Washington (awp/afp) - Un constat: la Chine consent de plus en plus de prêts aux pays pauvres. Encore faut-il que ceux-ci soient accordés de manière transparente et ne créent pas une dette insoutenable aux pays qui en bénéficient, préviennent les institutions internationales à Washington.

A l'occasion de leurs réunions de printemps, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale ont exhorté jeudi à une plus grande transparence sur les montants et les termes des prêts accordés par Pékin à l'étranger tout en mettant en garde contre l'accroissement de la dette.

"La dette contribue au développement des économies, mais si cela n'est pas fait de manière transparente, si la dette ne produit pas de résultats probants (en terme de développement d'un pays), alors cela peut être un poids considérable pour l'économie", a résumé David Malpass, le nouveau président de la Banque mondiale.

"Et l'histoire est remplie de ces situations où trop de dette a plombé des économies", a-t-il ajouté.

L'aide chinoise est principalement affectée aux infrastructures, à l'extraction de ressources telles que le charbon, aux télécommunications et au transport. Dans les pays pauvres, ces programmes d'investissements sont censés contribuer à stimuler les exportations et les revenus.

Mais à mesure que les prêts chinois se multiplient, les critiques s'élèvent sur la manière dont la Chine les octroie. Il est notamment reproché aux donateurs chinois d'octroyer des prêts bonifiés par exemple à des Etats africains dont les plus pauvres étaient en partie débarrassés du fardeau de la dette.

"Dix-sept pays d'Afrique se trouvent déjà dans un niveau de risque élevé de surendettement et ce nombre ne fait que grossir à mesure que les nouveaux contrats y affluent et ne sont pas transparents", a déploré David Malpass.

L'Union européenne s'émeut, elle, que la Chine distille ses prêts, accordés à faible taux d'intérêt, dans les Balkans par exemple.

Au Monténégro, la dette publique a ainsi explosé jusqu'à atteindre 70% du PIB, après que le pays a contracté un emprunt de plus de 800 millions d'euros auprès d'une banque chinoise pour bâtir une autoroute dans ses montagnes.

Club de Paris

David Malpass a insisté sur la nécessité d'examiner la qualité des projets.

C'est important "pour les pays pauvres qui s'efforcent d'avancer (dans leurs efforts de sortir de la pauvreté) d'avoir des projets associés à des programmes de qualité et de divulguer complètement les modalités de la dette" contractée pour ces projets, a-t-il commenté.

"Nous encourageons constamment à la fois les emprunteurs et les prêteurs à s'aligner le plus possible sur les principes portant sur la dette qui ont été approuvés par le G20", a indiqué de son côté Christine Lagarde.

A l'évidence, tout programme de restructuration de la dette dans les années à venir sera "bien plus compliqué que ceux conduits il y a dix ans en raison de la multiplication des créanciers" et parce que "toute dette publique ne passe pas par les membres du Club de Paris", a-t-elle également expliqué.

Parmi les pays non membres du Club de Paris, les principaux pays fournisseurs d'aide bilatérale aux pays les moins avancés sont le Brésil, la Chine, l'Inde, la Corée, le Koweït et l'Arabie saoudite.

De manière plus diplomatique, Christine Lagarde a souligné que cela ne signifiait pas pour autant que toute dette contractée en dehors de ce forum constituait en soi un problème mais il est nécessaire que les pays accordant des prêts le fassent sur des critères adoptés par ce club.

Au-delà de la manière dont les prêts sont accordés, la Chine est enfin critiquée pour ses investissements dans des pays peu respectueux des droits de l'homme. La corruption et les atteintes à la démocratie seraient indirectement perpétuées par la manne chinoise.

afp/rp