Oslo (awp/afp) - Malgré la pandémie de Covid-19 qui a chamboulé la planète, le fonds souverain de la Norvège, le plus gros au monde, a affiché en 2021 l'une des meilleures performances de son histoire, dopé par l'abondance de liquidités.

L'énorme fonds alimenté par les revenus pétroliers de la Norvège, plus gros producteur d'hydrocarbures d'Europe de l'Ouest, a gagné 1580 milliards de couronnes (environ 164 milliards de francs suisses) l'an dernier, soit un rendement de 14,5%, a annoncé jeudi la Banque de Norvège chargée de sa gestion.

Sa valeur totale fin décembre a atteint la somme colossale de 12'340 milliards de couronnes, soit près de 2,3 millions de couronnes (230'000 euros) pour chacun des 5,4 millions de Norvégiens.

En présentant ces chiffres, le gouverneur de la Banque centrale, Øystein Olsen, a --humblement-- évoqué "une année assez bénéfique".

Il s'agit en fait du quatrième meilleur rendement annuel, en pourcentage, de l'histoire du fonds, qui a vu le jour dans les années 1990, et du deuxième meilleur en valeur absolue.

La pandémie de Covid-19 a été "mauvaise pour la société" mais, d'un point de vue purement arithmétique, "positive pour les marchés financiers" et donc pour le fonds, a noté son chef, Nicolai Tangen.

Après la récession mondiale provoquée par le coronavirus en 2020, gouvernements et Banques centrales ont maintenu leurs stimuli budgétaires et monétaires pour relancer l'économie, contribuant à injecter d'abondantes liquidités sur les marchés financiers.

En 2020, le fonds, destiné à financer les futures dépenses du généreux Etat-providence norvégien, avait déjà engrangé des gains de 1070 milliards de couronnes.

Les actions en vedette

L'an dernier, ce sont une nouvelle fois les actions qui ont dopé ses performances: représentant 72% du portefeuille total fin décembre, elles ont gagné 20,8%, tirées en particulier par les Etats-Unis et les secteurs de l'énergie, la finance et les technologies.

A eux seuls, Microsoft, Alphabet (maison-mère de Google) et Apple ont apporté au fonds, présent au capital de plus de 9000 entreprises, un gain cumulé supérieur à 200 milliards de couronnes.

Représentant 25,4% des actifs, les placements obligataires ont en revanche essuyé un rendement négatif de 1,9%. Les investissements immobiliers (2,5% du portefeuille) ont gagné 13,6% et les projets d'énergies renouvelables non cotés en Bourse, la quatrième classe d'actifs --encore marginale--, 4,2%.

Comme à son accoutumée, la Banque centrale norvégienne a répété que de tels résultats ne pouvaient être escomptés à l'avenir.

"Ce dont on est absolument certain, c'est que la progression fantastique qu'on a vue ces 25 dernières années ne pourra tout simplement pas continuer jusqu'aux cieux car les taux d'intérêt sont à un niveau historiquement bas et les actions à un niveau historiquement haut", a souligné M. Tangen.

"A l'avenir, il faut s'attendre à une météo agitée", a-t-il ajouté.

Globalement, les marchés boursiers ont sensiblement reculé depuis le début de l'année face aux poussées inflationnistes --qui contribuent à une remontée des taux d'intérêt-- et aux tensions géopolitiques, les deux principales menaces actuelles aux yeux de M. Tangen.

Interrogé sur la crise en Ukraine, où les Occidentaux redoutent une offensive militaire russe, le chef du fonds a indiqué que la situation n'avait pas eu d'impact sur la stratégie d'investissements.

"Nous sommes un investisseur de long terme, nous avons des investissements en Russie", a-t-il dit. "Nous ne bougeons pas là-bas".

Invoquant les nuages comme le variant Omicron, l'inflation et le relèvement des taux d'intérêt, le Fonds monétaire international (FMI) a revu cette semaine à la baisse ses prévisions de croissance mondiale en 2022, disant désormais tabler sur 4,4% contre 4,9% en octobre.

afp/ck