce genre de situation, tout démarre par une phase frénétique. Dans laquelle nous sommes actuellement. Les investisseurs veulent croire que le plancher a été touché et prennent des positions en conséquence. La seule fausse note dans ce concert haussier, ce sont les cryptomonnaies. Le bitcoin et ses petits camarades ont repris leur baisse ce matin, à 15 870 USD l'unité pour la mère de toutes les cryptos. L'effondrement de la plateforme FTX et les révélations qui ont suivi provoquent un raz-de-marée (ici, pour un debriefing avec notre expert en la matière, mon collègue Laurent Pignot). Un lecteur m'a interpelé vendredi sur mon analyse de la situation en me rappelant fort justement que c'est la cupidité, et pas le principe des cryptomonnaies, qui a entraîné ce fiasco. Je partage son point de vue, mais je sais aussi à quel point la cupidité et la complaisance peuvent faire dérailler les bonnes idées. En attendant, l'onde de choc continue à se propager et bien malin qui pourra dire jusqu'où elle ira. Disons pour être constructif qu'elle entraînera probablement une forme de sélection naturelle.

Voici un florilège d'informations à connaître pour démarrer la semaine avec le bagage minimum requis :

  • Aux Etats-Unis, les démocrates sont assurés de conserver la majorité au Sénat avant même le second tour qui aura lieu début décembre en Géorgie. La couleur de la chambre des représentants est en revanche toujours à déterminer, même si les républicains semblent avoir une longueur d'avance alors que 19 sièges sur 435 restent à pourvoir.
  • Xi Jinping et Joe Biden se rencontrent en vrai pour la première fois du mandat du président américain. C'est prévu aujourd'hui avant le sommet du G20 à Bali, en Indonésie. Le programme laissera peu de place au batifolage : conflit en Ukraine, relations avec Taiwan et programme nucléaire nord-coréen sont au menu.
  • Au Royaume-Uni, le nouveau chancelier de l'échiquier, Jeremy Hunt, a expliqué qu'il veut augmenter les impôts "pour relancer l'économie". Son prédécesseur voulait baisser les impôts "pour relancer l'économie". Tout est dans le discours, braves gens. Le projet sera détaillé jeudi.
  • Royaume-Uni toujours, Londres envisage d'accroître sa taxe sur les bénéfices exceptionnels des énergéticiens, qui pourrait passer de 25 à 35% et être prolongée jusqu'en 2028. Contrairement à d'autres capitales européennes, Londres a très tôt pris ses responsabilités sur la ponction des gains faramineux que certaines entreprises ont retiré de la crise énergétique.
  • Lael Brainard, la vice-président de la Fed, doit intervenir lors d'un événement public à 17h30. Aura-t-elle un message à faire passer après l'embellie constatée sur l'inflation ?

En Asie Pacifique, le Hang Seng poursuit sa revanche après avoir été le dernier des tocards indiciels depuis le début de l'année. Il gagne 5,8% en fin de parcours ce matin. Le Japon est nettement moins enthousiaste avec une baisse de 1%. L'Inde, la Corée du Sud et l'Australie se baladent aussi dans le rouge, mais de façon moins prononcée. Quant aux indicateurs avancés européens, ils sont légèrement haussiers dans l'ensemble. Les "futures" américains sont en revanche baissiers à l'heure où ces lignes sont écrites, après les deux séances de vif rebond engrangées à Wall Street. Le CAC40 gagnait 0,4% peu après l'ouverture, à 6622 points.

Les temps forts économiques du jour

Une seule statistique majeure aujourd'hui, la production industrielle européenne de septembre (11h00). Tout l'agenda macro ici.

L'euro se renforce encore à 1,0310 USD. L'once d'or se stabilise autour de 1760 USD. Le pétrole reste solide, avec un Brent de Mer du Nord à 96,24 USD le baril et un brut léger américain WTI à 89,15 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans remonte à 3,90%. Le bitcoin a repris sa baisse, autour de 15 940 USD ce matin.

Les principaux changements de recommandations

  • Alfen : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 125 EUR.
  • Aperam : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif réduit de 49,60 à 43,80 EUR.
  • Atlas Copco : Citigroup passe de conserver à acheter en visant 155 SEK.
  • Axactor : ABG démarre le suivi à l'achat en visant 7,40 NOK.
  • Azimut Holding : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 22 EUR.
  • Barry Callebaut : Stifel passe d'acheter à conserver en visant 2100 CHF.
  • Beazley : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 670 à 825 GBp.
  • Coloplast : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 880 à 930 DKK.
  • Compagnie Financière Richemont : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 155 à 160 CHF. UBS reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 135 à 146 CHF.
  • Credit Suisse : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 4,40 à 3,80 CHF.
  • Elior : Barclays passe de pondération en ligne à souspondérer en visant 2 EUR.
  • Hikma Pharmaceuticals : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 2020 à 1930 GBp.
  • Hunting : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 330 à 350 GBp.
  • Interpump : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 53 à 55 EUR.
  • Interroll : UBS reste neutre avec un objectif de cours réduit de 2720 à 2450 CHF.
  • Kindred : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 113 à 120 SEK.
  • LEM Holding : Research Partners reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 1800 à 2100 CHF.
  • Mercedes : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 63 à 68 EUR.
  • Orsted : Goldman Sachs passe d'acheter à neutre en visant 735 NOK.
  • Pets at Home : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 425 à 385 GBp.
  • Prysmian : Citigroup passe d'acheter à conserver en visant 35,50 EUR.
  • Salzgitter : DZ Bank reste à conserver avec un objectif relevé de 26 à 28 EUR.
  • Technip Energies : Exane BNP Paribas passe de neutre à surperformance.
  • Telenet : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 33 à 22 EUR.
  • Teleperformance : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif réduit de 399 à 335 EUR.
  • Vat Group : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 287 CHF.
  • Vodafone : Jefferies reste à conserver avec un objectif réduit de 122 à 100 GBp.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Schneider Electric relève son offre sur Aveva à 32,25 GBP, contre 31 GBP initialement.
  • Teleperformance Colombia va rencontrer les représentants du gouvernement colombien.
  • The Estée Lauder serait proche d'un rachat de Tom Ford pour 2,8 Mds$, alors que Kering était pressenti.
  • Renault lance un petit programme de rachat d'actions.
  • Orange se renforce dans la cybersécurité avec le rachat des sociétés suisses SCRT et Telsys. Par ailleurs, l'opérateur déploie un réseau 5G au Botswana.
  • Kalray signe un contrat de développement et de fourniture de cartes d'accélération basées sur ses DPU avec une grosse entreprise du Nasdaq, comme cela était attendu.
  • Global Bioenergies renouvelle sa ligne de financement en fonds propres (financement dilutif) avec Kepler Cheuvreux. Par ailleurs, le groupe collabore avec Shell pour le développement de carburants routiers bas carbone.
  • Autres publications : Innate Pharma, Plastivaloire, Touax

Dans le monde

Résultats des entreprises (les indications sont données à chaud et ne préjugent pas de l'orientation des actions)

  • Softbank : les pertes du fonds Vision font décrocher le titre de 9% en séance.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • L'OPA lancée par la famille Benetton et le fonds d'investissement américain Blackstone sur Atlantia a recueilli l'adhésion d'environ 88% du capital du groupe autoroutier et aéroportuaire italien.
  • Le PDG d'ASML est confiant quant aux perspectives pour 2030, malgré d'éventuelles restrictions en Chine.
  • Alibaba n'a pas communiqué le chiffre d'affaires précis généré lors de la semaine a affirmé que, cette année, les résultats sont "conformes à ceux de l'an passé... en dépit de difficultés macro-économiques et des conséquences liées au Covid", sans donner plus de détails.
  • GlobalFoundries va commencer à supprimer des emplois et à geler les recrutements pour limiter les coûts.
  • Rheinmetall va acquérir le fabricant espagnol d'explosifs Expal pour 1,2 Md€.
  • Visa a mis fin aux accords mondiaux de cartes de débit avec FTX.
  • Roche essuie un revers en phase III avec le gantenerumab contre Alzheimer.
  • Rolls-Royce fournira des services de moteur TotalCare à China Eastern Airlines.
  • Oncopeptides s'envole de 45% grâce à l'autorisation de mise sur le marché au Royaume-Uni d'un traitement du myélome multiple.
  • Principales publications du jour : Charles Schwab, Mitsubishi UFJ, Sumitomo Mitsui, Tyson Foods, Vantage Towers, Talanx, Informa, Reply... Tout l'agenda ici.

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