Londres (awp/afp) - Le ministre des Finances britannique a présenté vendredi un plan de croissance pour l'économie du Royaume-Uni, promettant de profiter d'opportunités post-Brexit et gardant la priorité sur la lutte contre l'inflation malgré les appels aux baisses d'impôts.

Fustigeant le "déclinisme" dans un Royaume-Uni au bord de la récession, Jeremy Hunt a exposé une stratégie de long terme focalisée sur les énergies vertes, les biotechnologies, les infrastructures, le numérique ou les industries créatives.

Balayant les appels aux baisses d'impôts pour le prochain budget, prévu en mars, venus de son propre camp conservateur ces dernières semaines, le Chancelier de l'Echiquier a affirmé que dans un contexte d'envolée des prix et de crise du coût de la vie, la "meilleure baisse d'impôts est une baisse d'inflation".

L'inflation atteignait 10,5% le mois dernier au Royaume-Uni, proche de sommets en plusieurs décennies, mais a commencé depuis deux mois une légère décrue.

En septembre et octobre, l'éphémère gouvernement de Liz Truss avait publié un budget de coupes d'impôts massives et d'aides colossales à l'énergie, qui avait secoué les marchés et forcé la Banque d'Angleterre à intervenir.

Ce mal-nommé "mini-budget" avait provoqué une envolée des coûts d'emprunt du gouvernement, qui ne sont pas encore totalement retombés et ont fait bondir le coût de la dette britannique.

L'économie réelle s'en ressent aussi avec des taux d'emprunt immobilier qui ont également grimpé.

"Le plus compétitif"

A plus long terme, le ministre promet toutefois que son ambition est de doter le Royaume-Uni "du régime fiscal le plus compétitif parmi les principaux pays".

Dans son discours vendredi prononcé au siège londonien de l'agence Bloomberg, le ministre a assuré que depuis 2010 l'activité économique britannique a crû plus rapidement que celle de l'Italie, la France ou le Japon, et que "depuis le référendum du Brexit, notre croissance est environ la même que celle de l'Allemagne".

M. Hunt avait dit en présentant son dernier budget mi-novembre, sur la base de prévisions de l'organisme public OBR, que le pays était déjà entré en récession.

Le PIB britannique a fait un peu mieux que prévu en novembre, affichant une légère progression pour le deuxième mois consécutif, mais selon les statistiques officielles, il s'est contracté de 0,3% sur les trois mois achevés fin novembre par rapport aux trois précédents.

En novembre, l'OCDE prévoyait que le Royaume-Uni devrait connaître la pire performance économique des pays riches du G7 lors des deux prochaines années, entre inflation galopante et pénuries de travailleurs.

Vendredi, M. Hunt a admis que le Royaume-Uni n'a "pas retrouvé ses niveaux d'emploi ou de production d'avant la pandémie" et a appelé à une "attitude plus positive face au risque".

"Nous devons faire du Brexit un catalyseur pour des choix audacieux", a-t-il affirmé.

Le gouvernement compte sur une réforme de la directive européenne Solvency II, qui régit les assurances et doit entrer en vigueur d'ici quelques mois, pour attirer "100 milliards de livres d'investissements supplémentaires pour les actifs britanniques les plus productifs de cette décennie, comme les énergies propres ou les infrastructures".

Ce discours intervient après une série de critiques des milieux d'affaires.

Le milliardaire James Dyson, fondateur du groupe éponyme, a ainsi qualifié de "stupide" et "myope" la stratégie économique, et le patron de Marks and Spencer, Archie Norman, a taxé de "stupéfiantes" et "trop pesantes" des mesures à l'étude sur le différend commercial entre le Royaume-Uni et l'UE en Irlande du nord.

Lundi le patron de l'organisation patronale CBI, Tony Danker, a estimé que le pays était à la traine sur la croissance verte, déploré les obstacles à la circulation des travailleurs qualifiés européens, et l'abandon d'une grande partie des réglementations héritées de l'UE d'ici la fin de l'année.

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