PARIS, 21 avril (Reuters) - Emmanuel Macron souhaiterait créer un mécanisme européen de solidarité pour le patrimoine "en péril", après l'incendie qui a ravagé en grande partie la cathédrale Notre-Dame de Paris, ont déclaré au Journal du Dimanche le ministre de la Culture et la secrétaire d'Etat aux Affaires européennes.

"Le Président a pris l'initiative d'écrire à ses homologues pour leur proposer de créer un mécanisme de coopération pour le patrimoine européen en péril, visant à se prêter assistance, à partager des compétences et des savoir-faire", dit Amélie de Montchalin dans une interview.

"Nos partenaires, qui comprennent notre émotion, souhaitent pouvoir contribuer à nos côtés. Eux-mêmes ont été confrontés à des situations de mise en péril de leur patrimoine."

L'incendie qui a entièrement détruit la charpente de Notre-Dame de Paris, qui datait pour une grande partie du XIIIe siècle, a suscité une vague d'émotion à travers le monde. Des promesses de dons, estimées à plus d'un milliard d'euros, ont afflué de la part des grandes fortunes et entreprises françaises, notamment.

"Nous devons, ensemble, améliorer nos politiques patrimoniales dans nos pays, et à terme au niveau européen", plaide le ministre de la Culture, Franck Riester.

Cela doit se traduire par "une mise en commun des moyens des pays européens", comme c'est déjà le cas pour la sécurité civile, par exemple, ajoute-t-il.

"Quand il y a un grand incendie en Europe, un mécanisme de solidarité peut permettre de prêter des canadairs entre pays de l'Union. Pour le patrimoine, on peut imaginer un réseau d'experts mis à disposition en fonction des besoins", ajoute Amélie de Montchalin.

Les Fonds européens de cohésion, dont l'objectif est le développement économique des régions, pourraient être davantage utilisés pour le patrimoine, estime-t-elle.

Les deux membres du gouvernement disent avoir invité leurs homologues européens à se réunir en France le 3 mai prochain afin "d'échanger sur les bonnes pratiques développées par les professionnels".

La directrice générale de l'Organisation des nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco), Audrey Azoulay, indique pour sa part avoir mobilisé d'urgence le centre du patrimoine mondial de l'organisme. "L'Unesco s'engage en canalisant l'aide des États qui veulent participer financièrement à ce chantier et en l'orientant pour que cette aide parvienne au bon endroit", dit-elle au JDD.

"Ensuite, grâce à son expertise scientifique, l'Organisation pourra notamment organiser un débat international sur les techniques de reconstruction."

"Enfin, elle mettra sur pied la discussion ultérieure qui ne manquera pas sur ce que l'on peut faire de mieux en matière de prévention des risques sur les chantiers de restauration ainsi que sur la promotion des métiers d'art à travers le monde", conclut-elle. (Caroline Pailliez, édité par Tangi Salaün)