Le Bitcoin et l’Ether, qui sont les deux crypto-monnaies les plus populaires, atteignent des plus hauts historiques depuis ce début d’année et la capitalisation de l’ensemble des crypto-monnaies a franchi au mois de juin, le cap significatif des 100 milliards de dollars. Le Bitcoin a également dépassé les 3.000 USD durant cette même période et l’Ether, les 400 USD, avant de retomber respectivement sous la barre des 2.600 et 260 USD.

Comment expliquer cette soudaine montée des cours et cet intérêt particulier pour les monnaies virtuelles depuis ce début d’année ? 
 
ØUn effet de mode : la grande tendance ces derniers mois dans le milieu de la blockchain c’est : l’ICO (Initial Coin Offering). C’est un moyen pour les entreprises de lever des fonds rapidement tel que le crowdfunding (financement participatif). Selon la Blockchain France, « plus de 300 ICO sont attendues au cours de l'année 2017, contre 64 réalisées l'an passé ».
 
ØLe Japon et la Russie s’intéressent à la monnaie virtuelle : les deux pays ont légalisé le Bitcoin. Le Japon, en avance dans le secteur de la technologie, était prêt à adopter les monnaies numériques. De plus, la BoJ ne cesse d’imprimer des billets pour relancer son économie (politique monétaire accommodante), ce qui effraie les épargnants japonais. Ainsi, au lieu de placer leur argent dans une monnaie sous-évaluée, cela leur rapporte plus de le placer en cryptomonnaie. De nombreux magasins et distributeurs acceptent désormais les crypto-monnaies, comme par exemple la compagnie aérienne japonaise Peach Aviation qui accepte le paiement en Bitcoin. 

ØLes cartes graphiques s’adaptent au monde de la cryptomonnaie : Afin de pouvoir miner* de nouveaux Bitcoins (ou autres monnaies virtuelles), les investisseurs utilisent des processeurs graphiques GPU (Graphics Processing Unit) ou des ASICS (Application Specific Integrated Circuits). Cela correspond à l’ « ensemble de l’équipement matériel, mécanique, magnétique, électrique et électronique, qui entre dans la constitution d’un ordinateur » (cnrtl.fr) et permet de réaliser tous les calculs et d’ajouter une intelligence artificielle plus fiable. Les ASICS n’ont pas d’autre utilité que celle du minage, ces processeurs sont nettement plus puissants et consomment peu, néanmoins ils coûtent beaucoup plus chers. Puisque cette monnaie devient populaire, il y en a davantage en circulation et donc les calculs deviennent encore plus complexes. Les mineurs ont alors besoin d’augmenter, pour continuer à exploiter la blockchain, la puissance de calculs de leurs ordinateurs en s’appropriant de nouveaux GPU, toujours plus puissants. Nvidia et AMD, deux acteurs américains, se sont alors positionnés sur ce marché grandissant, en proposant des nouveaux GPU spécialement dédiés au minage des cryptomonnaies. 

ØUne valeur refuge : Entre la dépréciation du yuan (devise chinoise) face au dollar, la suppression des grosses coupures en Inde, l’élection de D. TRUMP, etc. la monnaie cryptée s’est imposée dans l’esprit de ces nouvelles générations comme une valeur refuge, ne nécessitant aucune intervention de banques centrales et résultant simplement de la confrontation de l’offre et de la demande. A noter que les générations Y et Z ont grandi avec les objets connectés, Internet, etc. et font davantage confiance en cette monnaie, qu’ils considèrent comme « stable » en période de crise (malgré la forte volatilité), plutôt que l’or par exemple.    
 
Alors que la monnaie virtuelle prend de plus en plus d’ampleur et que le cadre géopolitique mondial est particulièrement instable (élections présidentielles, terrorisme, cybercriminalité et rançons), les autorités observent ce phénomène d’un œil attentif et le fossé se creuse entre les partisans et les anti monnaies virtuelles. 

Les plus frileux parlent de… :

- … Flash krach, les investisseurs craignent une bulle spéculative sur les cryptomonnaies. En effet, le cours du bitcoin (ci-dessous en dollars, sur la célèbre plateforme Coinbase), a progressé de près de 200% depuis ce début d’année et a atteint un niveau record en juin dernier, avant de perdre plus de 18%. De nombreux investisseurs restent alors sur leur garde pensant que les prix sont déconnectés de la valeur réelle de la cryptomonnaie, du fait de l’emballement général et que celle-ci va chuter brutalement au moment de l’éclatement de la bulle (ce qu’elle aurait alors commencé à faire depuis le mois de juin ?). 
 

Concernant l’Ether, elle a gagné plus de 6000% en quelques mois, avant de perdre 50% depuis son plus haut historique atteint mi-juin.  
 

 
- … D’individus mal intentionnés : les transactions virtuelles sont en grande partie non traçables et anonymes, ce qui peut les inciter à utiliser cette monnaie dans le blanchiment d’argent, sur le darknet, ou dans le financement du terrorisme (selon Symantec, les ransomwares ont plus que triplé en 2016 et continuent de progresser cette année).

- … Consommation massive d’électricité, de batterie et de réseau (d’ailleurs, selon le site digiconomist.net, le Bitcoin et l’Ether consommeraient à eux deux l’équivalent d’une centrale nucléaire française).

Les pro-monnaies virtuelles … :

- … Pensent que les cours vont continuer de monter après la correction qu’elles subissent actuellement.

- … Mettent en avant le fait que certains pays ont une monnaie fortement indexée sur les matières premières (par exemple sur le pétrole), ainsi quand le cours de la matière première s’effondre, la monnaie du pays aussi, et la monnaie virtuelle peut alors paraître plus stable. Le système à base de blocs peut alors être utilisé pour comptabiliser de manière transparente et enregistrer à peu près n’importe quelle transaction.

- … Diront que son utilisation peut s’adapter à différents secteurs (notarial, assuranciel, etc.)

- … Trouvent l’utilisation de la cryptomonnaie rapide, discrète et mondiale.  

- … Voient en la monnaie cryptée, une monnaie d’avenir. C’est une idée que partage notamment la Banque Privée Suisse Falcon, qui sera dès mercredi 19 juillet ravie de fournir à ses clients une gestion d’actifs de la blockchain (selon Reuters).

- … Sont optimistes à l’idée que la SEC réexamine le projet d’ETF basé sur le Bitcoin. Selon des informations de Reuters, elle se pencherait à nouveau sur la demande des frères Winklevoss. 

Tous les arguments sont bons à prendre en compte car ce marché est complexe, il est donc nécessaire de disposer du maximum d’informations afin de bien connaître ce nouvel environnement. Avant de se lancer, il faut tout d’abord savoir pourquoi investir dans une monnaie virtuelle ? A quelles fins ? Pour savoir combien et comment investir. Il est également nécessaire de prendre en compte le fait qu’elles soient fortement volatiles et qu’il vaut donc mieux éviter les effets de levier, qui pourraient faire perdre beaucoup d’argent. La plateforme d’échange est alors à choisir avec attention, car la cotation peut différer en passant de l’une à l’autre et pour éviter les plateformes CFD.

Concernant la sécurité de ses transactions, elle est assurée par la Blockchain (comprendre son fonctionnement dans cet article : l’Ether est-il le nouveau Bitcoin?), néanmoins les fraudes et les manipulations sont possibles et se font le plus souvent via des emails (contenant la plupart du temps des pièces jointes) propageant des virus. 




*Le mining, c’est le fait qu’un individu mette à disposition du réseau son ordinateur, et que celui-ci, ajouté aux ordinateurs des autres membres, contribue à la maintenance du réseau. Grâce à leur puissance de calcul commune, avant qu’une transaction soit effectuée, des vérifications concernant l’historique des transactions passées, la véracité des informations, etc. sont effectuées, et si tout est bon, l’opération se réalise et la monnaie virtuelle est échangée. Ainsi, les individus sont considérés comme des « mineurs », et sont rémunérés en cette monnaie.