Malheureusement, la matinale du lundi est toujours un peu plus barbante que les autres, parce que c'est lundi justement et qu'il faut faire rentrer un bilan hebdomadaire et deux jours d'informations dans un format court. Certains diraient deux jours et demi, parce que leur vendredi est déjà amputé.

Résultats d'entreprises et banques centrales se sont équitablement partagés le devant de la scène financière lors de la cinquième semaine boursière de l'année. Je commence par le sujet macroéconomique avec la BCE qui a surpris son monde en adoptant un ton plus sévère vis-à-vis de l'inflation car elle craint d'être débordée comme a pu l'être la banque centrale américaine. Les bookmakers de la finance pensent que l'institution pourrait donner un premier tour de vis au début de l'automne. Les hausses de taux ne sont pas intrinsèquement négatives pour les marchés financiers, mais elles changent les règles du jeu et bouleversent les stratégies boursières. Leur impact sur l'économie réelle est différent et dépend de la capacité de la banque centrale à imprimer le bon tempo, pour remplir son objectif de contrôle de l'inflation sans faire dérailler l'équilibre économique pour les entreprises et les ménages notamment. Notez que les hausses de taux comme outil d'aplatissement de l'inflation sont parfois critiquées, ici par l'économiste James Galbraith, proche de la gauche américaine.

Ce changement de posture de la BCE a l'air empreint de pragmatisme : même si elle cherchait à laisser penser que le vieux continent échapperait par magie aux hausses de prix, la banque se savait probablement en situation intenable. Ce nouveau positionnement a pour le moment surtout eu un impact sur l'euro, qui est revenu dans la zone comprise entre 1,14 et 1,15 USD, et sur le marché de la dette, avec par exemple un Bund allemand dont le rendement est passé de -0,02% à +0,20% en une semaine.

Sur les marchés actions, la semaine était celle des grandes envolées et des gros splashs pour des valeurs emblématiques de la cote américaine. Splash pour PayPal, qui a fondu de plus de 20% après avoir expliqué que sa stratégie de croissance de masse tous azimuts était vouée à l'échec, à cause de la multiplication des comptes inactifs. Le recentrage prendra du temps et de l'argent. Grosse fatigue aussi pour Meta Platforms, qui a perdu plus de 20% elle aussi, après un cocktail fait de déception sur les prévisions, de morsure de la nouvelle politique d'Apple et du premier et très symbolique recul des utilisateurs actifs de Facebook, ce réseau de boomers qui ne séduit plus les jeunes générations. Il faut ajouter à cela le coûteux projet de Métavers, dont l'intérêt est à peu près compris mais dont le modèle économique reste à finaliser.

La chute de ces titres a lourdement pesé sur la cote américaine, même si l'on peut considérer qu'ils constituent plus des incidents industriels qu'une tendance générale. D'ailleurs, le bilan des résultats trimestriels est toujours très favorable : les entreprises américaines battent toujours largement les attentes de bénéfices et de revenus quoique dans des proportions un peu moins favorables que précédemment. Illustration avec Amazon, qui à l'inverse de PayPal et de Meta a séduit les investisseurs, ce qui a valu à l'action sa plus forte hausse sur une séance depuis 2015 vendredi. Et qui a contribué à remettre un Nasdaq hésitant dans le sens de la marche, en lui offrant un bilan hebdomadaire positif. L'indice technologique américain accuse toujours un passif de 10% en 2022, alors que celui du S&P500 est de -5,57%. En Europe, le STOXX Europe 600 perd -5,25% depuis le 1er janvier, tandis que le CAC40 domine toujours les débats à -2,82%.

Cette semaine, l'actualité macroéconomique est plus calme, si l'on excepte les données sur l'inflation américaine de janvier qui seront communiquées vendredi. En revanche, les publications de résultats d'entreprises se poursuivent à bon rythme avec des Pfizer, des Toyota, L'Oréal, Walt Disney, GlaxoSmithKline, Unilever, Coca-Cola ou TotalEnergies en approche.

Quelques informations pour démarrer la semaine :

  • C'est le retour des marchés boursiers de Chine Continentale après une semaine fériée pour le nouvel an lunaire. Reprise en hausse de 1,5%.
  • Emmanuel Macron va rencontrer Vladimir Poutine à Moscou pour tenter d'apaiser la crise ukrainienne.
  • Le pétrole poursuit son ascension avec un Brent au-dessus des 93 USD.
  • Boris Johnson résiste aux appels à la démission.

Ce matin, outre le rebond chinois, Tokyo a clôturé en baisse de 0,7%, tandis que Hong Kong perd 0,3%. Les indicateurs avancés européens pointent vers un rebond, pour combler l'écart avec la remontée de Wall Street vendredi. Le CAC40 a démarré en hausse de 0,6% tout près des 7000 points.

Les temps forts économiques du jour

La production industrielle allemande de décembre sera publiée à 8h00. Christine Lagarde doit prononcer une allocution à 16h45 devant les parlementaires européens. L'indice PMI Caixin des services en Chine, publié cette nuit, est en baisse à 51,4 points en janvier, mais dépasse les attentes et signale toujours une expansion, quoique réduite (un indice supérieur à 50 est signe d'expansion).

L'euro se négocie 1,1439 USD. L'once d'or est stable à 1810 USD. Le pétrole poursuit son ascension à 92,1 USD le baril WTI et 93,54 USD le baril de Brent. Le rendement de la dette américaine à 10 ans grimpe à 1,91%. Le bitcoin est remonté à 42 800 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Aéroports de Paris : Morgan Stanley passe de souspondérer à pondération en ligne en visant 123 EUR.
  • Allfunds : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 19 à 18 EUR.
  • BMW : Barclays reprend le suivi à pondération en ligne en visant 95 EUR.
  • Carlsberg : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 1100 à 1150 DKK.
  • Clariant : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 23 CHF.
  • Daimler Truck : Barclays reprend le suivi à surpondérer en visant 43 EUR.
  • Deutsche Telekom : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 21,80 à 21,30 EUR.
  • Elior : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 7 à 6,50 EUR.
  • Epiroc : Bernstein passe de sousperformance à performance de marché en visant 190 SEK.
  • Evotec : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 51 à 47 EUR.
  • Flughafen Zürich : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à souspondérer en visant 161 CHF.
  • Husqvarna : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 115 à 135 SEK.
  • Pharmagest : GreenSome Finance reste à l'achat avec un objectif réduit de 143,20 à 124,80 EUR.
  • Plus500 : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 2000 à 2100 GBp.
  • Porsche : Barclays reprend le suivi à surpondérer en visant 112 EUR.
  • Prosegur : Goldman Sachs passe d'acheter à neutre en visant 2,70 EUR.
  • Publicis : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 68 à 70 EUR.
  • Renault : Barclays reprend le suivi à souspondérer en visant 33 EUR.
  • SIG Combibloc : Stifel passe de conserver à acheter en visant 24,50 CHF.
  • Signify : Berenberg reste à la charge avec un objectif de cours relevé de 55 à 60 EUR.
  • Washtec : HSBC passe de conserver à acheter en visant 59 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Airbus envisage de développer ses propres moteurs pour les avions à hydrogène.
  • La FDA approuve l'Enjaymo de Sanofi, premier traitement pour les patients atteints de la maladie des agglutinines froides.
  • Advent souhaite céder Idemia pour 3 à 4 Mds€, Thales serait intéressé.
  • Faurecia vise un chiffre d'affaires de 33 Mds€ en 2025 après le rachat de Hella.
  • Electricité de France devrait acter le rachat des turbines de General Electric lundi lors d'un conseil d'administration. Par ailleurs, un départ de feu a été maîtrisé dimanche en fin de matinée "dans la partie non nucléaire" de la centrale de Cruas.
  • Eramet a finalisé la cession de son usine de Sandouville pour 85 M€.
  • Eurazeo et Investissements PSP forment une joint-venture dédiée au secteur hôtelier européen.
  • Le holding d'Eurobio accueille Nextstage au capital sur la base d'un titre Eurobio valorisé 25,28 EUR pièce.
  • Roctool retenu pour un gros contrat d'intérieur automobile.
  • Latécoère va mettre en place un plan d’intéressement en actions au profit de salariés.
  • Lysogène change de directrice médicale.
  • TheraVet élargit son portefeuille de substituts osseux avec une gamme innovante de greffons biologiques.
  • Pharmagest, Delfingen, Mastrad, Sapmer, ont publié leurs comptes et/ou des prévisions.

Dans le monde

Annonces importantes (et autres)

  • Volkswagen voit la pénurie de semi-conducteurs perdurer toute l'année.
  • Des actionnaires d'Unilever réclament une restructuration et un nouveau président.
  • Des prétendants, dont Nike et Amazon, s'intéresseraient à Peloton Interactive, selon plusieurs sources.
  • Reckitt pourrait céder sa nutrition infantile.
  • Aurubis confirme une hausse de 85 % de son bénéfice trimestriel et relève ses prévisions.
  • Toshiba va céder à Carrier le contrôle de leur coentreprise dans la climatisation.
  • Amazon signe sa plus forte hausse journalière depuis 2015 : +14%.
  • L'OPA d'Advent et Centerbridge sur Aareal échoue sous le seuil de 60% du capital requis.
  • Seibu va céder un portefeuille d'actifs à GIC pour 150 MdsJPY.
  • GlobalWafers va investir 3,6 Mds$ dans son développement après l'échec du rachat de Siltronic.
  • Swisscom va construire un deuxième réseau de base pour éviter les perturbations fréquentes, selon son PDG.
  • Calida reprend la marque de lingerie durable Erlich Textil.
  • KBC Bank Ireland finalise la vente de la quasi-totalité de son portefeuille résiduel de crédits hypothécaires non performants.
  • Principales publications de résultats : Amgen, Daikin, Simon Property, Orix, Take-Two, Hasbro, Lotus Bakeries… Retrouvez tout l'agenda du jour ici.

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