Paris (awp/afp) - Après la crise sanitaire début 2020, la Chine est devenue le "maillot jaune" du marché des matières premières dans le monde et le restera en 2021, qu'il s'agisse des importations de métaux, d'énergie ou de matières premières agricoles, prédit le CyclOpe des matières premières mercredi.

Le CyclOpe, ouvrage de référence annuel sur l'ensemble des marchés des matières premières, prévoit pour 2021 une hausse de 19 points de son indicateur global couvrant l'évolution de la moyenne des prix d'une quarantaine de matières premières stratégiques allant de l'ananas au zirconium (par ordre alphabétique) en passant notamment par aluminium, beurre, cacao, charbon, gaz, fer, laine, or, pétrole ou soja.

En 2020, l'indice a chuté de 19 points par rapport à 2019, essentiellement en raison de la chute vertigineuse des cours du pétrole liée aux conséquences de la pandémie sur les transports et aux tiraillements au sein des pays producteurs d'or noir.

Dans le domaine des minerais et métaux, dès la fin 2020, la chute de la demande dans le monde occidental a été "plus que compensée par la reprise industrielle en Chine dès la fin du second trimestre" relève le CyclOpe.

En 2020, la Chine qui "joue déjà un rôle majeur sur les marchés des métaux et de l'énergie est devenue le premier importateur mondial de produits agricoles, en particulier de céréales "a fait valoir lors d'un point presse Philippe Chalmin, enseignant à l'université Dauphine, qui coordonne le CyclOpe.

La plupart des marchés de matières premières ont entamé 2021 avec de fortes hausse de prix, en particulier pour les grains, les minerais et métaux à l'image du fer et du cuivre.

"Dans la plupart des cas, c'est la Chine qui est responsable de ces tensions sur les prix par la dynamique de sa reprise économique et l'importance de ses besoins estimés et anticipés" indique le CyclOpe.

M. Chalmin note en particulier le "rebond de la production d'acier en Chine qui est passée pour la première fois de l'histoire au-dessus du milliard de tonnes".

Dans le domaine agricole, la Chine a importé en 2020 "deux fois plus de maïs qu'en 2019" (11 millions de tonnes) et "trois fois plus de blé" (8 millions de tonnes) par volonté de constituer des stocks alimentaires stratégiques face à la crise sanitaire ou d'alimenter son bétail.

"Probablement la Chine va continuer à creuser l'écart en 2021", ajoute M. Chalmin en filant une métaphore sportive inspirée du tour de France cycliste, où le vainqueur revêt un "maillot jaune".

Néanmoins le CyclOpe "ne prévoit pas", comme le fait la banque Goldman Sachs, de "choc" sur les marchés mondiaux comparable à celui de la crise financière 2008-2012.

afp/rp