Au sens classique du terme, le momentum est une vision de l'investissement consistant à privilégier les actions qui sont dans une tendance positive au cours des six et douze derniers mois. Chez Zonebourse, le momentum intègre certes les données relatives à la tendance positive du titre à court, moyen et long terme mais surtout les révisions des bénéfices et du chiffre d'affaires par les analystes à très court terme (7 jours), à moyen terme (4 mois) et à long terme (12 mois), pondérées de la visibilité du business model des analystes qu'en à la divergence de leurs estimations chiffrées, en partant de l’hypothèse que les analystes sont plutôt conservateurs dans leurs révisions. 

Lors de notre précédente sélection, nous avions choisi Sanderson Farms, Broadcom, Mitsui & Co, Westlake Corporation, Pason Systems fin mars 2022. Un portefeuille équipondéré sur ces cinq positions vous aurez généré un rendement de -8,63% contre -16,45%pour le S&P 500, notre benchmark de référence par rapport à notre sélection, sur la période allant du 31/03/2022 au 30/06/2022. Cette surperformance de +7,82% par rapport au S&P 500 s’explique par le caractère inflation-proof de la plupart des valeurs qui profite directement de la conjoncture économique pour Westlake Corporation, Sanderson ou Pason ou qui limite les pertes de marge par rapport au reste du marché avec Broadcom et Mitsui. Le fabricant de semi-conducteur américain Broadcom est la plus mauvaise performance en lâchant -22,85% alors que le portefeuille est tiré par la valeur Sanderson Farms dans l’alimentaire qui affiche +14,96% au compteur sur le deuxième trimestre. 

Regardons plus en détail les cinq valeurs américaines sélectionnées pour le troisième trimestre 2022 (juillet à septembre). 

Notre sélection “momentum” pour les trois prochains mois : 

UnitedHealth (UNH) 

UnitedHealth Group figure parmi les premiers fournisseurs américains de produits et de services de santé. Les revenus se répartissent entre les assurances santé (59,3% du CA), les prestations de gestion de régimes d’assurance médicaments (37,5%) et les prestations de services informatiques (3,2%). L’action du plus grand assureur maladie américain a réalisé un parcours boursier incroyable ces dix dernières années avec une augmentation du titre de 25% par an depuis 2012 (dividende compris). Cet exploit a été réalisé par une belle augmentation des marges et du chiffre d’affaires couplée à une politique d’acquisitions bien maîtrisée.

Le groupe dispose d’un leadership sur ce marché. L’entreprise va dans le sens de la volonté du gouvernement américain de réduire les coûts de santé pour le grand public. Pour autant, United dispose d’un fort pricing power. L’histoire a démontré que les soins de santé sont le secteur qui offre le plus de récurrence des résultats même lors des grandes crises financières (2000 et 2008) et lors des pics d’inflation. Un secteur résilient donc qui baisse moins lors des crises et surperforme également en marché haussier.

Les revenus ont augmenté de 14% d’une année sur l’autre lors de la publication du T1 2022. Chaque publication de résultats au cours des 16 derniers trimestres a été supérieure aux attentes des analystes. Son flux de trésorerie d’exploitation a atteint 5,3 milliards de dollars, de quoi amortir les chocs en cas de récession. L’exécution disciplinée de la stratégie du groupe à long terme associée à ses qualités évidentes de stabilité des résultats – puisque nous continuions de nous soigner même en cas de récession – en fait une valeur défensive de choix. 

Merck & Co (MRK) 

Merck & Co est un des plus grands laboratoires pharmaceutiques du monde. Les valeurs pharmaceutiques sont particulièrement recherchées en ces temps troublés de pression sur les marges des entreprises. Elles offrent une certaine visibilité grâce à une récurrence de leur chiffre d’affaires et du pricing power sur leurs clients pour maintenir des marges stables. Les marges d’exploitation sont en légère augmentation et au-dessus de 30% depuis des années. 

Merck a récemment publié ses résultats trimestriels et le marché était satisfait. Le chiffre d’affaires s’est élevé à 15,9 milliards de dollars, dont 3,2 milliards de dollars de ventes du Molnupiravir, la pilule COVID-19 de la société. La force a été constatée dans l’ensemble du portefeuille de médicaments de Merck. Hors Molnupiravir, les revenus ont augmenté de 19% par rapport au premier trimestre 2021. 

Alors que le Molnupiravir est une étoile montante au potentiel à long terme incertain, la vache à lait du portefeuille de Merck reste Keytruda, utilisé pour le traitement de nombreuses tumeurs. Les acquisitions récentes quant à elles (Pandion Therapeutics et Acceleron Pharma en 2021) lui permettront d’accélérer sur des marchés clés contre les maladies auto-immunes et les maladies cardiaques et pulmonaires. La société offre un dividende de 3% par an, une sécurité pour les investisseurs qui recherchent de plus en plus des valeurs à dividendes avec l’incertitude du contexte macro-économique. Le momentum porteur pourrait se poursuivre sur cette valeur défensive. 

T-Mobile (TMUS) 

Autre valeur défensive avec une récurrence des résultats mais cette fois-ci dans les télécoms : T-Mobile. Le secteur a été privilégié par les opérateurs dernièrement en raison de son caractère défensif lié à la stabilité de ses résultats dans le temps ainsi que le versement de dividendes copieux qui rassurent les investisseurs qui reçoivent ainsi des revenus. T-Mobile est le troisième opérateur de téléphonie mobile aux Etats-Unis, juste derrière AT&T et Verizon. 

Le business des télécoms est certes un business lourd en infrastructures mais avec un moat élevé en raison des dépenses massives en capex pour le concurrencer. Même si la croissance des ventes devrait ralentir maintenant que le groupe a acquis une position de quasi leader aux USA, les profits cash devraient continuer à grimper à un rythme correct. 

Raytheon Technologies (RTX) 

Raytheon est la première capitalisation mondiale dans le secteur de la défense et de l’aérospatial. Ce n’est pas un pure-player car la société réalise 27,4% de son CA dans les systèmes de navigation aérienne avec sa filiale Collins Aerospatial, 27% dans l’aéronautique via Pratt & Whitney qui fabrique notamment des moteurs d’avions civils et militaires, 23,1% sur le segment des missiles et systèmes intégrés de défense aérienne. C’est notamment eux qui fabriquent les missiles anti-aérien Stinger et ils co-fabriquent avec Lockheed Martin les missiles antichar Javelin, deux des armes les plus redoutables que les occidentaux envoient en Ukraine. 

Le secteur de la défense commence tout juste à réviser à la hausse (les analystes comment à réajuster leurs révisions de chiffre d’affaires et de bénéfice net par action) et la tendance devrait perdurer selon nos estimations. La guerre en Ukraine a changé la donne en matière de sécurité. La plupart des pays européens ne respectent pas l’objectif initial de 2% du PIB consacré à la défense. Rien que ce réajustement à 2% entraînerait une hausse de 25% du budget mondial consacré à la défense. L’ensemble du secteur devrait ainsi fortement profiter de ces politiques favorables. 

AutoNation (AN) 

AutoNation est un détaillant automobile aux Etats-Unis qui vend des véhicules neufs et d’occasion ainsi que des pièces détachées, des services de réparation, d'entretien automobile ainsi que des produits de financement et d’assurance automobile. 

Si on regarde l’inflation, elle n’a pas encore l’air de vouloir se calmer pour le moment. Dans cet environnement, AutoNation est le genre de valeur inflation proof comme expliqué dans cet article. De plus, sa part importante du chiffre d’affaires réalisé dans les pièces de rechange (30%) profite des pénuries de certaines pièces de voitures neuves, ce qui lui assure un coussin hedging en cas de récession marquée. La valeur devrait mieux se débrouiller que les autres acteurs du secteur. 

Retrouvez les précédentes sélections ici :