Pour être à l'abri en ce moment, il faut miser sur les acteurs du secteur pétrolier et plus largement de l'énergie pas forcément propre au sens du XXIe siècle. Ce retour en grâce avait été pronostiqué par quelques grincheux qui riaient sous cape en regardant la finance laver plus vert que vert. Hier, l'Opep+ a décidé de ne rien changer à son dispositif de contrôle de la production, dont l'assouplissement aurait pu contribuer à atténuer la flambée des cours pétroliers et par ricochet celle du marché de l'énergie dans son ensemble. Mais il fallait être un peu naïf pour penser que l'organisation se tirerait une balle dans le pied en ouvrant plus grandes les vannes pour garantir des prix bas aux gentils consommateurs occidentaux, comme le premier Michel-Edouard Leclerc venu. Un cartel reste un cartel. La brièveté de la réunion organisée hier montre que la décision de statu quo n'a pas due être très compliquée à prendre, même si quelques membres un peu gredins avaient laissé entendre la semaine dernière qu'un effort était possible sur la production. Le baril de Brent a accroché brièvement 82 USD hier, un pic de près de trois ans, tandis qu'il faut remonter à 2014 pour retrouver le brut léger américain sur ses niveaux actuels, proches de 78 USD. Comme à chaque fois que le pétrole flirte avec les 80 USD, les articles sur le cap des 100 USD vont refleurir parce que les marchés aiment les chiffres ronds et les jalons psychologiques.

Cette flambée des prix de l'énergie ne fait qu'accentuer les scénarios inflationnistes. Les investisseurs ont désormais pleinement conscience que le cycle monétaire est en train d'entrer dans une nouvelle ère. Jusqu'ici, ils se berçaient d'illusions sur une politique ultra-accommodante intarissable. En un sens, ils n'ont pas complètement tort puisque les banques centrales vont être forcées de rester généreuses. Mais les conditions idéales qui dominaient jusque-là vont s'estomper. Pour l'heure, on ne peut pas dire que le marché obligataire est entré en transe, même si les rendements sont logiquement orientés à la hausse. Mais la menace d'une accélération brutale suffit à rendre les financiers nerveux, eux qui savent s'adapter à tout, du moment que les changements ne sont pas trop foudroyants. Les promesses d'une aube faite de rendements obligataires sur la pente ascendante sont une mauvaise nouvelle pour les secteurs à maturité longue, comme l'alimentaire, et pour les secteurs richement valorisés, comme la technologie, souligne Kepler Cheuvreux dans un document publié lundi. La technologie qui a payé un lourd tribut hier aux Etats-Unis. Mais le bureau d'études rappelle que le secteur a fait mieux que les indices sur la période 2016 / 2018 alors que les taux réels étaient en phase ascendante : son parcours dépend aussi du caractère graduel ou pas de la hausse des rendements et de la dynamique des résultats des sociétés.

Il me reste à ajouter que la Chine continue à distribuer les punitions. Pékin va interdire aux banques et aux assureurs de financer la spéculation sur les matières premières et sur certains produits de luxe. Dans un autre registre, le promoteur Fantasia Holdings a manqué une échéance de paiement. Tout le monde s'en ficherait en temps normal dans la mesure où la société ne pèse que 400 M$, mais la nouvelle a fait un peu de bruit car elle vient s'ajouter aux déboires de China Evergrande Group. La mauvaise passe de Facebook se confirme puisque le réseau et ses satellites WhatsApp et Instagram ont connu une panne inédite par son ampleur et sa durée, a priori à cause d'un micmac interne. Enfin et pour remonter au niveau macroéconomique, les investisseurs attendent de pied ferme les indicateurs PMI des services du mois de septembre.

Les indicateurs avancés ont l'air légèrement haussiers ce matin en Europe, même si la nervosité ambiante et la baisse marquée enregistrée au Japon laissent planer quelques incertitudes. Hong Kong évolue en revanche proche de l'équilibre, tandis que Shanghai est toujours en vacances pour la "golden week" chinoise.

Les temps forts économiques du jour

Les indicateurs PMI définitifs de septembre seront annoncés tout au long de la journée depuis le Japon (2h30) jusqu'aux Etats-Unis (15h45). Parmi les autres indicateurs, citons la production industrielle française (8h45), l'indice des prix à la production européens (11h00) et la balance commerciale américaine (14h30). Et l'indice ISM des services, concurrent de l'ISM, à 16h00. Ce matin, la banque centrale australienne n'a rien changé à sa politique monétaire conformément à ce qui était prévu.

L'euro se négocie juste sous la barre de 1,16 USD. L'once d'or remonte légèrement à 1760 USD. Le pétrole garde le vent en poupe, à 81,60 USD le baril de Brent et 77,82 USD le baril WTI. Le rendement de la dette américaine à 10 ans remonte à 1,50%, tandis que celui du Bund s'établit à -0,22%. Le bitcoin s'échange autour de 49 300 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Aluflexpack : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 37 CHF.
  • Beiersdorf : LBBW passe de conserver à acheter en visant 105 EUR.
  • DFS Furniture : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 340 à 365 GBp.
  • Electricité de France : Morgan Stanley reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 17 à 19 EUR.
  • Essity : Société Générale passe d'acheter à conserver en visant 301 SEK.
  • HeidelbergCement : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 115,30 à 100,50 EUR.
  • Johnson Matthey : Liberum reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 3150 à 2900 GBp.
  • SMCP : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 9,40 EUR.
  • UPM : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 33,80 à 34 EUR.
  • Solaria Energia : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 26 à 20 EUR.
  • Vallourec : Exane BNP Paribas reprend le suivi à neutre en visant 8,50 EUR.
  • Voestalpine : Goldman Sachs passe de neutre à vendre en visant 29 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Crédit Agricole lance un programme de rachat d'actions doté de 500 M€.
  • L'activité de la raffinerie de TotalEnergies à Feyzin, près de Lyon, a dû être réduite après un incendie survenu au cours de la nuit.
  • Eurazeo renforce l'allocation bas carbone de son portefeuille private equity et rejoint l'initiative One Planet Summit.
  • Eramet rembourse par anticipation ses ODIRNAN émises en 2016.
  • OVH Cloud fixe une fourchette de prix de 18,50 à 20 EUR pour son IPO, en vue de lever 350 M€.
  • Erytech détermine la dose maximale tolérée dans le cadre de son essai de phase I avec eryaspase dans le cancer du pancréas.
  • Biophytis tire de nouvelles tranches de financement sur son ORNANE.
  • SES-imagotag va équiper Unicoop Tirreno en Italie.
  • AB Science reçoit l'autorisation de la FDA pour lancer une phase II avec masitinib dans le syndrome d'activation des mastocytes (MCAS).
  • Leroy Merlin propose en partenariat avec Voltalia une nouvelle offre de toitures solaires pour les particuliers.
  • Altheora dévoile un plan 2026.
  • Mauna Kea communiquera sur les atouts du Cellvizio lors de l'ERS 2021.
  • Spartoo, Bilendi ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et autres)

  • Facebook et ses services Instragram et WhatsApp victimes d'une vaste panne due à une "erreur de configuration".
  • Anheuser-Busch InBev songe à vendre de ses marques de bière allemandes pour un montant d'environ 1 Md€, selon Bloomberg.
  • Fitch abaisse à "CCC-" la note crédit du promoteur chinois Fantasia Holdings (415 M€ de capitalisation) en raison du risque de défaut de paiement, après le non-paiement d'une échéance.
  • Le patron de SK Innovation pense que les pénuries de batteries se poursuivront aux États-Unis jusqu'en 2025.
  • Qantas songe à acheter une centaine d'avions l'année prochaine, principalement des monocouloirs.
  • Tesco va payer 100 M£ pour régler les dernières réclamations des actionnaires concernant le scandale comptable de 2014.
  • Lululemon Athletica ajoute 500 M$ à son plan de rachat d'actions.
  • GlobalFoundries a déposé son projet d'entrée en bourse à Wall Street.
  • Swiss Re évalue à 750 M$ les demandes liées à l'ouragan IDA.
  • SoftwareOne rachète Centiq.
  • E.ON remporte un contrat au Royaume-Uni pour approvisionner les clients des fournisseurs d'énergie ayant fait faillite.
  • Principales publications de résultats : PepsiCo, Hon Hai Precision, Greggs, Grenke

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