Les principales Bourses européennes ont fini en baisse jeudi dans le sillage de Wall Street face aux nouveaux chiffres préoccupants sur l'évolution de l'épidémie de coronavirus aux Etats-Unis, qui ont pris le pas sur la progression ininterrompue des marchés chinois, un indicateur économique rassurant et des résultats de sociétés encourageants.

À Paris, le CAC 40 affiche en clôture un recul de 1,21% (60,12 points) à 4.921,01, sa plus mauvaise clôture depuis le 26 juin, alors qu'il gagnait 0,68% quelques minutes après l'ouverture.

A Francfort, le Dax a limité son repli à 0,04% tandis qu'à Londres, le FTSE 100 a perdu 1,68%.

L'indice EuroStoxx 50 a cédé 0,76%, le FTSEurofirst 300 0,78% et le Stoxx 600 0,77%.

Au moment de la clôture en Europe, Wall Street évoluait elle aussi dans le rouge: le Dow Jones perdait 1,8%, le Standard & Poor's 500 1,38% et le Nasdaq Composite 0,8%.

Les Etats-Unis ont enregistré mercredi un nouveau record quotidien de cas d'infections par le coronavirus à plus de 60.000 et plus de 900 décès ; jeudi, le seul Etat de Floride a annoncé près de 9.000 nouveaux cas et 120 morts.

Ces derniers chiffres ont favorisé un net repli des cours du pétrole qui pèse sur les indices boursiers américains, l'indice S&P de l'énergie cédant 4%.

"Les cas de COVID-19 continuent d'augmenter aux Etats-Unis et les traders se demandent quant on arrivera au bout de tout cela, quand la tendance s'inversera", commente Louise Dickson, analyste spécialisée dans les marchés pétroliers chez Rystad Energy.

Les risques de voir une résurgence de la pandémie de coronavirus freiner la reprise encore fragile de l'économie l'emportent ainsi sur l'élan donné aux marchés mondiaux par l'envolée continue des actions chinoises: l'indice CSI 300 des principales capitalisations de Chine continentale affiche désormais huit séances consécutives de hausse et un gain de près de 18% depuis le 29 juin.

LES INDICATEURS DU JOUR

Les nouvelles demandes d'indemnisation chômage aux Etats-Unis ont diminué un peu plus qu'attendu la semaine dernière, à 1,314 million contre 1,413 million la semaine précédente alors que le consensus Reuters en attendait 1,375 million.

En Europe, les chiffres de la balance commerciale allemande en mai montrent au contraire un rebond moins marqué qu'anticipé des exportations, de 9% alors que les économistes tablaient sur une hausse de 13,8%.

VALEURS

La plus forte baisse sectorielle du jour en Europe est pour le compartiment du pétrole et du gaz, dont l'indice Stoxx a perdu 2,68%, alors qu'à l'opposé, celui des hautes technologies progressait de 0,88%.

Ce dernier a profité du bond de 4,58% du géant allemand des logiciels d'entreprise SAP, qui a confirmé ses prévisions annuelles dans la foulée d'un deuxième trimestre meilleur qu'attendu.

Dans le sillage de SAP, le français Capgemini a pris 2,36%, la meilleure performance du CAC 40.

A la baisse, Rolls-Royce a chuté de 10,95%, la consommation de trésorerie du motoriste aéronautique inquiétant les analystes.

Airbus a abandonné pour sa part 3,28% au lendemain de la publication de ses chiffres de livraisons du premier semestre, au plus bas depuis 16 ans.

CHANGES

Le changement d'humeur des investisseurs au profit de l'aversion au risque se traduit par une brusque remontée du dollar: l'indice qui mesure ses fluctuations face à un panier de devises de référence gagne 0,27% alors qu'il oscillait depuis le début de la journée autour de son niveau de clôture de mercredi.

L'euro retombe ainsi sous 1,13 dollar contre un plus haut d'un mois à 1,1371 en début de journée.

TAUX

Le regain d'aversion au risque favorise aussi le repli sur les emprunts d'Etat avec pour conséquence une rechute des rendements: celui des Treasuries à dix ans recule de plus de trois points de base à 0,6201% et celui du Bund allemand de même maturité a fini la journée à -0,464%, en baisse de plus de deux points.

PÉTROLE

Hésitant en début de journée, le marché pétrolier a nettement creusé ses pertes depuis l'ouverture des marchés américains en réaction aux nouveaux chiffres de l'épidémie de coronavirus, qui font craindre un retour à des mesures de confinement et donc une rechute de la demande.

Le Brent cède 1,78% à 42,52 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 2,79% à 39,76 dollars.

(Marc Angrand)