La séance boursière de la veille a connu pas mal d'agitation et des trajectoires pas toujours faciles à suivre, que je vais m'employer à dépatouiller ce matin. De toute façon, une séance qui voit Orange gagner 6,5% est forcément sans queue ni tête. L'opérateur télécom français, que les financiers utilisent généralement en substitut aux traitements chimiques pour calmer les traders hyperactifs, a profité d'un accueil rare et chaleureux accordé à ses résultats annuels et à son nouveau plan stratégique. D'ailleurs, d'autres grandes entreprises françaises ont bénéficié d'un traitement identique après leurs chiffres, à l'image d'Airbus, de Pernod Ricard et d'Air Liquide. Comme Kering et Carrefour qui avaient brillé la veille pour les mêmes raisons ont continué sur leur lancée, le CAC40 a brièvement sondé une nouvelle terra incognita à 7387,29 points. En moins lyrique, l'indice parisien a signé un nouveau record en dépassant le précédent qui datait du 5 janvier 2022 à 7385 points et des poussières. Le tout alors que les indicateurs avancés américains piquaient du nez, s'il vous plaît. La marque est symbolique même si le CAC40 intégrant les dividendes vole depuis plusieurs jours déjà de record en record.

CAC40 GR

Sur 10 ans, 204% de hausse pour le CAC40 GR versus 103% pour le CAC40. Les dividendes, c'est pas rien.

Bon, la concupiscence (coucou Julien) parisienne n'était pas partagée par toute la planète finance, puisque les autres places européennes se sont montrées plus prudentes à la clôture, voire même carrément sceptiques, comme en Suisse ou en Scandinavie. Quant aux Etats-Unis, ils ont fini par plier. Depuis deux jours, on sentait que les statistiques macroéconomiques américaines commençaient à diverger de l'histoire préférée des investisseurs (inflation qui baisse + banque centrale qui arrête de relever ses taux + économie qui ralentit mais pas trop + banque centrale qui recommence à réduire ses taux + l'économie repart). Rebelote hier avec des prix à la production qui ont accéléré à la hausse au-delà de ce qui était redouté en janvier. De quoi ébranler les pronostics d'une inflation qui ne constituera plus un problème et d'une politique monétaire qui va aller en s'assouplissant. D'ailleurs, deux banquiers centraux américains ont évoqué hier l'éventualité d'une hausse de taux plus musclée que prévu lors de la prochaine réunion de la Fed, soit 50 points de base. D'ailleurs, deux de leurs homologues doivent encore s'exprimer aujourd'hui. On verra s'ils jouent aussi les faucons.

Wall Street a donc fini par plier hier, après avoir vainement tenté de trouver du positif dans la statistique des prix à la production publiée à 14h30. Le vrai décrochage a eu lieu autour de 20h00 et a amené les trois indices principaux au plus bas de la journée. Le Nasdaq 100 a perdu 2% et gommé une partie de son avance de la semaine. Le S&P500 a cédé 1,38% pour revenir exactement à son niveau de clôture de vendredi dernier. Du coup ça cancane et ça blablate pas mal à nouveau sur la politique monétaire, le niveau de taux auquel devra monter la Fed pour s'assurer que l'inflation est circonscrite, les dégâts que cela risque de créer sur la croissance, ceci-cela. On n'est pas revenus trois mois en arrière, mais on n'est plus dans la nonchalance complaisante des derniers jours. Le marché voit maintenant les taux de la Fed plafonner à 5,2%, alors qu'un niveau de 4,9% était presque considéré comme agressif il y a deux semaines. Le rendement de la dette américaine à 10 ans s'est encore tendu à 3,88%, signe que le marché obligataire commence à prendre au sérieux le début d'un retour de manivelle sur les statistiques macroéconomiques. Assez logiquement, le dollar s'est renforcé face à toutes les devises. La prochaine décision de la Fed sur ses taux aura lieu le 22 mars. Pour le moment, le marché assigne une probabilité de 82% à une hausse de taux de 25 points de base, contre 18% pour une hausse de 50 points, selon l'outil FedWatch du CME.

Pendant ce temps, Pékin annonce une "victoire décisive" contre le coronavirus. Pas sûr que la politique "zéro covid" abandonnée à l'automne y soit pour quelque chose. La Chine qui a encore égaré un dirigeant d'entreprise. Bao Fan, banquier réputé pour ses opérations dans le domaine technologique, a disparu sans laisser d'adresse. Sa firme, China Renaissance, s'est effondrée ce matin à Hong Kong où l'action a perdu jusqu'à la moitié de sa valeur. Chine enfin, avec de nouvelles injections de liquidités par la banque centrale, qui cherche à relancer la dynamique économique mise à mal par les restrictions mises en place jusqu'à la fin de l'année dernière.

Le calendrier des publications de sociétés est encore relativement étoffé, avec des poids lourds européens comme Allianz, Mercedes, Hermès et Safran ce matin. Celui des indicateurs macroéconomiques majeurs est en revanche presque vierge.

En Asie Pacifique, la semaine s'achève en baisse au Japon (-0,66%), en Chine continentale (-1,1%), à Hong Kong (-1%), à Séoul (-1%) et à Sydney (-0,9%). Le décrochage des indices américains a fait des dégâts. Les indices européens accusent aussi le coup en préouverture, avec des premiers échanges qui s'annoncent baissiers. Nous sommes le 3e vendredi du mois, synonyme de séance de compensation, autrement appelée séances des trois sorcières. C'est une journée marquée par des périodes de volatilité avec l'arrivée à échéance de plusieurs types de produits dérivés. Le CAC40 a démarré la séance en baisse de 0,75% à 7311 points.

Les temps forts économiques du jour

Il n'y aura pas d'indicateur majeur aujourd'hui. La banquière centrale de la Fed Michelle Bowman doit prononcer une allocution publique à 14h45. Tout l'agenda ici.

L'euro a reculé à 1,0633 USD. L'once d'or baisse dans le sillage du renforcement du dollar, à 1825 USD. Le pétrole cède aussi du terrain, avec un Brent de Mer du Nord à 84,28 USD le baril et un brut léger américain WTI à 77,90 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans se tend à 3,88%. Le bitcoin retombe à 23 800 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Air Liquide : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 124 à 130 EUR.
  • Banco BPM : KBW passe de performance de marché à surperformance en visant 5,81 EUR.
  • BPER Banca : KBW passe de performance de marché à surperformance en visant 3,85 EUR.
  • Commerzbank : J.P. Morgan reste neutre avec un objectif de cours relevé de 9,80 à 12,60 EUR.
  • Credito Emiliano : KBW passe de performance de marché à surperformance en visant 10,69 EUR.
  • CTS Eventim : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 80 à 84 EUR.
  • Deutsche Post : J.P. Morgan passe de neutre à souspondérer en visant 31,50 EUR.
  • GEA Group : Barclays passe de pondération en ligne souspondérer en visant 38 EUR.
  • Glanbia : Credit Suisse reprend le suivi à neutre en visant 11,80 EUR.
  • Inditex : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 28 à 33 EUR.
  • Intesa : KBW passe de performance de marché à surperformance en visant 3,43 EUR.
  • Kuehne + Nagel : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 280 CHF.
  • Mediobanca : KBW passe de performance de marché à sousperformance en visant 11,15 EUR.
  • Nemetschek : Goldman Sachs reste neutre avec un objectif de cours réduit de 54 à 53 EUR.
  • Pernod Ricard : Jefferies reste à l'achat avec un objectif relevé de 215 à 240 EUR.
  • QT Group : Inderes passe d'acheter à alléger en visant 72 EUR.
  • Randstad : Barclays passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 62,50 EUR.
  • Recordati : Barclays passe de pondération en ligne à souspondérer en visant 35 EUR.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Air France-KLM : la compagnie espère améliorer ses marges cette année.
  • Electricité de France : la perte nette 2022 atteint 17,9 Mds€.
  • Gaztransport & Technigaz : le groupe prévoit un net rebond de son Ebitda en 2023.
  • Hermès : le groupe affiche une croissance de 38% de son résultat net annuel. Les prix ont été relevés de 7% en janvier.
  • Imerys : les résultats 2022 sont inférieurs aux attentes à cause d'un déstockage des clients en fin d'année, mais un dividende copieux vient atténuer l'annonce.
  • Safran : les résultats 2023 devraient progresser.
  • Teleperformance : prévoit une nouvelle progression de sa marge en 2023 et une croissance de son chiffre d'affaires de 10%.
  • Ubisoft : confirme ses objectifs annuels après une baisse de son "net bookings" au T3.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Vinci investit plus d'1 Md$ dans ses aéroports mexicains.
  • Renault espère démarrer opérationnellement sa division de véhicules électriques Ampère en fin d'année.
  • SEB se renforce dans les machines à café professionnelles en achetant La San Marco à Massimo Zanetti Beverage.
  • Jacquet Metals acquiert des activités de distribution d’aciers spéciaux en Europe de l'Est.
  • Mauvaise nouvelle pour Valneva, qui doit cesser les essais cliniques de son vaccin contre la maladie de Lyme sur une partie de la cohorte de patients à cause d'une violation des bonnes pratiques par une société tierce chargée de conduire une partie des essais.
  • Don't Nod lance une augmentation de capital de 40 M€ à 10 EUR l'action, dont 35 M€ garantis par Tencent.
  • Amoeba dépose le permis de construire de sa future usine dans le Vaucluse.
  • Le Dr. Sheldon Sloan est nommé Directeur Médical d'Abivax.
  • Visiomed crée une coentreprise en Arabie Saoudite pour s'y implanter.
  • Groupe Berkem annonce l'acquisition du distributeur américain i.Bioceuticals.
  • Ils ont publié aussi / ils sont sur l'agenda : Eutelsat, Coface, Marie Brizard, Abionyx, …

Dans le monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Allianz : le résultat opérationnel sera compris dans la fourchette 13,2 à 15,2 Mds€ cette année.
  • Daikin : les objectifs annuels sont confirmés à l'issue du T3 fiscal.
  • DoorDash : le titre gagne 5% hors séance après la publication de ses trimestriels.
  • Mercedes : l'Ebit 2023 sera légèrement inférieur à celui de 2022. Le groupe va par ailleurs racheter jusqu'à 4 Mds€ d'actions.
  • Sika : enregistre un bénéfice d'exploitation annuel record en 2022.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Heineken va racheter pour 1 Md€ d'action de la société mexicaine FEMSA.
  • La FDA américaine juge "très sérieux" le rappel de respirateur Philips.
  • La patronne de YouTube (Google), Susan Wojcicki, démissionne.
  • Legal & General poursuit Glencore pour les pertes subies par ses investisseurs en conséquence des enquêtes pour corruption, selon le Financial Times.
  • IMCD rachète un distributeur de matières premières en Afrique du Sud.
  • La banque d'investissement China Renaissance unique de 15% à Hong Kong après avoir annoncé être incapable de contacter son président.
  • Swiss Steel se sépare d'activités non stratégiques.
  • Tesla augmente les prix de certaines versions du Model Y en Chine. En parallèle, le groupe procède à un gros rappel de véhicules pour mettre à jour le logiciel de conduite autonome.
  • Les principales publications du jour : Hermès, Deere, Mercedes, Allianz, Safran, Electricité de France, Sika, Uniper, NatWestTout l'agenda ici.

Lectures