Les actions européennes ont manqué la passe de trois en se contractant légèrement de 0,6% la semaine dernière. C'est du moins ce qui s'est produit au niveau de l'indice large Stoxx Europe 600, puisque certains marchés ont sauvé la série en cours. C'est le cas du CAC40, qui a grappillé 0,3%, ce qui permet à l'indice français de revendiquer une cinquième semaine consécutive dans le vert. Wall Street a aussi terminé sur un bilan hebdomadaire positif, le troisième d'affilée, en dépit d'une séance de vendredi en retrait pour le compartiment technologique. Trop de chiffres ? Retenez juste que le rebond estival a perdu un peu de vigueur mais n'a pas l'air d'avoir disparu. Et que les indices occidentaux sont toujours plus bas qu'ils ne l'étaient le 1er janvier, entre -10 et -20% généralement, mais plus haut qu'avant l'irruption du coronavirus.

Je fais un retour sur la séance de vendredi pour rappeler que ce sont les données sur le marché de l'emploi américain en juillet qui ont fait flancher les indices. Selon le bon vieux principe du "bonne nouvelle, mauvaise nouvelle" que vous avez sans doute beaucoup vu écrit la semaine dernière. En gros, l'économie américaine crée toujours beaucoup d'emplois, le chômage est bas et les salaires continuent de monter.

Et là vous allez me dire : où est le problème ? Le problème, c'est que cette situation est source d'inflation et qu'elle crée des dégâts dans le tissu économique et social. Elle nécessite donc des réponses, en particulier une réponse monétaire qui passe par la hausse des taux directeurs. En relevant ses taux, une banque centrale réduit la quantité de monnaie en circulation en restreignant l'accès au crédit. Les ménages sont censés moins dépenser et les entreprises moins investir, ce qui doit atténuer la surchauffe économique et donc ramener l'inflation en territoire compatible avec un développement économique plus harmonieux. Je schématise à dessein, mais c'est un peu le mécanisme sous-jacent.

Or parmi les choses que les marchés financiers n'aiment pas, mais alors pas du tout, il y a l'incertitude. Tout simplement parce qu'elle réduit l'efficacité des modèles fondés sur les prévisions et les probabilités. L'incertitude majeure du moment pour les financiers, c'est le niveau auquel la banque centrale américaine devra relever ses taux pour courber l'inflation. Ainsi toute statistique économique porteuse, c'est la "bonne nouvelle" dont je parlais plus haut, est un indice que les efforts déployés jusque-là par la Fed sont infructueux. Et qu'il lui faudra faire davantage, mais jusqu'où ? C'est la "mauvaise nouvelle" précitée, qui explique la baisse du marché vendredi. En réalité la situation est un peu plus complexe, parce qu'il y a une forte inertie entre le moment où les hausses de taux sont déployées et celui où elles agissent profondément dans l'économie réelle. Mais les marchés financiers ont tendance à réagir de façon épidermique. De la même façon, ils seront prêts à bondir lorsque les premiers signaux d'inversion de la pente des prix seront visibles, même si l'économie est en récession.

Cette seconde semaine d'août est synonyme d'activité réduite sur plusieurs marchés, faute de combattants partis chercher la canicule plus au sud. La sacrosainte coupure aoûtienne est plus ancrée dans les pays latins (il n'y a quasiment pas de publications d'entreprises en France, en Italie ou en Espagne durant les 15 jours à venir) que dans le nord de l'Europe (l'agenda est nettement plus étoffé en Allemagne ou au Royaume-Uni sur la même période). Parmi les temps forts de la semaine, on retrouve :

  • Sur l'agenda des sociétés : les japonais NTT et Softbank et l'américain Dominion Energy aujourd'hui. Walt Disney Company et Vestas mercredi puis Deutsche Telekom, Hapag-Lloyd , Zurich Insurance, Orsted et Siemens AG
  • Sur l'agenda économique : l'inflation américaine de juillet sera dévoilée mercredi 10 août. Le lendemain, place aux prix à la production de la même période. Vendredi 12 août, l'Université du Michigan publiera l'état de forme du consommateur américain. Ailleurs dans le monde, l'inflation chinoise de juillet sera publiée dans la nuit du 9 au 10 août.

Inutile de préciser que les chiffres de l'inflation aux Etats-Unis en juillet constituent la principale attraction de la semaine, pour les raisons que j'ai citées plus haut. C'est le problème avec les statistiques : elles ne prennent pas de vacances.

Dans le reste de l'actualité, le sénat américain a adopté le plan de Joe Biden pour le climat, la santé et la fiscalité. C'est une étape importante pour la majorité aux Etats-Unis, même si les mesures adoptées sont bien moins ambitieuses que le projet initial. Pékin fait toujours des démonstrations de force autour de Taïwan après la visite de Nancy Pelosi dans l'île la semaine dernière. Dans le conflit russo-ukrainien, les belligérants se renvoient la responsabilité de frappes à proximité de la plus grosse centrale nucléaire ukrainienne.

La semaine démarre en hausse au Japon, en Inde et en Australie et en baisse à Hong Kong et en Chine continentale. Les indicateurs avancés sont haussiers en Europe, ce qui laisse entrevoir une ouverture dans le vert. Les "futures" américains sont très proches de l'équilibre. Le CAC40 gagne 0,7% à 6515 points à l'ouverture.

* Pour la référence au titre : Lost in Translation.

Les temps forts économiques du jour

Presque rien à se mettre sous la dent aujourd'hui sur l'agenda macro. Tout l'agenda macro ici. La Chine a annoncé dimanche une hausse de ses exportations et de ses importations en juillet. L'export est plus dynamique que prévu et l'import un peu moins.

L'euro s'échange 1,0183 USD. L'once d'or stagne désormais autour de 1773 USD. Le pétrole reprend un peu de hauteur ce matin, avec un Brent de Mer du Nord à 95,26 USD le baril et un brut léger américain WTI à 89,31 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans est remonté à 2,91%. Le bitcoin se négocie autour de 23 300 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Adecco : Goldman Sachs reste neutre avec un objectif de cours réduit de 38,50 à 33 CHF.
  • Ascom : Research Partners reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 19 à 17 CHF.
  • Deutsche Post : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif réduit de 57 à 55 EUR.
  • Just Eat Takeaway : Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 23,72 EUR.
  • Kering : Credit Suisse reprend le suivi à surperformance en visant 825 EUR.
  • Lanxess : Goldman Sachs reste neutre avec un objectif de cours relevé de 40 à 42 EUR.
  • Legal & General : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 365 GBp.
  • LVMH : Credit Suisse reprend le suivi à surperformance en visant 800 EUR.
  • Nexans : HSBC relève son objectif de cours de 100 à 115 EUR.
  • Rheinmetall : Exane BNP Paribas passe de neutre à surperformance en visant 212 EUR.
  • Saipem : Jefferies passe de sousperformance à conserver en visant 0,90 EUR.
  • Société Générale : Jefferies reste à l'achat avec un objectif relevé de 35 à 37 EUR.
  • Subsea 7 : Jefferies passe d'acheter à sousperformance en visant 70 NOK.
  • Vestas : Fearnley passe d'acheter à vendre en visant 155 DKK.
  • Volkswagen : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif relevé de 191 à 197 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Veolia va céder à Macquarie les activités déchets de Suez en Grande-Bretagne pour environ 2,4 Mds€.
  • Néovacs veut investir dans Pharnext via des prêts convertibles en actions avec BSA.
  • Poxel restructure sa dette et lance un financement dilutif avec IRIS Capital via des OCA.
  • Navya lance un projet pilote avec une ville du Minnesota pour déployer une navette autonome.
  • Claranova et Euro Ressources ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures