La dernière séance du mois de mai a été tronquée par l'absence des investisseurs anglo-saxons, qui à Londres comme à New York étaient en week-end prolongé grâce à un jour férié. Cela n'a pas empêché les indices européens de perdre du terrain, dans des proportions un peu plus élevées que celles qui étaient la norme récemment. Oh, rien de grave, même si le CAC 40 a perdu 0,57 % à la cloche, pour revenir à 6447 points, après avoir brièvement tutoyé la barre symbolique des 6500 points. Pour vous donner une idée, les volumes quotidiens sur l'indice parisien étaient les seconds plus faibles de l'année après ceux du lundi de Pentecôte. La baisse finale n'empêche pas un quatrième mois consécutif de hausse pour les principales places mondiales.

Attardons-nous ce matin sur un phénomène qui occupe une large place dans les médias économiques actuellement : les hausses de salaires. Dans un contexte qui mêle assez logiquement inflation et reprise économique, vous avez probablement entendu des professionnels se lamenter sur leurs difficultés à recrute, sauf à y mettre le prix. En particulier sur les postes les moins bien payés. Quel serait l'impact d'une hausse de salaires sur les entreprises qui emploient beaucoup de salariés peu qualifiés ? Le bureau d'études AlphaValue s'est penché sur la question en identifiant 28 entreprises européennes cotées, sur les 465 qu'elle suit, qui versent des salaires moyens inférieurs à 30 000 EUR par an. Ces sociétés appartiennent aux secteurs des soins à la personne, de la sécurité, de la distribution, de la logistique et de l'accueil au sens large (hôtellerie, restauration…). Ce sont essentiellement les métiers dits de "seconde ligne", qui ont tenu la baraque durant la pandémie. Les 28 sociétés, parmi lesquelles les françaises Carrefour, Sodexo, Accor, Casino, Elior ou Teleperformance, ont des modèles basés, évidemment, sur une forte intensité de main-d'œuvre, avec par conséquent des frais fixes importants et des margé ténues. "Bien gérée, la rentabilité d'un capital limité peut être superbe, mais la frontière est mince entre fonctionner à plein régime et tomber en panne", rappelle AlphaValue, ce qui explique pourquoi les gouvernements ont tout de suite volé à la rescousse de ces secteurs.

La question qui se pose désormais est celle de savoir si ces sociétés, qui ont "socialisé" leurs pertes, ne devraient pas en faire bénéficier leurs salariés. En réalité, elles n'auront peut-être pas le choix. Mais cela aura un impact sur leur modèle économique. AlphaValue a calculé qu'une hausse salariale de 3% par rapport à la moyenne des années 2019 et 2021, censées être à peu près normales, pourrait amputer de plus de 15% le cash-flow libre généré par 10 des 28 sociétés de la liste. Les taux théoriques vont de plus de 50% de baisse pour Sodexo et Elior à moins de 20% pour Tesco ou Teleperformance. Le bureau d'études rappelle toutefois que l'exercice de modélisation est difficile et qu'il ne faut pas écarter la capacité des sociétés très bien gérées (Compass et Teleperformance sont citées) à limiter l'érosion. Mais une inflation salariale aura de toute façon des conséquences sur les entreprises des secteurs précités. Pour l'investisseur, c'est un paramètre à garder à l'esprit, même si cette liste de 28 sociétés "salaires modestes" a gagné 20% en 2021, contre 14% au STOXX Europe 600.

Cette mise en perspective illustre le genre de contraintes que la macroéconomie peut exercer sur les modèles d'entreprises, qui ne sont pas toutes égales devant une forte reprise. Puisqu'on parle macroéconomie, la semaine a l'air assez dense en la matière. Hier, la Chine, confrontée à un coup de frein démographique, a autorisé les couples à avoir trois enfants, ce qui pourrait avoir des implications importantes dans de nombreux domaines, de l'économie à la géopolitique en passant par l'environnement. Aujourd'hui, l'OPEP+ se réunit pour parler production à l'heure où les économies redémarrent, où le pétrole revient sur ses meilleurs niveaux depuis 2019 et où l'Iran pourrait revenir dans la course. En fin de semaine, le G7 devrait, dit-on, fixer les grandes lignes d'un projet fiscal ambitieux pour que les multinationales ne puissent se soustraire à l'impôt.

Le CAC40 gagne 0,5% à 6478 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Les PMI manufacturiers finaux de mai sont prévus pour la France (9h50), l'Allemagne (9h55), la zone euro (10h00), le Royaume-Uni (10h30) et les Etats-Unis (15h45). Au programme également, l'emploi allemand (9h55) et dans la zone euro (11h00), ainsi que les dépenses de construction et l'ISM manufacturier (16h00) outre-Atlantique. Ce matin, la banque centrale australienne a maintenu le statu quo sur sa politique monétaire. Au Japon, le PMI manufacturier de mai était un peu plus élevé qu'en première lecture, tandis que celui de la Chine (PMI Caixin) était un peu plus faible, mais toujours en phase d'expansion.

L'euro est remonté à 1,2296 USD. L'once d'or se négocie 1911 USD. Le pétrole continue à gagner du terrain, à 70,15 USD le baril de Brent et à 67,58 USD le baril WTI. Le rendement de la dette américaine remonte légèrement à 1,62 % sur 10 ans. Le Bitcoin a rebondi hier, avant de reculer légèrement aujourd'hui à 36 730 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Adesso : Kepler Cheuvreux reste acheteur avec un objectif relevé de 125 à 150 EUR.
  • Anheuser-Busch Inbev : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 75 à 80 EUR.
  • Aperam : Kepler Cheuvreux passe de conserver à acheter en visant 55 EUR.
  • Crédit Agricole : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 7,70 à 11,30 EUR.
  • Equinor : Bernstein passe de neutre à surperformance en visant 237 NOK.
  • Implenia : Research Partners réduit son objectif de cours de 30 à 25 CHF.
  • Klépierre : Deutsche Bank relève son objectif de cours de 20 à 24 EUR.
  • Logitech : Credit Suisse relève son objectif de cours de 121 à 133 CHF.
  • Mercialys : Degroof Petercam reste à conserver avec un objectif relevé de 7,50 à 11,50 EUR.
  • Nestlé : J.P. Morgan relève son objectif de cours de 125 à 135 CHF.
  • Norwegian Air : SEB Equities passe de vendre à acheter en visant 16 NOK.
  • PNE : Baader Helvea passe d'alléger à accumuler en visant 8,20 EUR.
  • Raiffeisen : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 24 EUR.
  • Royal Mail : Citigroup reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 635 à 1000 GBp.
  • SIXT : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 123 EUR.
  • Unibail : Deutsche Bank relève son objectif de cours de 58 à 75 EUR.
  • Valneva : Goldman Sachs démarre le suivi à l'achat en visant 14 EUR.
  • Victrex : HSBC passe d'alléger à conserver en visant 2450 GBp.
  • Yara : SpareBank 1 passe de neutre à achat en visant 550 NOK.

En France

Annonces importantes

  • Les immatriculations de véhicules neufs ont bondi de 46,5 % en France en mai, selon le CCFA.
  • Selon Bloomberg, Airbus et Qatar Airways sont pris dans une mystérieuse querelle.
  • Sanofi cesse son programme de phase II/III avec venglustat dans la polykystose rénale autosomique dominante (PKD), car il n'a pas atteint son critère de futilité.
  • Axa a cédé ses activités d'assurance en Grèce à Assicurazioni Generali.
  • AtoS finalise l'acquisition d'Ipsotek.
  • Saint-Gobain cède une partie de ses activités de transformation de verre en Allemagne.
  • Bouygues et Capgemini en partenariat dans la 5G.
  • Suez boucle la cession de ses activités de recyclage et de déchets dans quatre pays d'Europe.
  • Gecina cède 349,3 M€ d'actifs de bureau.
  • Chez Europcar, la présidente du conseil d'administration, Virginie Fauvel, démissionne. Sylvie Veilleux rejoint le conseil.
  • AB Science annonce l'interruption volontaire des études cliniques du masitinib au niveau mondial, après avoir identifié "un potentiel risque de cardiopathie ischémique".
  • Noxxon annonce des résultats positifs de la seconde cohorte de son essai de phase I/II évaluant le NOX-A12 dans le cancer du cerveau.
  • Peugeot Invest (ex-FFP) a pris 5% du capital de SIGNA Development, pour 75 M€.
  • Vallourec finalise la cession de la société Valinox Nucléaire SAS à Framatome.
  • La Compagnie des Alpes publie ses revenus trimestriels et sa stratégie pour les exercices à venir.
  • Nicox boucle le recrutement des patients dans l'étude de phase IIb Mississippi pour le NCX 4251 dans la blépharite.
  • Les actionnaires de contrôle de Bourrelier proposent une offre publique de retrait à 52,50 EUR pièce.
  • Figeac Aero travaille à ses opportunités de financement.
  • Voltalia signe un partenariat mondial avec Auchan dans le domaine de la réduction de la consommation d'énergie et l'énergie verte.
  • Theradiag lance un projet de recherche visant une bioproduction d'anticorps monoclonaux à Tours.
  • Marc Massiot est nommé administrateur de Guerbet.
  • BigBen, Nacon, Exel Industries, Graines Voltz et Musée Grévin ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes

  • Martin Winterkorn, l'ancien président du directoire de Volkswagen, a accepté de payer environ 10 M€ de dédommagements au constructeur automobile dans le cadre du scandale du "dieselgate".
  • Nestlé secoué par un document interne sur les aliments bons pour la santé.
  • KKR et CD&R proposeraient 16 USD par action pour racheter Cloudera, selon le Wall Street Journal.
  • The Kraft Heinz va investir 199 M$ dans son usine britannique.
  • L'usine de Renesas endommagée par un incendie va reprendre la production à 100 % à partir de la mi-juin.
  • Chez Credit Suisse, le partenariat avec le Renaissance sur le fonds CS Renaissance Alternative Acces Fund a du plomb dans l'aile.
  • SGS acquiert le laboratoire d'analyse de l'air Metair.
  • OC Oerlikon acquiert la société française Coeurdor.
  • Les chiffres trimestriels du polonais CD Projekt sont moins bons que prévu.
  • Principales publications de résultats. Zoom Video, Hewlett Packard Enterprise, Canopy Growth, Rocket Internet, Burckhardt Compression, Aryzta, Wavestone, Exel Industries

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