MAIDUGURI, Nigeria, 15 décembre (Reuters) - L'armée nigériane a autorisé vendredi soir la reprise des activités du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) dans le nord-est du Nigeria, quelques heures après les avoir interdites en accusant le personnel de l'Unicef de collaborer avec les combattants islamistes qui sévissent dans la région.

Le nord-est du Nigeria est touché par les violences liées aux opérations du groupe djihadiste Boko Haram, qui, depuis le déclenchement de son insurrection en 2009, a fait plus de 30.000 morts et déplacé des millions de personnes. La région dépend grandement de l'aide humanitaire internationale.

Une réunion d'urgence a été organisée vendredi soir entre des représentants de l'Unicef et l'armée nigériane, a dit cette dernière dans un communiqué.

Après de "longues délibérations sur la nécessité d'établir les modalités d'un travail en harmonie avec les forces de sécurité", le commandement militaire de la région a levé l'interdiction de trois mois ciblant les activités de l'Unicef, est-il écrit.

Dans un précédent communiqué publié quelques heures plus tôt vendredi, l'armée nigériane a déclaré que l'Unicef formait des personnes dans le but de nuire à sa lutte contre l'insurrection islamiste, et ce en révélant de prétendues accusations de violations des droits de l'homme contre ses troupes.

Le personnel de l'Unicef "forme et déploie des espions qui soutiennent les insurgés et leurs sympathisants", avait dit l'armée nigériane.

En avril, trois employés de l'Unicef ont été déclarés persona non grata par l'armée nigériane, en lien avec la fuite d'informations concernant des accusations de viols sur mineurs commis par des soldats dans le nord-est du Nigeria, ont dit à Reuters des personnes informées de la question.

L'armée nigériane est revenue sur sa décision quelques jours plus tard sous la pression de diplomates, ont ajouté ces sources.

Dans un rapport publié en mai dernier, Amnesty International a accusé l'armée nigériane de s'être livrée à de nombreuses exactions dans le cadre de sa lutte contre Boko Haram. (Ola Lanre et Kolawole Adewale; Jean Terzian pour le service français)