Il se passe pas mal de choses dans la tête des financiers actuellement, notamment parce qu’ils espèrent que l’embellie constatée sur les actions est le commencement de quelque chose et pas un nouveau feu de paille. Depuis le début de l’année, il y a déjà eu trois autres épisodes de ce que l'on appelle un "rebond en marché baissier" : fin janvier, mi-mars et mi-mai. Celui qui est actuellement à l'œuvre a démarré mi-juin, mais il a connu quelques ratés si bien qu'il a fallu attendre le mois de juillet pour assister à une pente haussière un peu moins cahoteuse. Toutefois, la première séance de la semaine était plutôt attentiste, avec des écarts indiciels peu marqués. La hausse a dominé, mais le Nasdaq a reperdu un peu du terrain gagné ces quinze dernières jours, après avoir déjà entamé son capital vendredi.

"La seule fois où l'on a vu ce niveau de pessimisme et où l'on n'a pas gagné d'argent en étant contrariant sur le long terme, c'était Lehman", rappelle opportunément Bank of America, que je cite régulièrement parce que ses stratèges ont eu du pif ces derniers mois sur la toile de fond boursière globale, et qu'ils font de savoureux jeux de mots. En invoquant le fantôme des frères Lehman, la banque veut dire qu'en partant du principe que le moral des investisseurs est une donnée relativement fiable, il y a des opportunités à saisir sur le long terme. D'ailleurs, poursuit-elle, il y a une forme de normalisation après la frénésie. Je cite encore BofA : "le consensus a été très lent à évaluer le choc de l'inflation et le choc des taux, mais il a été très rapide à évaluer le choc de la récession". Bref, le marché a l'air de mieux faire son boulot après avoir gardé ses œillères un bon moment. Les aléas sont encore nombreux, après tout c'est de l'économie, mais les zones d'exubérance ont été rabotées. Une dernière de BofA pour la route : "Wall Street va dénouer les excès financiers des 13 dernières années avec un marché baissier de 6 mois".

Pour revenir à du concret après cette prophétie dont nous verrons bien si elle se réalise, il y a pas mal de publications de résultats en Europe aujourd’hui. Notamment LVMH, Dassault Systèmes, Michelin, Edenred, Rémy Cointreau ou Valeo en France, et Unilever, UBS Group, Compass, DSV ou Lindt ailleurs sur le continent. En attendant en soirée les chiffres de Microsoft et d’Alphabet, qui pèsent ensemble 3 350 milliards de dollars, soit à peu près deux fois toutes les valeurs du CAC40 réunies. Une statistique parfaitement futile mais qui rappelle qu'en dépit des corrections subies par le compartiment technologique américain depuis le début de l'année, sa domination sur la planète bourse n'a pas beaucoup faibli.

D'ailleurs, les investisseurs ont retrouvé un peu de goût pour le risque, comme le démontrent leurs paris estivaux sur la technologie et la consommation discrétionnaire. Mais ils gardent le pied sur le frein après avoir été échaudés par plusieurs phases de rebond sans lendemain depuis le début de l’année (ce sont les fameux rebonds en marché baissier précités). La proximité de la réunion de la Fed mercredi et la pile des entreprises qui revoient en baisse leurs objectifs ne les poussent pas à prendre davantage de paris audacieux.

Cette nuit, ce sont deux entreprises directement liées aux humeurs du consommateur qui ont été contraintes de réviser leurs ambitions à la baisse. Le géant américain de la distribution Walmart a réduit ses prévisions – c’est la seconde fois de l’année – en expliquant que la hausse du prix des aliments et de l’essence le force à faire des promotions sur le reste de ses produits. Le fabricant d’électroménager Whirlpool a aussi atténué ses anticipations, mais en marge de résultats plutôt résistants au second trimestre, ce qui lui vaut une bonne tenue hors séance alors que Walmart dégringole de 10%.

Sur le front des matières premières, le pétrole a fermement rebondi alors que la Russie continue à jouer avec les nerfs des Européens en jouant sur le débit du gazoduc Nord Stream. Dans le carnet rose, Eutelsat va convoler avec OneWeb par un échange de titres sur la base d'une valorisation qui est loin de ravir les actionnaires du Français.

Les indicateurs avancés européens sont contrastés ce matin, sans tendance marquée. Même tendance sur les marchés d'Asie Pacifique où l'on baisse un peu à Tokyo, tandis que Sydney progresse légèrement. L'ambiance est plus porteuse en Chine, notamment à Hong Kong où les valeurs technologiques saluent l'annonce d'Alibaba d'obtenir une cotation primaire sur ce marché. Le CAC40 perdait 0,1% à 6231 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Programme très américain aujourd'hui avec des chiffres immobiliers (prix des maisons FHFA à 15h00 et ventes dans l'immobilier neuf à 16h00) puis l'indice manufacturier de la Fed de Richmond et l'indice de confiance des consommateurs du Conference Board (16h00). Tout l'agenda macro ici.

L'euro remonte légèrement à 1,0232 USD. L'once d'or stagne à 1724 USD. Le pétrole rebondit, avec un Brent de Mer du Nord à 106,6 USD le baril et un brut léger américain WTI à 98 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans est rémunéré 2,79%, toujours sous le 5 ans, le 2 ans et le 6 mois. Le bitcoin s’échange à 21 100 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Alstom: Crédit Suisse réduit son objectif de cours de 47 à 37 EUR.
  • Basic-Fit: Berenberg passe de conserver à vendre avec un objectif de de 33 EUR.
  • Belimo: Research Partners passe d’acheter à conserver en visant 400 CHF.
  • Comet : Research Partners reste à conserver avec un objectif de réduit de 275 à 180 CHF.
  • Fiskars : SEB Equities passe d'acheter à conserver en visant 20 EUR.
  • HeidelbergCement : Exane BNP Paribas passe de surperformance à neutre en visant 56,50 EUR.
  • Medicover : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 274 à 151 SEK.
  • QinetiQ : Berenberg reste à l’achat avec un objectif de relevé de 400 à 440 GBp.
  • Rieter : Research Partners reste à l’achat avec un objectif de cours réduit de 150 à 140 CHF.
  • Roche : Société Générale reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 385 à 365 CHF.
  • Ryanair : Liberum reste à l’achat avec un objectif de cours réduit de 19 à 16,50 EUR
  • Siemens AG : Jefferies reste à l’achat avec un objectif de cours réduit de 190 à 155 EUR.
  • Sinch : Berenberg passe d’acheter à conserver en visant 30 SEK.
  • SMA Solar : Jefferies reste à sous performance avec un objectif de cours relevé de 35 à 36 EUR.
  • Teleperformance : RBC démarre le suivi à surperformance en visant 400 EUR.
  • Veolia : JP Morgan reprend le suivi à souspondérer en visant 22,50 EUR.
  • Vicat : Exane BNP Paribas passe de surperformance à neutre en visant 32 EUR.

En France

Résultats des sociétés

  • Dassault Systèmes: Le groupe garde ses bonnes habitudes en relevant ses prévisions annuelles après un 1er semestre solide.
  • Edenred: Le groupe a dégagé des bénéfices en vive hausse au S1 et prévoit un Ebitda en progression marquée sur l'année.
  • Rémy Cointreau : Les objectifs sont confirmés à l'issue du T1 fiscal marqué par une forte croissance organique.
  • Soitec : les revenus du T1 fiscal sont en hausse organique de 6% à 203 M€. Les objectifs sont confirmés.

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le monde

Résultats des sociétés

  • DSV : Le groupe relève ses prévisions d'Ebit 2022.
  • Lindt : Le chocolatier a dépassé les prévisions de bénéfices au S1. Il a prévu de lancer un programme de rachat d'actions de 1 MdCHF sur deux ans.
  • Logitech: Le groupe a vu ses revenus et ses résultats reculer au cours du dernier trimestre, au-delà de ce qui était redouté. Les objectifs annuels sont abaissés.
  • Randstad : L'EBITA du T2 est en hausse de 18% et à peu près conforme aux attentes.
  • UBS Group: La banque a réalisé un bénéfice net de 2,1 Mds$ au T2, inférieur aux attentes.
  • Walmart: Le distributeur abaisse ses objectifs pour le T2 et l’exercice entier. Le titre perd 10% hors séance.
  • Whirlpool: Le groupe américain réduit sa prévision de bénéfice annuel après un T2 plutôt solide.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures