Ce fonds PEA-PME géré depuis Angers fut lancé début 2014 avec la volonté d’investir dans les PME françaises en entretenant un contact fréquent avec leur management. Très libre dans la gestion de ses positions grâce à son encours d’une vingtaine de millions d’euros, il est capable d’investir près de 10% de l’actif sur des micro-capitalisations très innovantes. Depuis son lancement, il progresse de 143% à fin février 2022, contre 86% pour son indice de référence, le CAC Small 90 NR (dividendes réinvestis). Marc-Antoine Barbé, auparavant gérant chez Portzamparc puis au Crédit Agricole, vient de rejoindre Olivier Marinot, gérant du fonds depuis 2015.

Que va changer l’arrivée de Marc-Antoine dans la façon de gérer le fonds ?

" L’arrivée de Marc-Antoine Barbé va nous permettre de mieux suivre l’univers des PME et ETI cotées à Paris. Ce vivier est riche puisqu’il est constitué de plusieurs centaines de valeurs allant de la toute petite valeur qui capitalise 10 M€ jusqu’à la valeur moyenne d’un peu plus d’un milliard d’euros. La rencontre des dirigeants est pour nous incontournable avant l’entrée d’un titre dans le fonds. Elle est suivie par au moins deux contacts annuels, ce qui mobilise des ressources. De plus, nous partageons avec Marc-Antoine la conviction que les facteurs techniques doivent être pris en compte afin d’optimiser la performance. Je pense notamment au momentum des titres. Nous sommes particulièrement attentifs à l’évolution des volumes de transactions, surtout sur les plus petites capitalisations. Ils peuvent signaler un retournement durable de tendance. A la hausse, comme à la baisse... "

La guerre en Ukraine secoue les marchés, en particulier les toutes petites valeurs bien qu’elles soient rarement impliquées dans cette zone. Comment réagit le fonds à ce stade ?

" Au vendredi 4 mars en clôture, le fonds reculait de 14,5%, contre un recul de 16,7% pour notre indice de référence, le CAC Small NR. Pour l’instant, nous n’observons pas de rachats importants sur notre fonds et restons investis à 96-97%, considérant que notre valeur ajoutée est dans la sélection de valeur et non dans la prédiction de l’évolution des marchés d’actions dans leur ensemble. Aussi, en cette période très volatile, nous ne prenons pas de grande décision. Il s’agit plutôt de repondérer certaines lignes en fonction des opportunités, des évolutions de cours. Même si aucun de nos dossiers n’est directement exposé à l’Ukraine et la Russie, nous privilégions actuellement les dossiers sur lesquels nous sommes le plus à l’aise au détriment de dossiers avec lesquels nous sommes moins confortables car plus complexes ou plus cycliques à l’image de Plastivaloire. Nous restons en revanche très investis sur les énergies nouvelles et la transition écologique à travers Hopium, Haffner Energy ou Transition Evergreen. Nous surveillons également nos ratios d’emprise. Si nous n’hésitons pas à concentrer près de 10% du portefeuille sur une seule conviction quand tous les voyants sont au vert, nous veillons à ne pas dépasser ce seuil réglementaire ni à concentrer plus de 40% du portefeuille sur les valeurs pesant plus de 5%. "

Processus de gestion du fonds  (Source : Quantalys)

Est-ce le bon moment pour investir dans des petites valeurs ?

" Les valorisations étaient déjà intéressantes avant la baisse de ce début d’année, que ce soit intrinsèquement ou relativement aux grandes valeurs. Nombreuses sont les sociétés, de croissance pour certaines, valorisées pas plus de 5 fois leur EBE 2021. Or, nous ne pensons pas que l’année 2022 sera moins bonne pour l’ensemble de la cote. Plus techniquement, le risque de voir un fort effet décollecte appuyer violemment ou durablement sur les cours des petites et moyennes valeurs à l’image de ce qui s’était produit en 2018 nous semble limité : les fonds ont très peu collecté en 2021 et avaient même déjà connu des rachats depuis quelques mois. "

Quelles sont les derniers choix de valeur réalisés par le fonds ?

" MCA Entreprendre PME a un principe qui lui tient à cœur : suivre les levées de fonds de ses participations et, quand les dossiers répondent à nos critères, participer aux introductions en Bourse. Certaines de nos valeurs ont un projet de croissance très ambitieux pour lequel l’autofinancement n’est pas suffisant. Ainsi avons-nous participé à l’IPO d’Haffner Energy, producteur d’hydrogène à partir de la biomasse forestière et agricole. L’hydrogène sera très porteur dans les années à venir, avec des besoins multipliés par quatre d’ici 2030. Les solutions d’Haffner intègrent par ailleurs une technologie de captage du CO2. Sur cette même thématique hydrogène, le fonds a participé au dernier placement privé réalisé par Hopium, premier constructeur automobile entièrement dédié aux voitures roulant à l’hydrogène. Nous avons enfin participé fin janvier à l’augmentation de capital d’UV Germi. Cette société conçoit et fabrique des appareils utilisant la technologie des rayons ultraviolets pour traiter l’eau, les surfaces et depuis peu pour purifier l’air, ce qui lui offre un véritable relai de croissance. Nous avons également entré un dossier de croissance aux ratios value dans un domaine que nous apprécions beaucoup car en croissance structurelle : le marketing digital. Il s’agit de Dekuple. Cette société peu connue des investisseurs est le nouveau nom d’ADL Partner. Ce nouveau nom symbolise la mue opérée par la société et ses fortes ambitions dans le data marketing puisqu’il ambitionne de doubler de taille d’ici 2025. Dekuple a les moyens de cette croissance, disposant d’une situation de trésorerie nette de l’ordre de 40 M€. Le management est de qualité et le titre seulement valorisé 0,3x CA et 3x son EBE 2021 attendu. Enfin, nous avons soldé notre petite position en Atari compte tenu du manque de visibilité sur les licences du groupe et d’une communication financière déroutante. "

Quel est le principal point fort et point faible des deux premières premières positions du fonds ?

" Biocorp est notre première position. Son dispositif d'administration de médicaments, l’insuline en particulier, est unique au monde. Il lui a d’ailleurs permis de conquérir des marchés auprès d’acteurs de référence comme Roche. Le risque est de voir un très gros acteur bousculer Biocorp en investissant massivement en interne sur une technologie concurrente. En contrepartie, un rachat de Biocorp n’est pas exclu à terme. Notre deuxième position est Reworld Media. Nous apprécions la capacité du management à délivrer des résultats en progression forte et régulière dans un secteur difficile. Cela tient surtout à ses capacités à réaliser des croissances externes qu’il sait redresser ou valoriser en faisant jouer les synergies autour de marques fortes. Un bémol : la difficulté du projet à faire l’unanimité dans un secteur des media qui n’aime pas voir ses pratiques bousculées..."

Le fonds surperforme sa catégorie sur cinq ans. Source : Quantalys