À Paris, le CAC 40 a perdu 0,79% à 4.985,45 points, sa première clôture sous 5.000 points depuis le 30 octobre, alors qu'il gagnait 0,74% au plus haut.

A Francfort, le Dax a abandonné 0,85%; l'indice EuroStoxx 50 a fini sur un repli de 0,64%, le FTSEurofirst 300 de 0,7% et le Stoxx 600 de 0,73%.

A Londres, le FTSE 100, porté par l'absence de mauvaise nouvelle sur le front du Brexit, a limité son recul à 0,19%.

Si la journée avait débuté sur une note positive, les principales sources d'incertitude du moment restent bien présentes, qu'il s'agisse des tensions commerciales, des négociations sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne ou du différend entre la Commission européenne et le gouvernement de Rome sur le budget italien.

Mais le principal fait du jour est une fois de plus le repli marqué des valeurs technologiques américaines, qui a lourdement pesé sur la tendance.

A WALL STREET

Au moment de la clôture en Europe, Wall Street était en net repli, de 1,67% pour le Dow Jones, de 1,66% pour le Standard & Poor's 500 et surtout de 2,2% pour le Nasdaq Composite.

Apple, première capitalisation mondiale cédait alors 3,8% après un article du Wall Street Journal selon lequel le groupe a réduit ses commandes de production des trois modèles d'iPhone lancés en septembre.

"Les investisseurs craignent que l'iPhone soit proche de son point haut, voire qu'il l'ait déjà dépassé. Et les fabricants de puces qui fournissent le secteur des smartphones sont eux aussi sous pression", commente David Madden, analyste de CMC Markets.

L'indice S&P des hautes technologies reculait de 3,33%.

Le fabricant de mémoires Micron Technology perdait 4,2% après les informations du Financial Times sur les progrès de l'enquête antitrust sur ce marché en cours en Chine.

Facebook (-4,61%) est quant à lui tombé à son plus bas niveau depuis février 2017.

VALEURS

En Europe, la baisse la plus marquante du jour est celle de Renault, qui a chuté de 8,43% après l'annonce de l'arrestation au Japon de son PDG Carlos Ghosn, également président de Nissan, soupçonné de ne pas avoir déclaré une partie de ses revenus aux autorités boursières nippones.

L'affaire soulève de nouvelles interrogations sur la solidité de l'alliance entre les deux groupes et elle a des implications politiques, l'Etat français étant actionnaire de Renault.

Autre chute spectaculaire, celle de Vallourec, qui a encore cédé 27,34% après avoir déjà perdu 32% vendredi au lendemain de la publication de ses résultats trimestriels.

A la hausse, Telecom Italia a gagné 3,95% au lendemain de la nomination de son nouvel administrateur délégué, Luigi Gubitosi, qui a conduit Amos Genish, proche de l'actionnaire n°1 Vivendi et évincé la semaine dernière, à réclamer un vote des actionnaires sur sa stratégie.

LES INDICATEURS DU JOUR

Le seul indicateur conjoncturel important du jour, l'indice NAHB du marché immobilier américain, est ressorti nettement inférieur aux attentes à 60 contre 68 en octobre, alors que le consensus le donnait à 67.

CHANGES

Le dollar accentue son repli et l'indice qui mesure ses fluctuations face à un panier de devises de référence recule de 0,26%, au plus bas depuis plus de deux semaines.

La devise américaine souffre, comme vendredi, du ton prudent choisi par plusieurs responsables de la Réserve fédérale (Fed) pour évoquer les perspectives économiques mondiales et la possibilité que la Fed se rapproche de la fin du cycle de hausse des taux engagé en 2015.

"On a l'impression que le marché des changes commence à penser que les jours du resserrement de la Fed sont comptés et ceux de la vigueur du dollar aussi", commente Ned Rumpeltin, directeur de la stratégie devises européenne de TD Securities à Londres.

L'euro en profite pour remonter à 1,1450 dollar, au plus haut depuis le 7 novembre.

La livre sterling, elle, reprend 0,12% face au dollar et 0,1% face à l'euro alors que la Première ministre britannique, Theresa May, continue de rassembler des soutiens au projet d'accord conclu avec Bruxelles sur les modalités du Brexit.

Sur le marché des cryptomonnaies, la dégringolade se poursuit pour le bitcoin, tombé sous le seuil symbolique des 5.000 dollars en repli de plus de 10% sur la journée.

TAUX

Les spéculations sur la politique de la Fed font reculer les rendements des bons du Trésor américain: le dix ans a touché, à 3,057%, son plus bas niveau depuis le 26 octobre. Il est ensuite remonté au-dessus de 3,07% après les déclarations de John Williams, le président de la Fed de New York soulignant la vigueur de l'économie américaine et la volonté de la Fed poursuivre la remontée graduelle des taux.

En Europe, le rendement à dix ans allemand était pratiquement inchangé à la clôture à 0,374%. Parallèlement, les rendements italiens sont repartis à la hausse en réaction aux propos du ministre de l'Economie Giovanni Tria réaffirmant que Rome n'avait pas l'intention de modifier son projet de budget 2019 pour prendre en compte les objections de la Commission européenne (CE).

Celui des BTP à dix ans est monté jusqu'à 3,58%, en hausse de neuf points de base et au plus haut depuis plus de trois semaines.

La CE doit rendre mercredi ses avis sur les projets de budget des Etats de la zone euro, Italie incluse, et pourrait ouvrir une procédure pour déficit excessif visant Rome.

PÉTROLE

Les cours du brut sont de nouveau en repli, les craintes d'un engorgement du marché l'emportant une nouvelle fois sur les spéculations autour d'une possible réduction de la production de l'Opep et de ses alliés après la réunion ministérielle du cartel le 6 décembre.

Le prix du baril de Brent recule de 0,9% à 66,16 dollars après un plus bas à 65,27 et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) cède 0,46% à 56,20 dollars.

Fatih Birol, le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), a appelé lundi tous les acteurs du marché à faire preuve de "bon sens" en soulignant qu'une réduction de l'offre aurait un impact défavorable.

(Avec Gertrude Chavez-Dreyfuss à Londres, édité par Patrick Vignal)

par Marc Angrand