Les marchés européens ont fini par baisser hier, mais sans y mettre une grosse conviction puisque le CAC40 français et le DAX allemand n'ont perdu que 0,2%. Aux Etats-Unis, les indices ont fait le grand écart entre un Dow Jones en légère baisse et un Nasdaq 100 rayonnant qui a gagné plus de 1% grâce au soutien de ses poids lourds Apple et Amazon. Les valeurs technologiques ont été galvanisées par les résultats de Nvidia, qui s'est envolée de 8% à la clôture. On le sait assez peu, mais la société connue pour ses cartes graphiques pèse désormais 730 Mds$ en bourse – plus que LVMH et L'Oréal réunies - ce qui en fait l'une des plus grosses capitalisations du monde.

Techniquement, nous sommes le dernier jour du mois boursier aujourd'hui. Par convention, c'est en effet le 3e vendredi de chaque mois que sont débouclés les produits dérivés comme les futures sur indices et les options sur produits de bourse arrivant à échéance. Cette séance, baptisée "journée des trois sorcières", peut être source d'une certaine volatilité, souvent circonscrite à des mouvements surtout visibles des initiés. Pour terminer la semaine, je vous propose de parler de deux indices, mais pas de ceux qui sont communément cités dans ces élucubrations matinales.

Le premier est tout ce qu'il y a de plus convenu : il est calculé par un ponte du secteur (Standard & Poor's) et cherche à capter une tendance actuelle, le poids des réseaux sociaux. C'est amusant parce que j'en parlais fortuitement hier par le prisme des nouveaux influenceurs de la recommandation boursière, qui ont tendance à alimenter le sentiment FOMO (la peur de rater quelque chose, qui fait perdre de la rationalité aux décisions d'investissement). S&P sort donc le "S&P500 Twitter Sentiment Index". En gros l'indice repose sur un algorithme qui mesure le sentiment haussier et baissier sur chaque action du S&P500 américain sur la base des tweets contenant un cashtag (depuis 2012, l'utilisation du tag $ permet de verser les tweets dans la catégorie financière). L'indice ne conserve que les 200 sociétés les mieux notées. Les scores sont calculés en temps réel mais la composition n'est revue qu'une fois par mois. Pour tirer la substantifique moëlle du sentiment de la Twittosphère, S&P propose aussi une déclinaison équipondérée de son indice, qui ne comprend que les 50 meilleures sociétés (S&P 500 Twitter Sentiment Select Equal Weight Index). Se positionner sur un tel indice permet-il de faire d'excellentes affaires ? Début de réponse avec un "backtest" fourni par S&P sur trois ans : l'indice S&P500 Twitter a gagné 20,55% en données annualisées contre 19,80% au S&P500.

En fait de second indice je relaie ce matin une initiative à laquelle on m'a sensibilisé et qu'il ne m'a pas l'air hors sujet puisque ses promoteurs sont venus taper à la porte du monde financier en cherchant à adopter ses codes. De fait, il est présenté comme le premier indice coté négativement puisqu'il démarre à -142,7 milliards d'euros. Le "Childhood Index Value" représente le coût des violences faites aux enfants chaque année en Europe. L'association Innocence en Danger introduit symboliquement en bourse ce 19 novembre son indice, à la veille de la journée internationale des droits de l'enfance. "Pour faire remonter le cours de l’enfance, il faut aller sur le site de l’association et investir, c’est-à-dire faire un don", explique IED. Les dons permettront à l'association de renforcer son soutien aux victimes. Si cette initiative vous intéresse, vous savez ce qu'il vous reste à faire.

Pour revenir à des considérations bien plus terre à terre, la séance boursière a l'air de démarrer sous de bons Auspices. Toutefois, après les prouesses de Nvidia hier, le secteur des semiconducteurs pourrait être brassé par le contre-exemple Applied Materials, dont le cours flanche après des résultats décevants. Le management a expliqué que sa propre chaîne d'approvisionnement a du mal à tenir la cadence de la demande intense en puces électroniques. L'industrie a des problèmes, mais ce sont des problèmes de riches. Il n'empêche qu'ils affectent les anticipations – élevées – du marché. Autre victime boursière du jour après des résultats mi-figue, mi-raisin : Alibaba, l'Amazon chinois, qui a sombré de 11% hier et qui baisse encore à Hong Kong et qui plombe la fin de semaine du Hang Seng. Dans le volet géopolitique, les dernières déclarations de la Maison Blanche envers la Chine semblaient plutôt apaisées dans le sillage de la visioconférence tenue entre Joe Biden et Xi Jinping en début de semaine. Mais le président américain a lâché hier que les Etats-Unis songent à un boycott diplomatique des Jeux olympiques d'hiver de Pékin qui doivent avoir lieu en février. Une sorte de flèche du Parthe décochée en marge d'un sommet avec Justin Trudeau. Il n'y aura pas, en revanche, de statistique économique majeure. La patronne de la BCE, Christine Lagarde, doit prononcer un discours autour de 15h30, c’est-à-dire peu avant l'arrivée des sorcières sur le CAC40, puisque la compensation sur indices a lieu à 16h00.

Le CAC40 gagne 0,46% à 7174 points à l'ouverture. 

Les temps forts économiques du jour

Aucun indicateur macroéconomique majeur n'est en vue aujourd'hui, donc. En revanche, Christine Lagarde doit s'exprimer à 15h30 en ouverture du congrès bancaire européen de Francfort.

L'euro recule à 1,1354 USD. L'or se maintient à 1862 USD l'once. Le pétrole rebondit à 81,76 USD le baril de Brent et 79 USD le baril WTI. Le rendement du T-Bond remonte à 1,59% sur 10 ans, tandis que celui du Bund allemand se détend à -0,28%. Le bitcoin poursuit son reflux en direction de 56 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • ADUX : GreenSome Finance reste à l'achat avec un objectif relevé de 3,23 à 3,46 EUR.
  • Ahold Delhaize : Berenberg reste à conserver avec un objectif relevé de 25 à 28 EUR.
  • Air Liquide : Deutsche Bank relève son objectif de cours de 163 à 185 EUR.
  • Comet : Stifel reste à l'achat avec un objectif relevé de 370 à 425 CHF.
  • EDP Renovaveis : Société Générale passe de conserver à vendre en visant 21 EUR.
  • ENI : Barclays passe de souspondérer à surpondérer en visant 16 EUR.
  • ING : Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 15 EUR.
  • Medmix : UBS démarre le suivi à l'achat en visant 52 CHF.
  • NFON : Berenberg reste à l'achat avec un objectif réduit de 25 à 23 EUR.
  • Royal Unibrew : Berenberg reste à l'achat avec un objectif abaissé de 984 à 910 DKK.
  • Salmar : Berenberg reste à conserver avec un objectif relevé de 580 à 630 NOK.
  • Société Générale : Jefferies reste à l'achat avec un objectif relevé de 38 à 42 EUR.
  • Sulzer : UBS reprend le suivi à neutre.
  • ThyssenKrupp : Jefferies reste à l'achat avec un objectif relevé de 14,25 à 16 EUR.
  • Truecaller : J.P. Morgan démarre le suivi à surpondérer en visant 135 SEK.
  • Zurich Insurance : Jefferies reste à conserver avec un objectif relevé de 395 à 405 CHF.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • TotalEnergies ne procède pas à des acquisitions de grands producteurs d'énergies renouvelables en raison de leurs valorisations excessives, a une nouvelle fois déclaré son PDG, en citant comme exemples Engie ou Orsted.
  • Vivendi, Fininvest et Mediaset amendent leur accord de 2021 mais vont aller de l'avant.
  • Accor émet 700 M€ d'obligations 7 ans à 2,375% avec des objectifs de développement durable.
  • CNP Assurances a publié un bénéfice net de 1 Md€ sur neuf mois, en hausse de 10%.
  • Nexity lance un programme de rachat d'actions de 20 M€.
  • Gaztransport & Technigaz retenu par Hyundai Samho Heavy Industries pour concevoir les réservoirs cryogéniques de deux nouveaux porte-conteneurs propulsés au GNL.
  • GreenYellow (Casino) s'associe à Schneider Electric pour accélérer la décarbonation de l'industrie.
  • Kaufman & Broad signale que la CAA de Paris a rejeté la requête en annulation du permis de construire du projet de réaménagement du quartier de la gare d'Austerlitz, avec un pourvoi en cassation possible.
  • Transition Evergreen et Evergaz se renforcent dans le biogaz en Allemagne à travers l’acquisition du groupe C4.
  • L'option de surallocation entièrement exercée dans l'opération Waga.
  • Paulic réalise une augmentation de capital réservée de 1,1 M€.
  • Madvertise négocie une entrée dans Vectaury.
  • Focus Home Interactive lance une augmentation de capital réservée à ses salariés.
  • AB Science reçoit l'autorisation de la FDA de reprendre le recrutement des patients dans l'étude confirmatoire de phase III du masitinib chez les patients atteints de SLA.
  • Genfit fait part d'une étude qui démontre la performance de la technologie NIS4 pour identifier les patients atteints d'une NASH "à risque".
  • Artmarket nourrit de gros espoirs sur les NFT et le Métavers.
  • ADUX, Vitura, Amplitude Surgical et Plastiques du Val-de-Loire ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Résultats des sociétés

  • Alibaba : le titre chute lourdement depuis hier, après des résultats inférieurs aux attentes.
  • Applied Materials : le titre perd 5% post-séance après des résultats décevants.

Annonces importantes (et autres)

Lectures