Londres (awp/afp) - L'or a reculé sur la semaine, lesté par la force du dollar cumulée à une inflation galopante qui ravive les craintes de hausse des taux directeurs des banques centrales.

Le métal précieux a touché vendredi les 1.784,56 dollars l'once, un plus bas depuis janvier dernier.

Selon Han Tan, analyste chez Exinity, l'or est "affaibli par les perspectives de hausses des taux d'intérêts et la rhétorique agressive des banques centrales en matière de lutte contre l'inflation".

Si l'or est perçu comme une valeur refuge, appréciée des investisseurs qui cherchent à se protéger de la hausse des prix, une politique monétaire plus stricte rend en revanche les obligations d'État plus rentables et plus attractives que le métal.

Le ton plus agressif de la Banque centrale américaine (Fed), qui augmente ses taux directeurs précisément pour tempérer la pression sur les prix, profite ainsi au dollar.

"La vigueur du dollar américain et les anticipations de hausse des taux d'intérêt continuent de peser sur le métal précieux", commente Fawad Razaqzada de City Index.

Jerome Powell, le président de la Fed, a d'ores et déjà dit que l'institution comptait relever encore ses taux d'ici la fin de l'année.

"L'or semble également perdre de son éclat en tant que valeur refuge, ne parvenant pas à grimper malgré les craintes accrues d'une récession imminente", note par ailleurs Han Tan.

En effet, le métal semble incapable de "tirer parti de l'aversion pour le risque qui persiste sur les marchés", abonde Fawad Razaqzada.

Vers 16H15 GMT (18H15 à Paris), une once d'or coûtait 1.804,58 dollars, contre 1.826,87 dollars sept jours plus tôt en fin d'échanges.

Les métaux de base plombés

Les métaux industriels ont fléchi dans la semaine sur la bourse des métaux de Londres, plombés par les inquiétudes quant à une récession mondiale menaçant la demande, en plus d'un meilleur approvisionnement de nombreux métaux de base.

"Les préoccupations relatives à l'offre qui existaient auparavant se sont évaporées", résume Daniel Briesemann, analyste chez Commerzbank, affirmant que les métaux industriels se dirigent vers de "lourdes pertes" pour le deuxième trimestre.

"Les inquiétudes liées à la récession se propagent parmi les investisseurs, ce qui laisse présager une baisse de la demande de métaux", explique-t-il.

"Dans le même temps, de nombreux marchés des métaux ont été mieux approvisionnés au cours des derniers mois", poursuit M. Briesemann.

Le cuivre est "un bon indicateur de la santé économique mondiale, car la ductilité (le fait de pouvoir être déformé sans rompre, ndlr) et la conductivité du métal font qu'il est utilisé dans de nombreuses industries à travers le monde", explique Russ Mould, analyste chez AJ Bell.

Baromètre de l'économie, d'où son surnom de Docteur Cuivre (Dr Copper), il est donc très sensible à un potentiel ralentissement de l'économie mondiale.

Vendredi, le cuivre a glissé jusqu'aux 7.955,00 dollars la tonne, en dessous de la barre des 8.000 dollars, pour la première fois depuis février 2021.

Sur le London Metal Exchange (LME), la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 8.048,50 dollars vers 16H15 GMT (18H15 à Paris), contre 8.381,50 dollars le vendredi précédent à la clôture.

Le cacao refroidit

Les cours du cacao étaient en baisse cette semaine, tirés vers le bas par la faiblesse de la demande.

Vendredi, le cacao a atteint un plus bas à New York depuis près d'un an, à 2.304 dollars la tonne, et un plus bas depuis mars à Londres, à 1.742 livres sterling la tonne.

Le cacao était en baisse à Londres et à New York "en raison de la faiblesse de la demande", affirme Jack Scoville, analyste pour Price Futures Group, mais l'offre se porte bien selon l'analyste, car une "bonne production en Afrique de l'Ouest" et en Côte d'Ivoire est attendue.

À Londres, la tonne de cacao pour livraison en décembre valait 1.751 livres sterling vers 16H15 GMT (18H15 à Paris), contre 1.785 livres sterling vendredi dernier en fin de séance.

À New York, la tonne pour livraison en juillet valait dans le même temps 2.312 dollars, contre 2.432 dollars vendredi dernier.

afp/rp